Trois points de suspension d’Emmanuel Lemagnen

Du mieux, du bien et de l’idée qu’on s’en fait...

14 juin 2007

On le sait maintenant, la droite aura trois à quatre fois plus de députés que la gauche à la prochaine assemblée nationale, avec au moins 200 élus de différence.
C’est ce qu’on appelle une écrasante majorité, au sens le plus lourd du terme.
Bien évidemment, ça pose un problème à la minorité, qui aura moins le rôle de la représentation légitime de l’espérance des Français que celui peu fructueux d’animateur contradicteur des débats.
Mais qu’on ne s’y trompe pas, la tâche ne sera pas “plus rose” pour le député de base d’une majorité hypertrophiée, car il y aura encore moins à dire que son collègue d’opposition.
Lorsqu’une majorité se fait sur un faible écart, le gouvernement soigne ses députés qui bénéficient alors d’un réel portefeuille d’intervention pour leur population, et ils ont l’oreille attentive des ministres auprès desquels ils négocient des projets locaux (un certain Paul Vergès l’avait noté il y a quelques années, à l’époque où nos 5 députés pouvaient déplacer le curseur et donc négocier le développement définitif de leur île).

A l’inverse, lorsque la majorité s’établit sur une différence aussi conséquente que ce qu’on nous prédit pour dimanche, un député ne fait pencher aucune balance.
Il est noyé dans la masse et n’ajoute qu’un peu de glycémie à une majorité déjà obèse.
Adossé sur un confortable matelas de plusieurs centaines de députés, un ministre ne s’attardera pas à écouter les doléances d’un anonyme pour sa localité.
Il est à parier que ce pauvre député sera misérablement renvoyé dans sa circonscription, avec comme unique mandat celui d’être le communicant de terrain du gouvernement qui en aura bien besoin, car lorsqu’on intègre une chambre d’enregistrement, on ne peu s’en faire que l’écho.
Sachant que l’État n’a plus de moyens, qu’il faudra bien financer les mesures promises pendant la campagne, et que par conséquent il ne restera rien à refiler aux parlementaires, gageons que c’est là le triste sort qui attend les élus vêtus de bleu pour les cinq ans à venir.
Les députés de l’opposition vont ronger leur frein, et ceux de la majorité vont se ronger les ongles.
Et La Réunion dans tout ça ? Et bien elle devra s’armer de patience, ruminer ses éternels problèmes de logement, d’emploi, de continuité, d’illettrisme et méditer le fameux proverbe qui dit « ’est pas la queue qui bouge le chien ».


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