Trois points de suspension d’Emmanuel Lemagnen

De la deuxième paire gratuite...

3 juillet 2008

À l’heure où le pouvoir d’achat pose un réel problème, à l’heure où l’on parle de déficit et de déremboursement, aller chez l’orthodontiste ou l’opticien devient un véritable luxe.
L’industrie de la prothèse est maintenant marchandisée et on fait de la pub pour des lunettes comme pour un article de consommation courante, avec ses modes, ses promos et ses centres discount.
Ainsi voit-on depuis plusieurs années un opticien "fou" qui a basé toute sa communication sur un principe très attractif : « la deuxième paire est gratuite ».
Tiens donc, il serait si généreux avec ses clients et si rempli de compassion qu’il produirait à perte ?
On n’est pas si débile pour croire que le prix de la première ne comprend pas celui de la deuxième, et que ce type de publicité racoleuse devrait être interdit par la loi.
Pour mesurer la tricherie, changeons d’échelle, prenons d’autres exemples et voyons jusqu’où nos cerveaux de consommateur déplacent le curseur de la supercherie.

- la deuxième maison est gratuite ? on porterait plainte !

- la deuxième voiture est gratuite ? intolérable !

- le deuxième scooter est gratuit ? inacceptable !

- le deuxième vélo est gratuit ? encore un peu osé !

- le deuxième skate-board est gratuit ? OK, je prends les deux !
C’est marrant de voir que ce qu’on ne supporterait pas pour les grosses dépenses est facilement admis pour les plus petites. Si c’est le sujet d’application et non le principe qui choque, ça démontre bien que l’idée est parfaitement critiquable.
On s’habitue aux bidons qui contiennent 25% de plus, au quatrième pneu gratuit, aux deux chemises pour le prix d’une...
La direction de la concurrence de la consommation et de la répression des fraudes, les membres de l’observatoire des prix, les associations de consommateurs et tous ceux qui font les lois devraient s’attaquer à ces techniques de marketing scandaleuses.
D’abord parce qu’elles puisent leur efficacité dans la faiblesse des consommateurs.
Ensuite parce qu’elles interdisent d’acheter un seul exemplaire à son vrai prix, donc moins cher.
En plus maintenant, pour un euro vous partez avec la troisième paire.
C’est vous dire si on est bien con de se laisser faire...


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus