
C’était un 30 juin
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Billet d’humeur
13 décembre 2007
Dimanche matin, 9 heures 50, retour de l’ile Maurice à l’aéroport de Gillot : atterrissage en terre française plutôt brutale. L’avion s’est lui parfaitement posé ; c’est l’accueil réservé par la police aux frontières à certains de nos visiteurs qui questionne sur le virage sécuritaire opéré par la France. Où est-elle cette France hospitalière si souvent vantée ? Où sont donc ses bonnes manières ?
Avant d’accéder à ses bagages, le voyageur, d’où qu’il vienne, doit se soumettre au contrôle d’identité. Jusque là rien d’anormal, obligation formelle nécessaire. Ce jour-là, assis derrière son comptoir vitré, un contrôleur de police s’est montré parfaitement impoli et irrévérencieux à l’égard de deux femmes mauriciennes. L’uniforme conférerait-il aux agents de police des pouvoirs absolus qui leur autoriseraient à mépriser les règles élémentaires de la courtoisie et du respect ?
Abus de pouvoir
La plus jeune s’est vu refoulée sur le côté, en attente, car elle avait eu le malheur de raturer un papier. Cette mise à l’écart expéditive n’aura échappé à personne, sachant que le fonctionnaire a usé d’un ton ferme et directif, sans demi-mesure ni tamis de voix. La jeune femme s’est exécutée, tête basse, à l’évidence et c’est bien compréhensible gênée d’un tel traitement. Derrière elle, sa grand-mère, n’a pas été considérée avec plus d’égard, loin s’en faut. Prenant connaissance de ses papiers, le policier lui jette un regard glacial et lui demande texto : « Qu’est-ce que vous faites là ? » La vieille dame lui répond à voix basse, trop doucement à l’évidence. Il n’en faut pas plus pour que l’agent lui assène un « Hein ? » moribond, disgracieux, impoli à souhait, à l’image de sa personne. « Combien avez-vous d’argent ? », poursuit-il dans son interrogatoire verbalement musclé. La vieille dame répond encore faiblement et le policier demande à voir la monnaie. « Vous croyez peut-être que vous allez pouvoir vivre avec ça ici ? » La dame baisse la tête comme une enfant qui se fait gronder et lui, dans sa posture paternaliste et autoritaire ne réalise même pas que tous les yeux sont braqués sur lui. Quand bien même, imbu de pouvoir, il semble s’en ficher. Soufflés. Nous sommes, mes confrères de la presse écrite, télévisée locales et moi-même qui revenons du Festival International Kreol de Maurice, étourdis par la scène. Il est connu que nos frères mauriciens ont les plus grandes difficultés pour pouvoir entrer sur notre territoire. Connu et inadmissible que de telles barrières leur soient imposées. Mais que dire encore de l’attitude abjecte de cet officier à l’égard de ces deux femmes, dont une pourrait être sa grand-mère ? Un cas isolé ? Je ne crois pas.
Quel co-développement durable ?
Nous Français, avec nos passeports en règle, avons été hélés par une de ses collègues qui nous a fait passer le contrôle en express, peut-être pour ne pas être plus longtemps témoin de la scène et laisser la police perpétrer son travail. Car un bruit de fond de contestation commençait à se faire entendre. Quand la jeune femme en bleue m’a demandé toujours avec ce ton froid qui caractérise la profession (allez savoir pourquoi ?) : « française ? » J’ai hésité avant de répondre par l’affirmative tant je ne me reconnais en rien dans cette France-là. Qui étaient les autres ce jour-là dans la file d’attente ? Des touristes ? Des voyageurs de retour de Maurice en halte à La Réunion ? Quelle image de l’accueil réunionnais auront-ils eu ? Le faux, c’est sûr. Rien à voir avec la chaleur de celui des Réunionnais. Déjà lorsque l’on arrive au contrôle, l’on est confronté à des consignes immanquables s’agissant du chikungunya puis de l’épidémie de choléra à Mayotte. L’information sanitaire est une chose mais la communication à outrance, catastrophiste, véritable rebutoir à visiteurs, en est une autre. Quel coup de main pour le tourisme local ! Alors que dans la zone, les politiques, quelles que soient leurs obédiences, font force pour prôner le co-développement, le resserrement des liens avec nos voisins géographique et historique, la France, par le biais de ses fonctionnaires, se pose en frein à cette ambition légitime et naturelle.
Refuser cette France-là
De retour de Maurice ou l’accueil et la qualité du service font la renommée de la destination, cette scène offre l’image d’une Réunion qui se situe à l’opposée de sa soeur. Oui La Réunion est française mais pas de cette France là, sécuritaire à l’excès, racialement sélective, politiquement méprisante à l’égard de l’étranger. Ce sont nos voisines que l’on a méprisées de la sorte. Qu’ont-elles eu encore à subir après notre départ ? Il y a deux ans de cela, des membres honorables du Comesa, en visite professionnelle à La Réunion, ont eu à subir le même traitement. Trop classes et foncés de peau pour être sincères, crédibles et respectés. La France est un bateau à la dérive qui nous entraîne avec elle dans les méandres de son individualisme, de son protectionnisme et de sa stupidité. Il serait grand temps qu’elle se nourrisse de l’interculturalité qui fait la force et la sagesse de ses anciennes colonies. Eric Triton, l’incontournable bluesman mauricien a rompu son contrat avec Universal car il ne supportait plus d’être arrêté et contrôlé dans Paris, plaqué sur les murs de la capitale devant les yeux de ses enfants comme le pire des brigands, juste parce qu’il est un peu trop noir et donc suspect. Les valeurs de la France sont en plein pourrissement. C’est à nous, comme nos aieux l’ont fait, de nous battre pour leur survie. Alors un billet d’humeur ne changera pas la face du monde, ne teintera pas la peau de Marianne pour offrir l’image d’une France métissée dans les faits mais pas dans les esprits. Il est là, les mots sont là, au moins, pour dénoncer et refuser cette France-là.
Stéphanie Longeras
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