Trois points de suspension d’Emmanuel Lemagnen

Du découpage cantonal...

2 août 2007

On parle souvent du découpage communal, on ne parle jamais du découpage cantonal.
Historiquement, on sait que le périmètre des communes découle des anciennes paroisses, mais on sait moins pourquoi tous les cantons sans exception sont délimités à l’intérieur du territoire municipal. Pour preuve, les derniers cantons créés par les ciseaux du ministère de l’Intérieur confirment cette bizarrerie locale.
Ce phénomène qui nous particularise encore de la Métropole induit une série de comportements qui font du Conseil général une assemblée de maires, d’adjoints méritants ou d’opposants candidats à la magistrature, chacun privilégiant sa commune au détriment probable d’une vision plus partagée.
Autre curiosité, les plus petites mairies sont de fait érigées en canton, quel que soit le nombre de leurs administrés. En termes d’égalité (ou plutôt d’inégalité) de représentation, la ville canton de Sainte-Marie, avec ses 19.251 électeurs inscrits, pèse le même poids que Cilaos, Saint-Philippe, Salazie et la Plaine des Palmistes réunis, ce qui donne le ratio quatre électeurs pour une voix d’un côté et un électeur pour une voix de l’autre.
Le travail sur le terrain ne peut pas être le même, la liste d’attente des demandes de rendez-vous non plus.

Sans multiplier à l’infini le nombre de conseillers généraux et les indemnités qui vont avec, pourquoi ne pas créer de nouveaux cantons à cheval sur deux communes ?
Prenons l’exemple de Sainte-Marie qui est à ce jour le plus gros canton de l’île. Le prochain découpage commencera obligatoirement par cette localité. Certains énarques calculateurs et autres candidats doivent déjà spéculer sur les frontières de ces futurs territoires, sans jamais oser une réflexion extra communale qui donnerait un canton en commun à Saint-Denis ; Rivière des Pluies et Domenjod par exemple, et un autre à cheval sur Sainte-Suzanne avec Terrain Elisa et Bagatelle. Les problèmes de population et d’aménagement sont les mêmes dans ces villages comme ils le sont pareillement à la Plaine des Palmistes et à la Plaine des Cafres qui pourraient raisonnablement ne plus former qu’un seul canton.
Ainsi, plutôt que de taillader chirurgicalement ça et là notre pauvre carte administrative et de rajouter de nouveaux sièges à la table du Conseil général, peut-être serait-il sage de revoir en grand un redécoupage global à même de redonner à ces élus une vision et une mission réellement “départementaliste”.
Avec un gouvernement prêt à tout et des élus locaux qui savent toujours placer l’intérêt public au-dessus des ambitions personnelles, tout est possible.
Alors, chiche ?


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus