Conférence d’Yves Paccalet à la Région

Comment sauver l’humanité menacée de disparition ?

29 juin 2007

Yves Paccalet est biologiste et philosophe. Il est l’auteur de “L’Humanité disparaîtra, bon débarras !” paru en 2006 et de “Sortie de Secours” publié cette année. Invité par la Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise (MCUR), il donnait une conférence mardi soir sur l’espèce humaine face à la menace de sa disparition. Pour le philosophe, l’humanité est dans une phase avancée de suicide. Il est grand temps de réagir.

Yves Paccalet.
(Photo Booba)

L’espèce humaine va-t-elle passer le cap du 21ème siècle ? La question n’a rien de provocatrice, ou d’alarmiste, elle est tout simplement réaliste. Le philosophe Yves Paccalet ose la poser sans détour. Car, au fond, cette question, elle est déjà là, associée à tous les problèmes auxquels l’humanité doit faire face : le réchauffement climatique, l’épuisement des ressources, le déséquilibre Nord-Sud...
Sa réflexion, Yves Paccalet l’a nourrie de ses 15 années à bord de la Calypso, aux côtés du commandant Cousteau. « J’ai regardé les oiseaux, les baleines mais aussi les peuples, la planète, notre humanité », racontait-il mardi soir lors de la conférence à l’Hôtel de Région.
Pour l’auteur de “L’Humanité disparaîtra, bon débarras !”, nul doute que ce 20ème siècle est le plus dangereux depuis que l’espèce humaine existe. « Aujourd’hui, nous passons aux actes, nous assistons à un suicide d’espèce, nous sommes en train de nous faire disparaître », a-t-il affirmé.
Alors, comment inverser la tendance ? Yves Paccalet propose des « utopies réalisables » qui font appel à la responsabilité de tous, du simple citoyen aux organisations mondiales. Mais encore faut-il à chaque niveau de responsabilité passer outre la mauvaise foi.

La Révolution industrielle accroît la domination

Au cours de son évolution, l’Homme a réussi à dominer le monde au point de devenir cette espèce « orgueilleuse et agressive ». Mais cette domination humaine de la planète va-t-elle perdurer ? L’idée que l’humanité serait le but ultime de l’évolution des espèces, « la perfection même du destin des molécules », est communément admise. Yves Paccalet reconnaît que l’espèce humaine a connu une évolution remarquable, mais il s’interroge sur sa fragilité. La vie est apparue sur Terre il y a 4 milliards d’années. A cette échelle, l’existence de l’espèce humaine ne date que d’hier. L’apparition même de l’Homme ne résulte que d’une combinaison aléatoire de circonstances.
A la fin de la dernière glaciation, début du Néolithique, l’Homme invente l’agriculture et l’élevage. Il n’est plus cet homme de Cro-Magnon, chasseur-cueilleur qui vit au jour le jour. À partir de ce moment, « l’Homme domine vite la nature. Il crée la ville, l’administration, l’artillerie. De 10 millions d’êtres humains à la fin du Paléolithique, on passe à 100 millions à la fin du Néolithique », souligne Yves Paccalet. La population mondiale atteint le milliard sous Napoléon. La Révolution industrielle donne un nouveau pouvoir aux humains : la domination des énergies fossiles et du gaz naturel. L’espèce humaine prolifère grâce à cette conquête totale du monde. Il n’existe plus un seul endroit sur Terre où l’empreinte humaine ne soit pas marquée. « De 1945 à 2025, la population mondiale aura plus que doublé, nous serons passés de moins de 4 milliards à 8 milliards », rappelle le philosophe.
Pourtant, avant l’Homme, des espèces ont proliféré sur Terre et ont disparu. « Une première catastrophe mondiale, un chaos climatique, a fait disparaître 80% des espèces. Puis, à la fin de l’ère secondaire, une nouvelle fois, 80% des espèces ont disparu de la Terre percutée par une météorite », souligne Yves Paccalet.

Un mélange d’animalité et d’humanité qui pousse à la destruction

La nouveauté, c’est qu’une espèce soit capable de se détruire elle-même. Yves Paccalet attribue cette capacité à un mélange d’animalité et d’humanité. Chez l’Homme, les pulsions de reproduction, de territoire et de domination sont exacerbées grâce aux deux facultés que sont l’intelligence et la conscience. « Notre capacité à construire un discours sur le monde, notre conscience d’appartenir au monde, d’avoir une histoire individuelle et collective, ainsi que notre capacité d’empathie nous conduisent sans cesse à construire des plans d’accumulation », explique le philosophe.
L’accumulation la plus symbolique est d’ailleurs l’argent. Cette volonté de se protéger de l’autre et en même temps d’avoir toujours plus de ressources, de richesses, d’espaces conduit à des aberrations. « De là vient la capacité à se faire la guerre, que ce soit les épurations ethniques, les guerres hitlériennes, on y va franchement, gaiement, sous prétexte de bonnes raisons. Nous dégradons aussi la biosphère, les îles, les mers en inventant des substances à nos besoins humains, des substances toxiques ». Si l’humanité ne réagit pas au plus vite, pour Yves Paccalet, on s’oriente vers la troisième extinction massive de plus de 80% des espèces.

Deux scénarios de disparition de l’Homme

Yves Paccalet envisage deux scénarios de disparition de l’espèce humaine. Confrontés à la diminution des ressources, les hommes pourraient s’affronter dans des guerres fatales. Une guerre nucléaire, avec la moitié des armes disponibles, suffirait à détruire l’humanité. Sinon, l’Homme peut, par une combinaison de problèmes dont il est la cause, courir à sa perte. « Je pense au manque d’eau, au développement de virus plus virulents, comme récemment le chikungunya, l’effondrement de la biodiversité, la pollution de l’air », énumère le philosophe. Alors, pour l’humanité, comme Yves Paccalet le dit dans son livre, ce sera « bon débarras ! ». La vie comme elle a commencé avant l’Homme continuera après lui, et de nouvelles lignées apparaîtront, et pourquoi pas plus ingénieuse que l’espèce humaine.

Edith Poulbassia


Les utopies « réalisables »

« Un système de décroissance des pays riches »

Yves Paccalet avance des propositions pour éviter la perte de l’Homme. Il s’appuie sur la notion centrale de responsabilité. « Cette notion, centrale en morale, personne ne veut l’endosser. C’est toujours la faute de l’autre. Or, tous doivent être responsables », estime le philosophe.
Le pouvoir de changer les choses est d’abord individuel, grâce à de petits gestes, des conduites moins consommatrices mais aussi grâce à la responsabilité du citoyen : la carte de vote.
« Quelle est cette société qui propose un bonheur qui ne passe que par la consommation, qui génère une frustration permanente ? Il faut s’orienter vers une philosophie du peu, apprendre à dominer ses besoins, changer l’idée de bonheur », explique Yves Paccalet.
Le pouvoir économique doit adopter une utopie du partage : un système de décroissance pour les pays riches, au lieu de vouloir chaque année augmenter la croissance économique, forcément aux dépens des pays pauvres. « 850 millions de personnes n’ont pas à manger, 1,3 milliard de personnes ont soif... nous avons besoin d’une idéologie de moindre inégalité ».
Enfin, Yves Paccalet émet l’idée d’une « démocratie du monde », d’une utopie de gouvernance mondiale : un individu équivaut à une voix, les minorités sont respectées. Pour cela, il est nécessaire de renforcer les pouvoirs de l’Organisation des Nations Unies (ONU), lui donner des pouvoirs législatifs.

E. P.


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Messages

  • La terre se chargera de faire disparaitre l’homme : inondations , maladies, guerre ........... et la terre reprendra vie et les oiseaux chanteront à nouveau !

    • faut arreter j’ai lu le livre et ya ecrit que on est tous des nazis des trucs comme ca mais moi je pense que ya quand meme des gens gentils malgrs qui soit humain moi je crois en mes amis je crois en ma famille !

