Trois points de suspension...

De l’accent créole...

23 novembre 2006

En quelques années, notre créole a perdu beaucoup de vocabulaire et gagné un accent détestable.

Par médias interposés et par mimétisme, de nombreux jeunes ont emprunté la vêture et le phrasé de lointaines banlieues d’Amériques ou de la Métropole.

On les voit se “chéquer”, les cheveux en Kippa, des lunettes mouche charbon, parlant comme le grand-frère Joë Star, érudit bien connu des émissions littéraires.

Le créole que nous avons connu, fleuri et créatif, est devenu brutal et vindicatif.
Alors, on peut s’interroger :

• Quels sont les mécanismes qui aspirent nos sociétés vers le bas ?
• Quels sont les nouveaux modèles de référence sur lesquels se calque notre jeunesse ?
• Qui créent ces phénomènes de déculturisation ?
• Ce phénomène est-il temporaire ou va-t-il s’inscrire dans le temps ?

Si les jeunes d’aujourd’hui sont notre majorité de demain, le créole réunionnais ne sera plus vecteur d’images de mixité, de tolérance et de soleil, mais de langage standard, stérile et ombrageux.

En écoutant des tout petits imiter leurs aînés et en entendant ce créole si vulgaire dans les bouches si fraîches, je me pose différemment le problème du créole à l’école ou à la maison.
Peut-être que certains parents ne veulent pas que leurs gamins parlent en créole parce qu’ils causent en voyou de banlieue.
Peut-être alors que le créole serait aussi une façon de réapprendre un art de dire plus chanté et moins violent.

En tout cas, je suis persuadé qu’il y a là un beau sujet de thèse universitaire à mener et que notre société ne doit pas faire l’impasse de cette réflexion.

Vié moun nana le mot,
Ban zèn nana la bous
Alon fé un zafèr té !

Emmanuel Lemagnen


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