Devenir mère : un obstacle à la promotion professionnelle

22 août 2007, par Sophie Périabe

Récemment, le Céreq (Centre d’études et de recherches sur les qualifications) a mené une étude sur le thème “Vivre en couple et être parent : impacts sur les débuts de carrière”. Quels sont les effets des différentes étapes de la famille, comme l’arrivée d’un premier enfant sur les débuts de vie professionnelle des jeunes femmes ? La maternité a-t-elle le même impact sur les jeunes femmes les plus diplômées ?
Selon le centre d’études, incontestablement, devenir mère aujourd’hui peut être un frein à la promotion professionnelle des jeunes femmes, notamment celles qui ont un niveau d’études bas.

Pour beaucoup, le début d’une carrière professionnelle rime avec la construction d’une famille, notamment pour les femmes.
Et si être père ne semble pas avoir de conséquences sur la situation professionnelle des hommes vivant en couple, il en est tout autre pour les jeunes femmes.
Même si, au fil des générations, on assiste à une indépendance des femmes par rapport à la fonction maternelle, comme en témoigne la très grande continuité de leur activité professionnelle aux âges de la fécondité, devenir mère semble demeurer, dès les premières années de vie active, un obstacle à la promotion sur le marché du travail.
Selon le Céreq, 32% des jeunes femmes déclarent d’ailleurs que l’arrivée de leur premier enfant a eu une ou plusieurs incidences sur leur emploi.
En effet, parmi les jeunes femmes sans diplôme, 55% d’entre elles travaillent à temps plein lorsqu’elles n’ont pas d’enfant contre seulement 18% avec plusieurs enfants.
Et ces écarts sont importants aussi bien parmi les femmes peu ou pas diplômées que parmi les plus diplômées.
Cette baisse considérable est également due au passage à temps partiel, fréquent chez les jeunes femmes après une maternité.
Mais sans aucun doute, leur situation professionnelle s’est modifiée avec l’arrivée d’un enfant, contrairement à celle des jeunes pères ; 91% d’entre eux affirment que la paternité n’a en rien affecté leur carrière professionnelle.
Ces changements faisant suite à la naissance des enfants ne sont pas sans conséquence sur les revenus des femmes. Ainsi, parmi les diplômées ayant au minimum un Bac +3, l’écart des salaires atteint 12% entre les jeunes mères et les femmes sans enfant.
Mais les différences de rémunération s’expliquent pour l’essentiel par la durée du temps de travail, les jeunes mères étant plus souvent à temps partiel.

Concilier boulot, enfants... et ménage

Le fait d’être parent pèse donc essentiellement sur la situation professionnelle des jeunes femmes, et particulièrement des moins diplômées d’entre elles.
Ainsi, dès les premières années de vie active, les priorités professionnelles des jeunes femmes sont donc fortement liées à leurs charges familiales.
Et il est possible que, outre le fruit d’un véritable choix, cette tendance puisse aussi s’expliquer par l’assignation des activités domestiques en priorité aux femmes, et notamment aux mères.
Les données statistiques sur l’activité domestique montrent en effet qu’au sein des couples, celle-ci est toujours l’affaire des femmes. Selon l’enquête “Emploi du temps” de l’INSEE de 1999, elles effectuaient 80% du « noyau dur » du travail domestique, à savoir la cuisine et la vaisselle, le ménage, l’entretien du linge, les courses courantes et les soins matériels aux enfants et personnes à charges. Les jeunes qui vivent en couple ne dérogent pas à ce clivage.
Mais des variations apparaissent concernant les femmes titulaires d’un diplôme au moins équivalent à Bac +3 qui seraient plus à même de déléguer les activités domestiques, contrairement aux autres.

Les réorganisations engagées à la suite d’une mise en couple, puis de la naissance d’un enfant semblent donc conduire à des évolutions professionnelles différentes pour les hommes et les femmes. Ce constat est particulièrement net pour les jeunes femmes ayant les plus bas niveaux scolaires. Il est plus nuancé pour les diplômées de l’enseignement supérieur fortement investies dans leur carrière professionnelle. En effet, celles qui, dès les premières années de vie active, ont pu valoriser leur diplôme sont en mesure de faire en sorte que les charges liées à la sphère privée interfèrent moins sur leur carrière professionnelle.

Sophie Périabe avec “Bref” du Céreq


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