L’événement est assez insolite, et certains se sont même posé la question : qu’est-ce qui pouvait ressortir d’une telle rencontre ? Ils sont tous venus, pour témoigner de ce qu’ils sont, de leurs croyances, de ce qui les motive dans leurs actions et leurs créations. Ils sont venus parce que chacun d’eux avait quelque chose à faire partager. Dans leur vie personnelle ou professionnelle, nombreux sont ceux qui reconnaissent avoir été poussé par une force intérieure ou extérieure dans les moments de doute, de découragement ou d’épuisement à se propulser en avant.
Il a y en qui disent avoir appelé l’aide de Dieu et estiment avoir été entendus. Pour eux, leur réussite est la grâce divine attirée par leurs prières. Pour d’autres, c’est une sorte d’intuition, une flamme indescriptible qui vous éclaire la voie, vous conseille, vous guide dans le choix de votre destin. C’est l’ange gardien comme dira Muntaz Ingar, traduisant des versets coraniques : "Chaque être a été créé avec son ange gardien". Ce dernier est intimement lié à la personne, comme le précise une seconde citation : "Je suis plus proche de vous que votre artère carotide".

Converger vers des valeurs communes

On aurait pu se dire un moment que c’était une réunion des membres du dialogue inter-religieux de La Réunion, mais la présence de Jean-Louis Prianon, Nathalie Natiembé, Marc Boyer ou Catherine Gaud, pour ne citer que ceux-là, montre que cela dépassait et de très loin le cercle religieux.
Chacun a offert sa part de cotisation qui était pour les uns l’expérience personnelle, un épisode de sa vie, pour les autres une anecdote, une histoire vécue. Il s’est dégagé de ces échanges que l’essence de l’Homme est dans la croyance. Croyance en Jésus, Mahomet ou Krishna, croyance en l’Homme, à sa survie dans la paix et l’entraide, au bienfait de la nature, et à sa préservation. À moins que tout cela ne se rejoigne, comme l’a si bien exposé dans son langage recherché et poétique Monseigneur Gilbert Aubry. Il n’y a aucun doute, une telle convergence d’idées, d’expériences et de croyances, au sens le plus large et le plus noble, ne pouvait avoir lieu que dans ce petit "laboratoire du monde" que constitue La Réunion. Loin d’une “masturbation intellectuelle” comme on aurait pu le penser, c’était bien plus qu’une communication, une communion entre des personnes qui représentent chacune une confession, une profession, une idéologie, un idéal qui se recoupent tous sur un meilleur devenir du Réunionnais et de l’Homme en général.
Ce qui importe à chacun ce n’est pas de regarder dans la même direction, mais que les diverses voies convergent vers des valeurs communes. C’est ce qu’a dit en substance Mgr Aubry : "celui qui ne croit pas comme moi est mon frère", avant d’ajouter qu’il ne cherche pas à donner des leçons, mais plutôt à assumer l’Histoire, à affronter ensemble la vague de l’océan.

"Rendez-vous du donner et du recevoir"

L’initiative de Raymond Lauret, conseiller régional, de susciter un débat autour d’un thème qui paraissait de prime à bord comme incongru, s’est finalement révélée comme une réussite pour une première du genre.
Pour lui, il s’agissait au départ de soutenir les journées sportives organisées depuis 3 ans par le curé de la paroisse du Port. Car pour ce militant du sport de masse, une telle initiative est de nature à faire des jeunes Portois des acteurs de la paix sociale dans la cité. Par ailleurs, le thème en lui-même visait à permettre aux sportifs de mieux exprimer leur foi. Il n’est pas le seul à avoir gagné, car de ce "rendez-vous du donner et du recevoir", chacun s’est plus ou moins enrichi, revigoré, et plus confiant en ce qu’il fait au quotidien. Ils ont été unanimes pour s’accorder avec l’archevêque de La Réunion lorsqu’il a dit "qu’il manque des rencontres de prise de conscience, et de temps d’écoute". Qu’elle soit divine ou pas, chacun a reconnu qu’il existe une source d’énergie, pas celle dont le prix
augmente de jour en jour, mais une énergie supérieure, qui est propre, pure, noble, renouvelable à souhait.
Au-delà du contenu des échanges, le fait que ces femmes et ces hommes de condition, de confession, de profession différentes se soient réunis, glorifie cet esprit de dialogue permanent qui caractérise notre île.

M. Aliloifa