Trois points de suspension d’Emmanuel Lemagnen

Du jacobinisme territorial ...

22 novembre 2007

On est encore dans l’incompréhension, et ce n’est pas à la veille des Municipales que ça va s’améliorer. Ces toutes proches échéances ont le défaut de redonner aux élus locaux une vision micro-territoriale et des revendications intra-frontalières. L’argument populiste est facile, qui consiste à dire par exemple que la nouvelle route du Littorale ne concernera que les habitants de Saint-Denis ou de La Possession et pas ceux du Sud, que le tram-train sera une dépense réservée aux Portois et aux Sainte-mariens, alors que les habitants du grand Sud-Ouest y trouveront tout autant avantage. De même pourrait-on tout aussi puérilement rétorquer que la déviation de Grand-Bois intéresse uniquement les Saint-pierrois, que celle du Tampon, les Tamponnais, et que les nordistes n’ont donc pas à en financer les travaux.
Comme si le métro ne concernait que les Parisiens, et non les banlieusards ou les touristes !
Plus que fallacieux, ces arguments sont dangereux car ils appauvrissent la réflexion des électeurs en leur déniant la faculté de voir leur île en entier, en grand et de haut.
Il en va de même pour ceux qui refusent d’examiner une nouvelle destination du Fonds Régional de Développement Économique, le fameux “FRDE”. Autrefois attribué à la Région qui le reventilait sur des projets réellement structurants d’intérêt économique, il est maintenant directement alloué aux communes, avec une majoration de 10% pour les villes sous préfecture et un super bonus de 20% pour le chef lieu (la somme atteint des zéniths...).
Là encore, ce sont les mêmes qui hurlent a l’inégalité Nord - Sud et qui refusent l’attribution du FRDE aux intercommunalités, ce sont les mêmes qui revendiquent un rééquilibrage régional et qui repoussent le rééquilibrage au sein de leurs propres comités d’agglomérations.
Parce que distribués aux mairies au prorata du nombre d’habitants, on sait très bien que les petites communes comme Salazie, l’Entre-Deux ou Cilaos ne pourront rien faire de structurant avec quelques dizaines de milliers d’euros, sauf à reboucher les trous d’une route comme ceux d’un programme électorale.
C’est encore une fois Saint-Paul, Saint-Pierre, Saint-Benoît et Saint-Denis qui vont rafler la mise, accentuant encore plus la différence qui les sépare de leurs petites voisines où il fait bon dormir.

Si le rééquilibrage est une mauvaise dynamique de développement parce qu’il ne s’appuie que sur un rattrapage comparatif, la notion d’équilibrage territorial, plus constructive et plus harmonieuse, devrait habiter l’esprit des élus communaux, intercommunaux, départementaux et régionaux.
C’est pourquoi, il faut que le FRDE soit attribué à la coopération intercommunale. Il s’agit de donner aux élus une vraie responsabilité d’aménageur, de développeur, mais surtout une vraie culture intercommunale basée sur l’équité et le partage.
Cette nouvelle affectation mérite certainement débats et discussions, ici, avec les élus concernés, et à Paris, avec nos parlementaires. Il faut toutefois être vigilant : Si les dépenses sont mal affectées, elles ne pourront que conforter l’avis des technocrates européens qui voudraient bien voir supprimer la source fiscale qui abonde ce fonds de développement.
Mais gageons qu’en mars 2008, un vent de maturité souffle sur de nouvelles têtes ou aère au moins celles qui seront renouvelées.
Après tout, tout peut être “durable”, même l’intelligence...


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