Dans l’enfer des prisons françaises

15 novembre 2006

Canal+, en métropole, a consacré hier, une journée spéciale pour dénoncer le scandale carcéral... Ici, c’est sûrement pour épargner les âmes sensibles que l’on diffuse, ce soir (voir p.15) uniquement le documentaire diffusé en prime time.

On nous a épargné ainsi dix spots d’une minute quarante-cinq, deux courts métrages, trois documentaires dont un diffusé en prime time. Canal+ (métropole) avait dédié la journée entière du 14 novembre à un thème unique décliné dans toutes ses émissions quotidiennes.

La prison, le constat n’est pas nouveau. Il revient régulièrement comme une sinistre litanie. Rien que depuis cinq ans, on compte deux commissions sénatoriales et parlementaires signataires de rapports alarmants, un avis du Conseil de l’Europe sommant la France d’entamer des réformes, un rapport du premier président de la Cour de cassation et des livres en pagaille, dont celui de Véronique Vasseur, ex-médecin-chef à la prison de la Santé, en 2000. Tous dénoncent l’indignité de la condition carcérale, une surpopulation explosive (le taux d’occupation des cellules dépasse parfois les 250%), un nombre de suicides tels que la France en détient le record européen.

En substance pour Canal+, « Il s’agit de provoquer une prise de conscience, de motiver le débat et de faire évoluer les mentalités », a expliqué Rodolphe Belmer, directeur général délégué de la chaîne. Associé à la section française de l’Observatoire International des Prisons (OIP), Canal+ entend dénoncer toutes les atteintes à la dignité de la personne humaine. Mesures de sécurité abusives, manque d’accès aux soins, maintien en détention des prisonniers malades, décès des mineurs en prison, cas psychiatriques lourds, déficit des mesures de réinsertion, inadaptation des conditions carcérales aux détenus handicapés. « Pour moi, programmer ces films progressistes et humanistes ne relève pas du militantisme mais d’un engagement civique », explique Christine Cauquelin, la directrice des documentaires. « Nous avons un droit de vigilance face aux institutions dont nous sommes les garants. Il faut s’en servir et se faire entendre. »

Espérons que le seul documentaire diffusé sur les antennes de Canal + ici à La Réunion est le même impact qu’en métropole. Question subsidiaire : pourquoi n’avons-nous pas droit aux mêmes programmes qu’en métropole ?

A. I. C.


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus