Aménagement des langues...

De la Vallée d’Aoste et de La Réunion

27 juin 2008

“Témoignages” a publié plusieurs articles sur l’expérience conduite dans la région autonome italienne de la Vallée d’Aoste (www.irre-vda.org), exposée par Hugo Baetens Beardsmore. A la fin de la conférence qu’il a donnée au Conseil régional, plusieurs personnes ont fait part de leur réaction.

Le premier à réagir à l’exposé de la politique mise en œuvre dans la Vallée d’Aoste était le président de la Commission de l’Épanouissement humain, Radjah Véloupoullé, qui relevait l’accent mis sur le succès scolaire : le but de l’aménagement des langues, « c’est amener une finalité d’excellence et de réussite dans l’acte pédagogique ». Il se disait également convaincu que dans la situation réunionnaise, l’argumentaire du « coût financier de la non prise en compte des enjeux de cohésion sociale » devrait amener les récalcitrants de l’aménagement linguistique à réfléchir.
A l’écoute de la présentation, Axel Gauvin, s’exprimant pour l’Office de la Langue Créole de La Réunion, confie : « Cela nous conforte et nous bouscule » et « nous n’avons pas à être optimistes ou pessimistes, nous avons du travail à faire, faisons-le ».

L’anglais, cette « langue autre »

Hugo Baetens faisait encore remarquer qu’« on a pu montrer que dans les établissements où la deuxième langue n’était pas l’anglais, l’anglais s’ajoutait avec beaucoup plus de facilité par la suite. Nous avons ici un argument. Ne pas promouvoir le trilinguisme coûte énormément aux petites et moyennes entreprises. Le français, l’allemand, le roumain sont des langues mal maîtrisées en Europe... Le patron des patrons de Belgique dit recevoir 4.000 lettres par an venues des meilleurs diplômés d’école de manager. Il lui arrive d’en inviter quelques-uns, il prend toujours ceux dont le CV l’impressionne le plus, l’élite intellectuelle... Et il leur demande : l’anglais ok, mais à part ça, vos connaissances linguistiques ? Et ces jeunes gens quittent son bureau en larmes en se demandant comment ça se fait qu’ils ne le savaient pas plus tôt. Ils ne savent pas qu’il faut une compétence plurilingue ».

Fin à la discrimination linguistique

Maximin Boyer, artiste souverain, a été le premier (et peut-être le seul) à s’être exprimé en créole pour revendiquer non seulement l’affirmation du créole mais ouvrir la compétence plurilinguistique aux continents dont les Réunionnais sont originaires. Le Centre Culturel Régional Indien de Sainte-Marie interviendra dans la même volonté d’ouverture sous la forme d’une question : « Dans quelle langue nou pé, réunionnais, évoluer, épanouir a nou, autre que la langue créole et française ? ».
Hugo Baetens fait part d’une anecdote lors d’un congrès européen : « La discrimination linguistique est insidieuse et j’ai fustigé les organisateurs, les parlementaires, c’étaient tous des gens pour la diversité linguistique et des langues régionales, tout se faisait en anglais ».

Changer les représentations

Jérôme Vellayoudom, communiquant, pose la question de savoir quelle stratégie de communication adopter pour influer sur les représentations. Le spécialiste répond que tout dépend du contexte, qu’il n’offre que des éléments de réflexions.
Une autre personne lançait en présence d’élus : « Quelle est la volonté réelle des élus de mener à La Réunion une politique éducative globale ? Nous pouvons remercier les militants, toujours solides, les écrivains, les chercheurs... Pouvons-nous remercier nos élus ? Si nous n’avons pas la possibilité de faire des lois régionales, il est facile de faire des signalisations, il est facile de faire des affiches, des répondeurs en créole. Sommes-nous encore dans cette période de colonisation ? ».

Francky Lauret

Langue créole à l’école

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