2003 : Jean-Pierre Raffarin estime inutile un ministère de la Vie associative
2004 : création du ministère de la Jeunesse, du Sport et de la Vie associative

Emmanuel Lemagnen : Un succès pour le mouvement associatif réunionnais, porteur d’idées avant-gardistes

3 avril 2004

La création, dans le gouvernement Raffarin III, d’un ministère de la Jeunesse, du Sport et de la Vie associative, attribué à Jean-François Lamour, représente une nouvelle conquête des militants associatifs, qui ont toujours lutté pour une meilleure reconnaissance de leurs activités au service de la société. Voir enfin figurer le monde associatif parmi les intérêts du gouvernement est un succès pour les 800.000 associations françaises et leurs quelque 6 millions d’administrateurs bénévoles.

Emmanuel Lemagnen, promoteur de l’artisanat réunionnais et acteur associatif depuis près de quinze ans à La Réunion, s’avoue "agréablement surpris" d’une telle décision. En effet, c’est une décision pour laquelle il a milité depuis des années avec d’autres représentants du mouvement associatif réunionnais et qui avait encore été rejetée, il y a à peine un an par le chef du gouvernement.

"Il est hors de question..."

Le conseiller régional Emmanuel Lemagnen, élu le 28 mars dernier sur la liste de l’Alliance, est d’autant plus étonné par la création d’un ministère de la Jeunesse, du Sport et de la Vie associative , qu’en février 2003, à l’occasion des Assises des libertés locales, il avait pris la parole dans ce sens, devant un théâtre de Champ-Fleuri comble, en s’adressant au Premier ministre.
Il avait explicitement demandé à Jean-Pierre Raffarin que l’État apporte son soutien à la mise en place à La Réunion d’une Chambre consulaire des associations d’une part, et à la création d’un ministère de la Vie associative d’autre part.
"Merci pour cette belle démonstration, on vous encourage pour une Chambre consulaire des associations mais il est hors de question, que je crée un ministère de la Vie associative", avait alors répondu publiquement le Premier ministre. Ce dernier lui confia par la suite, lors d’un entretien privé mais en présence de plusieurs témoins, qu’un ministère de la Vie associative ne présentait aucun intérêt, selon lui.

Reconnaître le travail des bénévoles

Force est de constater qu’à peine un an après le rappel de cette proposition d’Emmanuel Lemagnen et de ses amis à La Réunion - et le "non" catégorique qu’a leur opposé Jean-Pierre Raffarin -, celui-ci a su se raviser et admettre la nécessité de mieux reconnaître le monde associatif.
En effet, le nombre de personnes mobilisées autour de cette démarche démocratique et citoyenne "mérite quand même que l’on s’y intéresse, que le travail de ces bénévoles soit connu et reconnu et que l’on prenne état des problèmes qu’ils rencontrent", affirme Emmanuel Lemagnen.
Celui-ci rappelle que le droit d’association fut officiellement reconnu et codifié par la loi de 1901 et que l’action associative se situe à chaque carrefour de notre vie sociale. Et en tant que président de la Chambre consulaire des associations réunionnaises, "impatient de voir le sens que M. Lamour donnera à sa mission".

Les moyens de la liberté de s’associer

Ainsi, ce nouveau ministère de la Jeunesse, du Sport et de la Vie associative prendra-t-il notamment en compte les principaux besoins mis en avant par les associations à La Réunion ? À savoir : un affichage de la reconnaissance du secteur, de la reconnaissance du citoyen bénévole et constater, 103 ans après le vote de la loi de 1901, quelles sont les actions des associations, leur rôle dans la société, leurs difficultés et leurs attentes. Car que vaut la liberté de s’associer sans les moyens de cette liberté ?
Pour Emmanuel Lemagnen, passionné par le sujet, un ministère de la Vie associative créé sur ces bases permettrait "au bout de quelques mois de déboucher sur des projets de loi, des réflexions, aussi bien en Conseils ministériels qu’au Parlement. Mais il serait pour nous, associations, hors de question d’avoir un ministère de tutelle, d’avoir un grain de politique ou de prérogative quelconque qui guide le secteur associatif. Ce ministère doit accentuer la liberté associative avec les moyens qui vont avec".

"Décalage horaire"

Reste à espérer que ce tout nouveau ministère saura pratiquer une vraie concertation avec les associations. Et qu’il saura s’entourer de personnes expérimentées en la matière, d’acteurs qui, pour avoir vécu l’expérience associative, seront conscients du travail de fond à fournir pour représenter la vie associative.
"Aujourd’hui, les associations sont à la fois l’expression du pouvoir démocratique et - cela se voit de plus en plus - souvent la seule véritable proximité citoyenne. Entre la politique et le citoyen lambda, parfois il n’y a que les associations. Je regrette donc le décalage horaire qu’il y a entre les propositions venant de La Réunion et leur application au niveau national. La Réunion est génératrice d’idées et avant-gardiste au niveau du mouvement associatif comme de la société toute entière", confie le conseiller régional.
"Malheureusement, c’est toujours avec un gros retard que l’on répond à nos propositions",
ajoute-t-il.
Emmanuel Lemagnen espère cependant pouvoir partager son expérience et ses compétences dans ce domaine au cours de sa mandature à la Région, afin d’aider - au niveau de la collectivité - la vie associative réunionnaise à faire de nouveaux progrès. Pour jouer pleinement son rôle spécifique et déterminant dans la bataille du développement durable du pays.

Estéfany


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