Une instance européenne publie un rapport accablant sur les prisons réunionnaises

Dénonciation de la surpopulation carcérale à La Réunion

22 décembre 2005

Le surpeuplement des prisons de La Réunion atteint un degré ’inhumain et dégradant’ dans la Maison d’arrêt de Saint-Denis, dénonce le Comité de prévention de la torture (CPT) du Conseil de l’Europe. Le site de “L’Express” a diffusé cette information hier. Nous la publions ci-après avec des intertitres de “Témoignages”.

La prison de Saint-Denis de La Réunion est un établissement vétuste, dont certains bâtiments datent de 1825. Elle accueillait 200 détenus pour un effectif théorique de 111 places lors de la visite du Comité de prévention de la torture (CPT) du Conseil de l’Europe, en décembre 2004. C’est ce qu’il écrit dans un rapport publié hier.
Les experts chargés de contrôler les conditions de vie dans les lieux de détention des 46 États-membres du Conseil de l’Europe y ont dénombré "jusqu’à 6 personnes dans des cellules d’environ 14 mètres carrés et 10 à 12 dans des cellules d’environ 23 à 24 mètres carrés".
Le CPT a également visité le Centre pénitentiaire du Port dont la Maison d’arrêt et la Maison centrale affichaient respectivement des taux d’occupation de 179 et 145%.

"Violences entre les détenus"

Il s’inquiète d’un "climat carcéral générateur de violences entre les détenus", signalant des humiliations et agressions physiques parmi lesquelles des tentatives de viols commis au cours des derniers mois précédant sa visite.
Le comité s’étonne que les seules solutions envisagées par les autorités pour résoudre le problème consistent en la construction d’une nouvelle prison, dont la mise en service à Saint-Denis est annoncée pour fin 2008, et dans l’utilisation du bracelet électronique.
La surpopulation carcérale est plus forte dans ce département de l’océan Indien qu’en France métropolitaine, alors que le taux de délinquance (45 pour mille) y est inférieur (63,55 pour mille en métropole en 2004), note le comité. Le taux d’incarcération à La Réunion atteignait 147 pour 100.000 habitants en 2002 contre moins de 85 pour 100.000 en métropole.

"Fort taux de chômage"

Le CPT souligne que tous ses interlocuteurs (autorités judiciaires, pénitentiaires et avocats) "ont été unanimes à reconnaître que le phénomène de surmédiatisation de la délinquance dans l’île provoquait une pression sur la justice, notamment en termes de réponse répressive".
Il attribue également le phénomène aux difficultés de promouvoir les alternatives à l’incarcération, tels que travaux d’intérêt général, ou aménagements de peine qui supposent souvent de fournir au condamné un logement et un emploi.
Ces formules "se heurtent au fort taux de chômage (33,5% en 2004) comme à la réticence des élus qui préfèrent faire bénéficier les habitants de leur commune des moyens sociaux à leur disposition", notent les experts européens.


Un rapport enfin rendu public

Le samedi 10 décembre dernier, à l’occasion de la Journée mondiale des droits humains, la députée Huguette Bello et les responsables de plusieurs syndicats des personnels pénitentiaires ont visité les prisons du Port et de Saint-Denis. Dans une rencontre avec la presse, ils ont attiré l’attention sur la gravité des conditions de vie et de travail dans les établissements pénitentiaires de La Réunion. Ils ont également dénoncé le fait que le rapport du Comité de prévention de la torture (CPT) du Conseil de l’Europe n’ait toujours pas été publié, 1 an après la visite effectuée par cet organisme officiel dans les prisons de l’île. Certains évoquaient des pressions gouvernementales pour expliquer un tel retard.


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