Université pour tous

Faire rimer bonheur et labeur

25 mai 2004

Un nouveau cycle de conférences organisé par l’association Université pour tous s’ouvre ce soir. Il est intitulé “Santé et société”. Marie-France Hirigoyen donnera deux conférences sur le harcèlement moral. Elle aborde le thème “Ressources humaines...et travail déshumanisé”, sous-titré “Peut-on faire rimer bonheur avec labeur ?”

Les conférences de Marie Hirigoyen s’inscrivent dans le sillon de ses deux ouvrages consacrés au harcèlement moral. (photo F. L.)

Le concept de harcèlement est né dans le cabinet de la psychiatre Marie-France Hirigoyen. Ses deux essais font autorité. Elle y consacrera deux conférences portant le titre de chacun de ses ouvrages. Le cycle de conférences dans lequel elle s’inscrit a été organisé en partenariat avec le service départemental de médecine de prévention, la société de médecine professionnelle de La Réunion et l’antenne régionale de l’association française de psychiatrie.
Outre les deux conférences publiques (1), l’invitée d’Université pour tous animera aussi des séminaires auprès des professionnels, médecins du travail et psychiatres, afin d’aider au repérage et pour apporter un plus à la thérapie des victimes de harcèlement moral.
Dans sa première conférence intitulée “Harcèlement moral : la violence au quotidien”, elle procédera à "un repérage des situations de souffrances liées à l’environnement familial et professionnel". "Ce que je décris est une situation universelle ; quelle que soit la culture ou le pays, on retrouve les même procédés de harcèlement", dit-elle.
Ses œuvres ont été traduites en 24 langues. Elle a mis au jour un véritable phénomène social, entraînant une déferlante de témoignages, la création d’associations, des débats entre professionnels et une prise de conscience des parlementaires. Elle a contribué à faire voter le 11 janvier 2001 un amendement qui introduit la notion de harcèlement moral dans le code du travail. Après ce vote, elle a rédigé un second livre “Malaise dans le travail, harcèlement moral : démêler le vrai du faux” pour préciser le concept.
Hier elle nous confiait que "ce phénomène a toujours existé, mais il se développe. C’est lié au changement de la société et du travail. Nous entendons de plus en plus de vécu de souffrance au travail". Si les conditions de travail sont moins éprouvantes physiquement "les environnements de travail sont plus difficiles, une mauvaise ambiance fragilise les personnes. Nous rencontrons des gens motivés, qui s’usent au travail, qui sont minés et qui arrivent à penser qu’ils ne sont pas reconnus, pas respectés, qu’ils n’existent pas, qu’ils sont utilisés". Il y a là un véritable désenchantement.

"Assainir nos relations"

Elle porte ses espoirs sur les plans de prévention qui doivent être mis en place dans les entreprises et les administrations pour éviter ce processus destructeur. Il faut selon elle "repenser les rapports, réintroduire de l’humain, s’écouter, se regarder". Les processus de défense collectif ne fonctionnant plus toujours, le procédé du harcèlement moral peut plus vite s’enclencher : "il s’agit d’isoler la personne, de la couper, de la mettre de côté". Elle déplore que "les méthodes de management actuelles individualise les tâches, chacun se trouve responsable et culpabilisé".
Les premiers signes ne se voient pas. Le harcèlement moral est toujours silencieux, insidieux, caché. Ce sont plutôt les personnes à forte personnalité, très investies, très scrupuleuses qui en sont victimes "car elles ne sont pas assez manipulatrices, elles n’anticipent pas les pièges". Tout le monde peut être victime d’un harceleur. Il faut se plaindre plus tôt. La loi le condamne jusqu’à 15.000 euros d’amende et un an de prison. Le moteur de ce harcèlement est autant le refus de la différence, que la rivalité malsaine orchestrée par certains systèmes. "Il faut assainir nos relations" clame la psychiatre.

Eiffel

(1) “Harcèlement moral : la violence perverse au quotidien” ce soir à 18 heures, amphithéâtre Cadet.
“Malaise dans le travail, harcèlement moral : démêler le vrai du faux” Jeudi 27 mai, amphithéâtre Cadet.


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