Trois points de suspension d’Emmanuel Lemagnen

De la bureaucratie post mortem...

10 mai 2007

« La vie est une maladie mortelle sexuellement transmissible », disait l’humoriste. Si nous en sommes tous convaincus, nous serons aussi nombreux à être confrontés un jour à la mort d’un trop proche, conjoint, parent ou ami.
Et ce jour malheureux venu, nous serons amenés à vivre en même temps la douleur de la perte de l’être aimé et les emmerdements administratifs qu’elle suscite.
Pour le survivant, le successeur ou l’ayant droit, un long combat bureaucratique commence.
Il faudra, les larmes aux yeux, aller en mairie quérir la preuve écrite de la mort administrative. Faites-en de nombreuses copies, car ce certificat de fin de vie vous sera demandé dans tous les services où vous devrez vous rendre.
Dans ces bureaux climatisés, vous devrez prouver plein de choses, en démontrer d’autres et en négocier certaines pour mettre en conformité la mort de l’un avec la continuité de l’autre.
Assommé par le chagrin, il vous faudra courir de la mairie au notaire, de la banque à la sécu, de l’assurance à la poste, de SFR à EDF, pour remplir des formulaires, fournir des documents, résilier les vieux contrats et en signer de nouveaux.
Parce que le deuil relativise les mesquines péripéties de la vie courante, votre peine sera souvent confrontée à la bêtise humaine solidement arque boutée derrière l’hygiaphone du guichetier.
Pour avoir trop régulièrement entendu de ces sordides anecdotes, il me semble aujourd’hui nécessaire de créer un grand service public du décès, sorte de guichet unique des démarches administratives post mortem qui aurait latitude à prolonger officiellement les formalités déclaratives et modificatives auprès de tous les organismes publics privés et commerciaux.
Ce nouveau dispositif, dont les premières vocations seraient l’accueil et le conseil, pourrait faire partie à la fois de la volonté de simplifier l’administration française et de créer de nouveaux services à la personne.
Sauf à ce que les arcanes obscurs de ces fastidieuses démarches participent du travail de deuil et de résilience, l’idée de créer un vrai service public du décès pourrait être soumise par nos futurs députés à notre prochain gouvernement.

PS : Je dédie cette contribution à mon amie Anick qui, malheureusement maintenant, peut témoigner.


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