Cérémonie d’accueil dans la nationalité française

« Être français se mérite »

2 novembre 2007

Conformément à la loi immigration-intégration du 24 juillet 2006, le Préfet de La Réunion a accueilli mercredi matin, lors d’une cérémonie solennelle organisée dans les salons de la Préfecture, 29 personnes dans la nationalité française. L’occasion pour Pierre-Henry Maccioni de rappeler que « l’accès à la citoyenneté n’est pas un dû, mais se mérite ».

Les 35 enfants concernés par cette naturalisation ne comprennent pas encore ce que cela implique. Ils ressentent juste que le moment est important pour leur famille ; pour la France aussi qui enrichit encore sa diversité.(photo SL)

Conformément à la loi immigration-intégration du 24 juillet 2006, le Préfet de La Réunion a accueilli mercredi matin, lors d’une cérémonie solennelle organisée dans les salons de la Préfecture, 29 personnes dans la nationalité française. L’occasion pour Pierre-Henry Maccioni de rappeler que « l’accès à la citoyenneté n’est pas un dû, mais se mérite ».

9 heures : les 29 Réunionnais originaires de Madagascar (13), de Maurice (12), des Comores (2), du Portugal (1), de Roumanie (1) qui partagent depuis plusieurs années le destin de notre île attendent, avec conjoints et enfants, l’arrivée du Préfet. Le jour tant attendu est arrivé. L’atmosphère est empreinte d’une gravité solennelle.

« Le fruit d’un long parcours »

Jean-Jacques Morel devait être présent pour représenter Nassimah Dindar, de même que Jean-Louis Poudroux, le Maire de Saint-Leu. Désistement pour l’un ? Aléa circulatoire pour l’autre ? Seul le premier adjoint au maire de Saint-Paul sera finalement là pour incarner l’administration politique locale qui partagera avec ces familles cet évènement majeur de leur vie. Car comme le soulignera Pierre-Henry Maccioni, qui a eu la courtoisie de ne pas faire attendre ses nouveaux compatriotes, l’accès à la nationalité française est « le fruit d’un long parcours. Cette cérémonie est importante. Elle marque la conclusion d’un certain nombre de démarches. Ce n’est pas une formalité, mais un acte volontaire, voulu, qui correspond à un acte de la République », entamera le Préfet, appuyé à son pupitre, micro en bouche, drapeaux français et européen en toile de fond. Pour ces 29 personnes et leurs 35 enfants, mercredi sonne le jour qui marque officiellement leur appartenance à la patrie française, la reconnaissance de leur intégration en terre réunionnaise. « Vous êtes membres de la communauté nationale », poursuivra le Préfet face à un auditoire attentif. Ces personnes ont en effet réussi leur parcours d’intégration après avoir reçu les douanes à leur domicile, rempli tous les formulaires requis, répondu aux multiples entretiens en préfecture, prouvé qu’elles maîtrisaient la langue française et connaissaient les règles qui régissent la République. Elles ont ainsi franchi toutes les étapes fixées, fourni les efforts attendus pour attester de leur volonté de devenir citoyens français à part entière. « Etre français se mérite. L’accès à la citoyenneté n’est pas un dû, mais se mérite », assénera le Préfet à des familles qui l’on assurément bien compris.

« La France est le pays de la tolérance »

« La France est une communauté qui a ses habitudes, ses idées. Il faut la prendre comme elle est, l’aimer avec ses qualités et ses défauts, invitera-t-il encore. Je vous demande de les respecter. De respecter ses règles et de partager son histoire, sans oublier qui vous êtes ». Cette naturalisation implique l’accès aux droits, mais astreint aussi aux devoirs qui incombent à tous citoyens. Les deux marchent ensemble. Pour les droits, Pierre-Henry Maccioni retient celui de voter et incite l’assemblée à « respecter ce principe d’engagement civique » qui n’est pas offert à tous les pays. Cela permettra selon lui d’enrichir la France. Sur le volet des devoirs, le respect de la loi est pour le Haut Fonctionnaire d’Etat la première obligation à tenir, car « chacun à une part de responsabilité dans la construction du vivre ensemble ». « La France est le pays de la tolérance. Faites vôtres les valeurs de la République », terminera le Préfet, concluant son allocution solennelle sur un « chers compatriotes » qui introduira enfin l’Hymne national, une “Marseillaise” instrumentale écoutée avec cérémonie, la marmay, souffle de vie, en bruit de fond. Puis, tour à tour, les personnes se verront remettre des mains du Préfet leur livret citoyen, leur feuille de route qui récapitule les valeurs de la République, leurs droits et devoirs. Un moment d’embrassade qui embarrasse un peu les familles, à l’évidence mal à l’aise par tant de protocole. Mais le jour est important pour elles. Ce n’est pas la liesse, les sourires sont tenus : la gravité prédomine.

