Trois points de suspension d’Emmanuel Lemagnen

Du “E” superfétatoire...

19 juillet 2007

Il y a quelques années, la mode était pour certaines personnalités et autres érudits de faire une sorte de liaison préventive pour montrer combien ils maîtrisaient la grammaire française si râpeuse pour le commun des scolaires. Ainsi entendions-nous des déclarations télévisuelles du genre : « il nous faudraite ... envisager des solutions qui devronte... avoir, je tiense... à le rappeler... »
Bien avant, sur les ondes, il était de bon ton de ne pratiquer à l’inverse aucune liaison pour augmenter la compréhension générale en exagérant le détachement et la prononciation de chaque mot. Avant encore, sur les vieux postes à galène, les “R” étaient roulés dans les chansons d’avant-guerre et le ton journalistique était dramatiquement allégorique, toute information, toute déclaration prenant alors une épaisseur théâtrale propre à glorifier n’importe quel évènement.

Aujourd’hui, en écoutant les présentatrices rebondies de nos écrans plats, on constate que la tendance est au rajout du “E”. Il faut en mettre partout, pas à la fin d’un mot pour marquer une pause réflexive, mais au début du prochain, pour bien montrer aux téléspectateurs qu’on parle correctement en mode journalistique.
Le temps que durera cette curiosité passagère n’apportera pas de gêne à la compréhension sauf à ceux qui voudraient apprendre notre langue. Pour eux, c’est la catastrophe, car tout le vocabulaire qu’ils ont acquis est à revoir ; la majorité des mots français commençant maintenant par “E”.
Faites l’effort d’attention et amusez-vous à écouter nos stars du J.T. et vous verrez combien ils montrent une certaine délectation jubilatoire à utiliser ce mode de diction propre à leur métier. Ça serait rigolo que la presse écrite se saisisse du même phénomène et transcrive ses articles à l’identique.
Ça nous euferait des eureportages plus intéressants à eulire.
Sur ce, bonne eulecture, et à la eusemaine euprochaine.


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