Koudkongn de Raymond Mollard

Créoles des neiges...

5 mars 2007

J’ai effectué au Québec, du 17 au 24 février, avec trois autres élus régionaux (Wilfrid Bertile, Anick Le Toullec et Denise Delorme), un périple qui nous a permis de rencontrer sur place bon nombre des 398 jeunes Réunionnais qui, depuis 2004, suivent une formation au sein des CEGEP du pays.

Les CEGEP, ce sont les Collèges d’Enseignement Général et Professionnel, qui (contrairement à ce que la dénomination “collège” pourrait laisser supposer) correspondent à nos IUT (Instituts Universitaires de Technologie) et regroupent au niveau post-bac des étudiants répartis en deux filières :
- une filière « pré-universitaire » de deux ans, qui ouvre aux étudiants l’accès aux études universitaires longues (vers la maîtrise et le doctorat) ;
- une filière d’études techniques supérieures de trois ans, couronnée par un DEC (Diplôme d’Etudes Collégiales) qui, tout en permettant également l’accès aux universités, assure une qualification professionnelle pouvant déboucher immédiatement sur le marché du travail.

C’est dans cette deuxième filière que la quasi-totalité des étudiants de La Réunion suivent leur formation. Il existe 17 CEGEP, auxquels s’adjoignent parfois des instituts : Institut de technologie agroalimentaire au CEGEP de La Pocatière, Institut Maritime du Québec au CEGEP de Rimouski.
Les DEC se répartissent sur six grands domaines : Technologies agroalimentaires, Techniques biologiques, Techniques physiques, Techniques humaines, Techniques de l’administration, Arts et communications graphiques. Répartis sur ces six domaines, on compte au total 115 programmes d’études techniques supérieures. Quelques exemples de programmes :
- commercialisation de la mode ; techniques de santé animale (Collège de Laflèche à Trois-Rivières)
- gestion de commerce ; techniques d’intégration multimédia (CEGEP de Jonquière à Saguenay)
- soins infirmiers ; technologie minérale (CEGEP de Thetford)
- techniques d’éducation à l’enfance ; technologie de maintenance industrielle (CEGEP de Sept-Iles).

Nous avons visité tous ces établissements, rencontré les équipes éducatives, les élus municipaux et régionaux, les responsables des conseils d’administration, les chefs d’entreprises intéressés par ces formations et, bien entendu, les étudiants et étudiantes qui, venus de Saint-Denis, du Tampon, de Sainte-Marie et de bien d’autres coins de l’ïle, n’ont pas hésité, après l’Océan Indien, à traverser l’Atlantique pour suivre une formation sur les bords du Saint-Laurent. Nous avons également rencontré à Montréal, dans son Ministère, Madame Lise Thériault, Ministre de l’Immigration et des Communautés Culturelles et signé avec elle, au nom du Président du Conseil Régional, une nouvelle entente Québec/Réunion pour une période de trois ans.
Voyage à grande échelle, puisque le Québec est à lui seul plus vaste que la France, l’Espagne, le Portugal et l’Allemagne réunis. Voyage de l’extrême Ouest (région de l’Abitibi-Témiscamingue) à l’extrême Est (Régions de Sept-Iles ou de la Gaspésie). Voyage zigzaguant de la rive Nord à la rive Sud du gigantesque et majestueux estuaire du Saint-Laurent, en partie gelé.
Le dialogue avec les jeunes Réunionnais a été des plus enrichissants et bien sûr, nous y reviendrons. Ils nous ont longuement parlé de leurs réussites, de leurs espoirs, de leurs projets personnels et professionnels. Parfois bien sûr, de leurs craintes, et dans quelques rares cas de leurs regrets. Avec toujours au fond des yeux, par-delà les immensités blanches, la nostalgie des rougeoiements de la Fournaise ou des caresses de l’alizé. Et une infinie gentillesse, une qualité d’écoute et de suivi exemplaire, de la part des formateurs québécois. De tout cela aussi, il nous faudra reparler en détail, pour informer les parents, éclairer les (nombreux !) candidats au départ, répondre aux besoins exprimés là-bas, améliorer le dispositif actuel à tous les niveaux où il peut l’être.
Nous nous sommes engagés à le faire, et nous le ferons. Mais tout de suite, là, je me revois dans le petit avion qui me ramenait jeudi soir de Sept-Iles à Québec et qui survola la rivière Mingan et la Manicoutai, si chères au coeur des familiers de Gilles Vigneault. Et chantait en moi le vibrant espoir de son hymne « Mon pays » :

« Dans ce pays de poudrerie,
Où la neige au vent se marie,
Mon père a fait bâtir maison,
Et je m’en vais être fidèle,
A sa manière à son modèle,
La chambre d’amis sera telle,
Qu’on viendra des autres saisons,
Pour se bâtir à côté d’elle »
.

C’est d’une belle façon que nos créoles des neiges ont répondu à l’appel du chanteur-poète...


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