Baraques à frites et bidonvilles !

5 août 2006

Ordonnance de la marine dite “Ordonnance de Colbert” du mois d’août 1681, Livre cinquième, Titre III - Des parcs et pêcheries, Article 8 :
’Faisons défense à toutes personnes, de quelque qualité et conditions qu’elles puissent être, de bâtir ci-après sur les grèves de la mer, aucun parc, dans la construction desquels il entre bois ou pierre, à peine de trois cents livres d’amende (somme très considérable à l’époque !) et de démolition des parcs à leurs frais’.

Après avoir mis en exergue les manquements à la loi littorale en ce qui concerne l’accès du public aux plages, il est bon de regarder du côté de l’occupation du DPM (Domaine Maritime Public). La loi littorale ainsi que le Code de l’environnement admettent quelques concessions pour ce qui est de l’occupation. Il semblerait que l’État dans notre département ne soit pas trop regardant en ce qui concerne nos plages et nos côtes. Dernièrement, on a assisté à un bras de fer entre le Maire de Saint-Paul et les restaurateurs qui se trouvent être sur le DPM. 
On a vu la Préfecture se jeter au secours des commerçants, et chacun sait comment cela s’est terminé ! Peut-on en vouloir au Maire de cette commune de l’Ouest d’avoir bravé la tempête pour faire respecter un peu plus la loi littorale ? Certes non, quoi que...! On verra plus tard si ce Maire "va-t-en guerre" est aussi prompt à faire respecter la dite loi lorsqu’il s’agit des rejets dans le lagon. Mais quoiqu’il en soit, la charge fut rude et noble pour un maigre résultat ! Les restaurants de plage polluent toujours sans vergogne notre vue tout comme notre odorat, les murs de soutènements de leurs gargotes continuent toujours à participer à l’érosion des plages et sans que cela n’émeuve le moins du monde les associations de défense de l’environnement.

Il faut que je vous explique que le mouvement des marées et des vagues dépose sur le littoral le sable sur lequel nous rôtissons à longueur de week-end. En quoi les murs de soutènements (pas seulement des restaurants) participent-ils à l’érosion ? C’est que ces constructions barrent la route à la vague, et celle-ci, au lieu de déposer ses sédiments gentiment, en douceur, bien au contraire, en se fracassant, elle opère comme un mouvement râteau et renvoie le sable vers la mer. Les constructions sur le DPM contribuent également à l’étiolement des plantations qui servent de retenue du sable. La nature est ainsi faite qu’elle se suffit à elle-même, mais par leurs inconséquences, les hommes scient la branche sur laquelle ils sont assis.

Ainsi, en acceptant toutes ces constructions trop proches de notre littoral, nous participons à la destruction de l’objet de nos déplacements dans l’Ouest de notre île. D’aucuns diront que c’est cornélien. Pensez ! Tout ce monde qui se déplace pour profiter d’une plage qui s’étiole à cause de constructions qui permettent de profiter de ce qui est pourtant un loisir ! C’est pourquoi le législateur a prévu, dans sa grande sagesse, bon nombre de dérogations, et l’initiative du Maire de Saint-Paul, avec l’installation de Rondavelles, en est l’exemple. Mais il n’empêche que cela ne suffit pas, il est maintenant urgent de rendre à la mer son espace, car s’il est possible de concevoir des espaces restaurations sur nos plages, il est loin d’être acceptable de supporter toutes ces baraques à frites qui, au cours des années, se sont édifiées sous forme de véritable bidonvilles.

Stop ! DPM occupé !!

Arrivé à ce point de notre réflexion, il est possible d’envisager la place du public et des associations dans cette occupation, certes autorisée, (mais ô combien dangereuse !), du Domaine Public Maritime. Nous, public, qu’y pouvons-nous ? Loin de moi l’idée de vous lancer dans une guerre de tranchée, mais rien ne nous interdit de protester contre cette pollution visuelle et surtout contre les risques liés à ces constructions. Certains de ces établissements n’hésitent pas à barrer la plage, incitant le quidam à faire de longs détours pour poursuivre sa promenade. S’il est tolérable, je dis bien "tolérable" que des espaces de restauration soient installés sur nos plages, doivent-ils ressembler à de véritables forteresses où le passant n’a pas accès ? Cela, la loi l’interdit, tout comme la fermeture des chemins piétons.

N’est-il pas possible de profiter des joies du littoral sans pour cela être attablé au-dessus du sable ? Je pense que oui, il est peut-être temps de revoir l’occupation du DPM dans notre département et ceci bien avant qu’il n’y ait plus de coraux, ni de sable sur notre littoral. Il sera indispensable non seulement de revoir l’implantation des commerces, mais aussi celles des habitations, car c’est là où le bât blesse dans la campagne de M. le Maire de Saint-Paul qui s’est attaqué uniquement aux restaurants.

Ces établissements ne sont pas la seule cause de destruction de notre littoral. Bien des maisons, bien des murs doivent tomber. En amont, il faudrait revoir la politique environnementale de cette commune, car si la municipalité n’hésite pas à médiatiser certaines opérations, par contre on ne voit pas beaucoup de projets en matière de traitement des eaux usées, ni de rejet dans les ravines, et par conséquent, dans le lagon. Qu’en est-il des plages de l’Hermitage qui, le plus souvent, voient ses baigneurs nager en eaux troubles ?

Comment ne pas être choqué par ces hôtels qui nous privent du droit à la mer ? Alors il ne suffit pas, même si cela est louable, de contester sporadiquement l’occupation du DPM, c’est toute une politique de réappropriation du Domaine Public Martine qu’il faut mettre en œuvre, car si la plus grande partie de l’espace balnéaire de notre île se trouve sur la commune de Saint-Paul, ce site est le bien commun de tous les Réunionnais.

Ne peut-on imaginer, alors que la crise du tourisme nous frappe, un développement harmonieux de notre littoral pour que chacune et chacun des citoyens qui habite notre île puisse profiter et participer à un tourisme tourné vers les Réunionnais. De cela nous en parlerons dans la troisième partie de cette série consacrée aux richesses de nos côtes et aux perversions que cela entraîne.

Philippe Tesseron
http://www.espaceblog.fr/teletesseron/


Si i di a zot

France Télécom est désormais libre de fixer ses prix
“Le Monde” - C’est une étape importante que vient de franchir la régulation des télécommunications en France. Mardi 25 juillet, l’Arcep - l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes - a annoncé que dès l’automne, elle lèvera le contrôle des prix de détail des communications fixes appliqués par France Télécom au grand public.
L’opérateur historique sera donc libre de fixer ses tarifs à la fois pour les communications nationales et internationales. Depuis 1998, date de l’ouverture à la concurrence du marché, il devait soumettre ses offres au régulateur et attendre son feu vert avant de pouvoir les mettre sur le marché. Ce contrôle des tarifs et des offres a permis de favoriser la concurrence sur le marché du téléphone fixe.


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