Trois points de suspension D’Emmanuel Lemagnen

Du classement des lycées...

10 avril 2008

Il y a quelques jours, le ministère de l’Éducation nationale délivrait le classement de quarante-cinq lycées réunionnais.
Ainsi, comme les élèves reçoivent leur moyenne générale annuelle, chaque établissement et chaque proviseur reçoit sa note et son évaluation.
Le palmarès rassure ceux qui ont l’habitude de squatter les premières places du podium et donnent quelques frissons d’angoisse à ceux qui déchoient dans le tableau d’honneur.
Et après ? Ça sert à quoi de comparer les premiers lycées privés comme “Saint Charles” et “Levavasseur” avec les derniers lycées publiques comme “Jean Hinglo” ou “Antoine Roussin” ?
Si on voulait réellement établir un classement sérieux des performances d’un établissement, encore faudrait-il intégrer toute une autre collection de paramètres comme la motivation des élèves, le niveau culturel et social des parents, l’environnement du lycée, la qualité de son équipement, la température dans les classes, le nombre d’élèves, etc...
Il est clair qu’on ne peut mettre en perspective que les indicateurs qui déterminent des données facilement exploitables. Par exemple, il serait intéressant de comparer le taux de résultat d’un même examen entre ceux qui ont choisi une spécialité par vocation et ceux qu’ils l’ont subie par défaut.
Pour siéger au conseil d’administration du lycée professionnel Isnel Amelin de Duparc, j’ai été chagriné de voir sa position un peu dépréciée avec 69% de réussite au bac et -25% de valeur ajoutée. Quant au résultat de la section bac AMA (Artisanat et Métiers d’Art) qui vous le devinez me tient particulièrement à cœur, avec 8 admis sur 17 candidats, j’en fais pas une maladie.
Lors de la commission de développement humain qui s’était tenue dans ce beau lycée le mercredi 5 septembre dernier, j’avais eu déjà l’occasion de débattre avec mes collègues élus de la Région du danger qu’il y a à mal manipuler certains indicateurs et des conséquences malheureuses qui peuvent en découler.
Quelle lecture peut-on alors donner au résultat mitigé du bac AMA ?
-D’abord que les métiers d’art, contrairement à l’image qu’on s’en fait, ne sont pas un secteur facile. Il faut une grande motivation, de la persévérance et déjà certaines prédispositions qu’un enseignement ne vous apprend pas.
-Ensuite que cet examen qui a été corrigé en métropole dispose dorénavant d’un label irréprochable.
-Enfin, que chaque élève à la conscience d’avoir été payé à l’aune exact de son investissement, de son talent et de ses potentialités.
Ce qui compte réellement, ce n’est pas simplement d’avoir un diplôme mais de savoir que celui-ci est reconnu autant par l’institution que par la profession.
La cerise sur le gâteau, c’est de pouvoir dire avec un soupçon de fierté : « ancien élève de... », la réputation de l’établissement venant consolider la valeur du diplôme obtenu. Connaissant le proviseur de ce lycée, l’implication de ses collègues et la grande qualité des équipes pédagogiques, je ne doute pas que cette reconnaissance soit très prochainement au rendez-vous.
Quant aux restaurants étoilés du guide Michelin, on sait que c’est là où on paye le plus cher mais pas forcément là où on mange le mieux...


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