      Camille treize ans

    • Cher Camille,
      Tu as treize ans et j’en ai 63... je pourrais donc être ton grand père !
      TA REPONSE EST TRES SAINE ET GENEREUSE MAIS tu as du lire que "l’humanité disparaitra bon débarras" et TU N AS PAS LU je pense "sortie de secours" ou Yves Paccaalet propose des solutions pour que l’humanité s’en sorte : en deux mots DECROISSANCE DES PAYS RICHES ET PARTAGE AVEC LES PAUVRES DANS UNE DEMOCRATION MONDIALE A JUSTICE TOTALE UN HUMAIN VAUT UNE VOIX.

      Le premier livre était effectivement une provocation volontaire. OUI IL Y A DES GENS FORMIDABLES ET TU AS LA CHANCE DE VIVRE DANS UNE FAMILLE HARMONIEUSE ENTOURE D AMIS CHALEUREUX. Tu as de la chance car tu sais car tout le monde n’a pas une vie aussi belle.

      Mais c’est bien d’exprimer ta position philosophique et "politique" § cONTINUE ! PREND DANS LA VIE DES RESPNSABILITES ! TU ES L’AVENIR DE NOTRE PLANETE !

      PENSE : RESPECT - HUMILITE - COMPASSION - PARTAGE - AMOUR DES AUTRES DE TOUTES COULEURS DE TOUTES CONDITIONS
      TU ES DANS LA BONNE ROUTE

      PEPE JEAN PIERRE NANTES

    • Nous pouvons etre sauver.
      Sauver la planete.
      Arretons de penser argent.
      Certaines choses doivent être gratuite.
      Crée des machines pouvant réparer la couche d ozone.
      Créer d cité volante et flottante zvec aucun rejet.

      Stoppont les armes et allons fonder une nouvelle société.

      On a qu’une planète et on est pas fichu de la quitter pour des pb d argents.

  • moi je pense que l’homme est un malade mental, il doit se faire soigner au plus vite car il disparaitra de la planète TERRE
    l’homme est un parasite, c’est un monstre et tout le monde est dominé par tout le monde, il est là le probleme depuis qu’il domine sur la terre, soit un homme milliardaire refait le monde pour les gentils en cessant de penser qu’à ses intérêts personnelles com bon nombre de milliardaires et millionnaires ou soit c’est perdu d’avance, à mon avis si j’ai l’argent, je refait le monde mais le problème dans la reconstruction d’un nouveau monde, c’est l’homme corrompu qui sévit, car la nature de l’homme veut dominer l’autre par l’argent, il lui fait la guerre, j’ai l’impression que la nature de l’homme c’est le fait de vivre l’asservissement humain, la preuve : après le séisme à HAITI, après la destruction, l’homme cherche de nouveau à échanger quelque chose contre autrechose en faisant son marché dans les décombres, et tous ces hommes sous les ruines pensent à vivre l’argent, et personne ne pense à construire un autre monde meilleur, partager les richesses pour vivre mieux et cesser d’etre tout simplement un fou dont sa maladie mentale l’anéantira. en bref, l’homme n’a pas d’avenir s’il ne change pas et bon débarras...

  • Ca ne sert à rien une démocratie mondiale.

    Déjà dans des démocraties locales, les citoyens n’ont pas la même valeurs et les richesses très mal réparties.

    Dieu a donné à l’homme une planète très généreuse et dotée de mécanismes d’auto-réparation pour contrer notre bêtise. Malheureusement, notre bêtise est illimitée et finira donc par essouffler la planètes, même si elle contenait 10 fois plus de richesses.

    Peu de gens peuvent voir le vrai visage de l’homme, surtout quand il se compare à son semblable.

    • Un exemple : En france dans le milieu des années 70 il y a eu une grande sécheresse.
      Les autorités ont alors expliquées qu’il allait falloir économiser l’eau car elle allait manquer de plus en plus dans les années futures, ce qui se vérifie en effet aujourd’hui.
      Résultat ; les français sont devenus friands de piscines privées !


Témoignages - 80e année


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