Colloque sur les “Croyances et guérisons” à l’Université

Comment réussissons-nous à vaincre un malheur ?

5 juillet 2004

’Comment la croyance s’articule-t-elle avec les connaissances dans l’acte de soigner ? Aujourd’hui quelles lectures faisons-nous de l’acte de croire dans la guérison ? Quel parcours possible pour l’individu dans un contexte de mondialisation ? Est-il possible de guérir sans croire ?’ Des questions au centre du colloque “Croyances et guérisons” organisé samedi par l’ADFOI et le CIRCI.

L’Association pour le développement de la formation dans l’océan Indien (ADFOI) et le laboratoire du Centre interdisciplinaire de recherche sur la construction identitaire (CIRCI) à la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines ont organisé samedi, à l’Université, leur troisième colloque commun. L’association a pour but de promouvoir le développement des formations dans le champ transculturel notamment dans ses perspectives psychothérapeutiques et anthropologiques.
Les actes du premier colloque “Institutions et cultures” ont été publiés. Après le second colloque “L’avis des morts”, le dernier thème “Croyances et guérisons” s’inscrit dans une suite logique. Le président de l’association Jacques Brandis, docteur en psychologie, indique que "la notion de créolité intervient dans ces rencontres. Ici nous sommes dans un pays multiculturel, des gens venus de différents endroits habitent et vivent ensemble. Ils sont constitués de différentes cultures en eux-mêmes".

Partager la vision du monde

Jacques Brandis nous précise l’objet du colloque : "La façon dont on perçoit le monde détermine la manière de le vivre, de le maîtriser. Quand le malheur frappe, c’est l’idée du monde qui va aider à dépasser les difficultés, que ce soit par le biais d’un psychologue, d’un guérisseur ou d’une messe des malades. Nous avons besoin de ces recours, d’une personne qui nous comprenne et qui donc peut nous aider, qu’il s’agisse de soigner ses démons, ses bébèt ou son inconscient. Ce colloque appelle à réfléchir sur les implications de l’interculturalité et de la transculturalité. Il nous invite à aller à la rencontre de l’autre pour créer un espace d’échange. La Réunion est un des rares espaces dans le monde où l’on peut vivre sans se tuer, mais ce n’est pas acquis. Nous devons continuer à créer la rencontre, dans une démarche de respect, pour un enrichissement mutuel".
L’argumentaire du colloque développe plusieurs questions : "Parce que "l’homme n’est pas un être de savoir mais de croyance" (Castroriadis), nous sommes amenés à réfléchir sur la fonction de cette croyance qui puise dans l’univers culturel. Quelle est sa fonction ? Elle nomme le désordre et la souffrance, elle enveloppe l’individu et lui permet des recours à des stratégies de soins. En tentant d’ébranler sa croyance pour rationaliser ses actes et leur donner du sens, ne prend-on pas le risque de le faire basculer dans "un monde de désordre" ? Comment la croyance s’articule-t-elle avec les connaissances dans l’acte de soigner ? Chaque société a tenté d’y répondre à travers l’émergence, la conception de ses dispositifs thérapeutiques. Aujourd’hui quelles lectures faisons-nous de l’acte de croire dans la guérison ? Quel parcours possible pour l’individu dans un contexte de mondialisation ? Est-il possible de guérir sans croire ?"
Chacune des interventions qui se sont succédé tout au long de la journée apportait un éclairage sur les croyances et réalités, la croyance en la guérison ou guérison de la croyance, sur la messe des malades et exorcismes : entre religion et croyance. Ainsi que d’autres sujets pour permettre aux professionnels de mieux appréhender les réalités de l’interculturalité.

Eiffel


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