Trois points de suspension d’Emmanuel Lemagnen

De mon ami Gérard Roussin...

29 novembre 2007

Je l’ai connu dès 1982 à l’époque où recruté par Tony Manglou, il devenait le premier directeur de l’association Arts et Traditions. Ses missions consistèrent à lancer le musée école de la broderie à Cilaos et à construire un programme de formation d’insertion par l’artisanat, notamment pour les métiers de notre patrimoine.
Gérard s’est surtout consacré à constituer la première phonothèque de La Réunion. En quelques mois, grâce à la confiance et la sympathie qu’il savait attirer, c’est plus de mille 33 tours, 45 tours et 78 tours différents qui furent collectés, presque tous avec leur jaquette d’origine. Ce fond musicographique d’une richesse patrimoniale et culturelle immense fût remis officiellement au Président de Région qui en avait financé la collection.
Sous sa direction, l’association passa rapidement de 1 à 20 salariés.
Ensemble, nous avons fait grandir les expositions “Fait Main”, inauguré les premiers festivals d’arts et traditions populaires au Tampon et au Colorado, pris l’avion pour le festival d’Avignon. Nous avons créé le groupe musical “arts et traditions” qui fût d’ailleurs le premier à éditer Fourcade et sa fameuse “ti fleur fanée”.
Après une dizaine d’année de bons et loyaux services, Gérard parti à Mayotte diriger le Centre Mahorais d’Action Culturelle, l’équivalent de notre DRAC.
Durant ce séjour, avec Bernadette, sa tendre et indéfectible moitié, ils adoptèrent un enfant du pays, le petit Wirdann, âgé aujourd’hui d’une dizaine d’années.
Personnage plein d’idées et plein d’humour, Gérard termina son passage à Mayotte comme représentant en pinard, ce qui n’est pas une mince affaire dans une île de culture musulmane.

De retour dans notre île, et toujours passionné par l’éducation populaire, Gérard reprit ses activités bénévoles occupant jusqu’à ce funeste mardi 27 novembre à 2 heures du matin les fonctions de président des auberges de jeunesse.
On ne se voyait plus beaucoup, parce que la vie vous rapproche et vous éloigne ainsi, au gré de nos prospectives personnelles et de l’élasticité changeante du temps.
Gérard était de ces vrais bénévoles désintéressés qui restent pauvre mais qui enrichissent leur vie et celle des autres. C’était un vrai gentil, à l’accent du Sud, qui savait diriger ses équipes avec tendresse et fermeté.
Dans un bref moment d’égoïsme, il est parti seul, laissant dans ce pays qui l’avait immédiatement adopté un petit trou discret, un petit trou rond comme lui, rond comme l’amitié, rond comme un ballon de rouge, mais un trou quand même.
Bien sûr, je ne sais pas tout de lui, mais que peut-on jamais savoir de la vie d’un homme ?
En tout cas, on est tous unanime : c’était un gars bien !
Je me souviens d’une petite anecdote : alors que notre association était une fois de plus dans la tourmente et que Gérard tentait encore une fois d’arranger les choses avec le propriétaire qui nous expulsait, ce dernier m’appela au téléphone et ne retrouvant pas le nom de Gérard Roussin me dit : « vous savez bien, celui qui rigole avec son ventre ».
Voilà, un dernier hommage à mon Gégé, celui qui rigolait avec son ventre...
Le monde associatif t’embrasse.
La Réunion te remercie.

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Messages

  • Oui, c’était un vrai gentil Gègè, à Valréas, ville où il est né, ses nombreux amis sont consternés par ce départ .

    Il était aimé de tous , il n’était que gentillesse et sourire , il restera dans nos coeur ....

  • Les rencontres ne se font jamais par hasard.
    Lorsqu’on se donne la peine d’y regarder de plus prés, on réalise que les protagonistes d’une rencontre ont toujours quelque chose à s’apporter.
    Je l’ai connu en 1995, a l’époque où j’étais animateur "jeunes en milieu urbain" dans une banlieue parisienne.
    Il était Directeur du Centre Mahorais d’Animation Culturelle. Son adjoint d’alors, partait en formation, à l’Institut de Formation à l’Animation (IFA), là où j’ai été formé. Il cherchait donc un remplaçant. Hasard, destin, cet éventuel retour aux sources m’a interpellé avec cette voix rassurante aux accents du Sud qui caractérisait le dénommé Gérard Roussin.

    Avec la promesse de ne pas tomber dans un train-train, j’ai rencontré Gégé pour la première fois, un 1er avril.
    Sa bonhomie et sa démarche chaloupée en ont touché plus d’un. Convaincu de l’Education populaire, il était plus passionné et plus expérimenté que moi. Plus qu’avec d’autres, avec lui, j’ai appris à prendre de la hauteur sur les événements.
    C’est souvent que nous n’étions pas d’accord sur des choix de programmation, mais grâce à son "tam-tam boxe" (rituel qui consiste en une trentaine de minute de "d’accord pas d’accord franc") les choses avançaient, le plus important étant d’être le plus professionnel possible, aimait-il répéter.

    Plus réaliste que visionnaire, il devinait et savait lire les trajectoires que prenait la société mahoraise dans sa marche vers l’avant.
    Il aimait profondément cette île qu’il a finalement quitté malgré lui, j’en suis convaincu. Heureux, il l’était de savoir qu’un autre avait abouti le projet de construction de l’unique salle de cinéma de Mayotte, qu’il avait initié.

    Un homme est parti et pourtant tellement présent il est. Il était aimant et aimé, d’une grande bonté, d’une grande douceur.
    C’est empreint de beaucoup d’émotion et d’affection que je dis à Bernadette et Wirdann, qu’il est toujours là.

    Moncef Mouhoudhoire

  • oui Gérard est toujours là

    moi je n’y crois pas, un de ces jours il va m’appeler pour me dire : "comment i lé ?" et puis on se donnera rendez-vous pour un déjeûner ou juste boire un coup, je lui raconterai mes petits soucis et mes grands bonheurs aussi, parce qu’il écoute tout, il me donnera des nouvelles des copains que je n’ai pas revus, et on rigolera bien tous les deux en évoquant nos souvenirs des bons moments passés... merci Gérard.
    à Bernadette et Wirdann

    Juliane

  • J’ai connu gerard quand il a dirige une delegation de jeunes de arts et traditions de Mayotte. Il n’y apas de mots pour decrire sa gentillesse et sa bonne humeur. Depuis qye j’ai appris son deces, je voulais tant etre en contact avec Bernadette. Malheureusement je n’ai pas son adresse. Je vous serai tres reconaissant si vous pourriez m’en faire avoir si c’est possible sur mon email. Merci.

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