Fiers et chanceux

Pierre-Henry Maccioni accorde un petit mot à chaque personne lors de la remise du livret, s’intéresse au pays d’origine ou à la commune de résidence. Salazie, Saint-Joseph, Saint-Denis, 12 communes sont représentées... ah, Saint-André ! « Vous avez une commune parfaitement gérée », lancera-t-il à sa nouvelle compatriote qui retiendra peut être, au moment voulu, cette phrase prononcée de façon anodine par le plus haut représentant de l’Etat à La Réunion. Un petit pot et puis s’en va. Ces nouveaux Français repartent leur livret sous le bras, tous fiers de leur appartenance à la mère patrie, tous conscients surtout, compte tenu de la nouvelle législation relative au contrôle d’une immigration que la France veut choisie, qu’ils ont une grande chance de faire désormais partie de la communauté nationale qui ne fera pas de cadeaux à leurs frères. Depuis 2005, 155.000 personnes ont obtenu la nationalité française dans l’hexagone ; 324 à La Réunion. Pour combien de demandes ? Combien de reconduites à la frontière ? Combien de personnes en centre de rétention ? Combien de demandes de droits d’asile expédiées ???

Stéphanie Longeras


Rappel des dispositions législatives pour ...

... « Promouvoir une immigration choisie »

Les cérémonies d’accueil dans la nationalité française ont été rendues obligatoires par la loi immigration-intégration du 24 juillet 2006. Elles consistent à marquer solennellement l’entrée dans la communauté nationale des étrangers devenus Français par décret de naturalisation (hors mariage) ou de par leur mariage avec un ressortissant français (et qui en ont fait la demande). Cette même loi vise à mettre en place de nouveaux moyens permettant de « mieux réguler l’immigration, de lutter contre les détournements de procédure et promouvoir une immigration choisie ainsi qu’une intégration réussie ».

Les principales dispositions de ce texte portent sur :

le regroupement familial : pour être rejoint par sa famille, un ressortissant étranger devra justifier de 18 mois (au lieu de 1 an) de séjour en situation régulière et d’un revenu au moins égal au SMIC (sans les allocations).
- les mariages mixtes : le conjoint étranger d’un Français ne pourra obtenir une carte de résident qu’après 3 ans de mariage ; la lutte contre les mariages de complaisance est renforcée.
- la carte de séjour : pour l’obtenir, il faudra déjà avoir obtenu un visa de long séjour. Les nouveaux arrivants souhaitant s’installer en France de façon durable devront signer un « contrat d’accueil et d’intégration » par lequel ils s’engageront notamment à suivre une formation linguistique et civique. La carte de résident ne pourra être accordée qu’à 3 conditions : « l’engagement personnel de respecter les principes qui régissent la République française, le respect effectif de ces principes et une connaissance suffisante de la langue française ». Les étrangers dont « la personnalité et le talent constituent des atouts pour le développement et le rayonnement de la France » pourront bénéficier d’une carte de séjour de 3 ans renouvelable.

les étudiants étrangers : les étudiants dont le projet aura été préalablement validé par leur pays d’origine verront l’obtention de leurs titres de séjour facilitée.

la sélection de la main d’œuvre : il sera établi des « listes de secteurs tendus où les employeurs pourront faire appel à des étrangers ». Dans ces secteurs, il pourra être établi une carte de séjour temporaire de 1 an, renouvelable sur la durée du contrat de travail.

les régularisations automatiques prévues au bout de 10 ans de présence par la “loi Chevènement” de 1998 sont supprimées. Des régularisations pourront avoir lieu au cas par cas.
- l’obligation de quitter le territoire : le refus d’un titre de séjour par l’Administration pourra être assorti d’une obligation de quitter le territoire ; le délai prévu pour déposer un recours est fixé à 1 mois.

Rappelons enfin que c’est depuis cette loi que les sans-papiers parents d’enfants scolarisés en France ont été invités à se faire connaître auprès de leur préfecture au vu d’une régularisation. Plus de 33 millions 538.20 demandes ont été déposées pour 6.924 personnes régularisées.

SL (avec Viepublique)


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