Faut-il avoir peur des langues régionales ?

27 juin 2008

Tandis qu’aux plans européen et international, les Français s’activent et se battent pour sauver le plurilinguisme dans les institutions, et notamment pour que la langue française reste une langue officielle au nom de la diversité
culturelle et, partant, de la démocratie ; curieusement, au niveau de l’État français, la règle et le comportement changent.

La récente poussée d’urticaire des académiciens et des sénateurs au sujet de la reconnaissance des langues régionales dans la Constitution, est révélatrice d’un repli sur soi, d’une crispation identitaire inquiétante.
Affirmer que la reconnaissance des langues régionales mettrait « en cause notamment, l’accès égal de tous à l’administration et à la justice » c’est refuser par principe toute reconnaissance constitutionnelle des langues historiques parlées sur le territoire de l’État français.
Par ailleurs, où est donc le lien entre langue française et accès égal de tous à l’administration et à la justice ?

Les Verts-Réunion souhaitent qu’après la signature et la ratification de la Convention de l’UNESCO sur la protection du patrimoine culturel immatériel, la France qui s’est ainsi engagée à reconnaître, préserver et promouvoir sa diversité linguistique, verra le parlement débattre sereinement et avec l’ouverture d’esprit que doit inspirer le sujet ; et que ce débat sera suivi d’un vote consensuel au-delà des outrances de quelques individus décidément
allergiques à la diversité et à la pluralité des cultures et des langues.

Pour Les Verts-Réunion, Le porte-parole Vincent Defaud


Stage pou rakontër zistoir

Du 7 au 11 juillet 2008, l’UDIR (Union pour la défense de l’identité
réunionnaise) organise un stage de formation de rakontër zistoir à La Fabrik
(Parvis, Boulevard du Maréchal Delattre de Tassigny Sainte-Clotilde). Pour
inscriptions : tél. 0692 64 67 34.


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Messages

  • Tuer les autres langues est un vieil objectif de la France.

    Dans son rapport devant la Convention (1794), l’Abbé Grégoire avait déjà pour objectif officiel et affiché de « trouver les moyens d’anéantir les patois et d’universaliser l’usage de la langue française ». Par le terme méprisant de ’patois’, il faut évidemment comprendre toutes les langues autres que le français ! Le Conventionnel Grégoire a été...panthéonisé par la République !

    Mais le rôle primordial de ces linguicides et culturocides incombe essentiellement à l’École Publique telle qu’elle fut créée par le réactionnaire Jules Ferry, dans le but premier d’inculquer le nationalisme et le bellicisme revanchard aux enfants. Une Instruction Publique gratuite et obligatoire qui, soit dit en passant, ne fut instaurée en France que…dix ans après ’l’ennemis héréditaire Allemand’. Le second Reich fut d’ailleurs bien plus libéral que la République Française, puisque dans les rares communes francophones d’Alsace à la frontière des Vosges, l’accueil scolaire des enfants se fit…d’abord en Français (puis scolarité bilingue) jusqu’en 1914 !

    La devise du colonialiste invétéré Jules Ferry était : "les races supérieures ont des droits car elles ont des devoirs, elles ont le devoir de civiliser les races inférieures"...
    Un programme que le ’civilisateur’ tonkinois Ferry entendait mener non seulement contre les "races inférieures" d’Asie et d’Afrique, mais également contre les "races inférieures" de l’hexagone. Les Alsaciens y échappèrent jusqu’en 1919.
    Mais dès 1919, M. Coulet, premier Recteur d’Académie de Strasbourg, ordonna : « L’école a le devoir de veiller à ce que les enfants oublient chaque jour un mot d’allemand [comprendre nos dialectes] et apprennent à la place un nouveau mot de français ». Le commissaire de la République Alexandre Millerand abonda : « il s’agit d’amener les Alsaciens et les Lorrains à marcher d’eux-mêmes vers l’assimilation de plus en plus complète ». On pourchassa notre propre langue jusque dans les cours de récréations.

    En 1925, Anatole de Monzie, ministre de l’Instruction Publique, exigea : « pour l’unité linguistique de la France, la langue bretonne doit disparaître », prenant ainsi la suite du discours aux instituteurs du sous-préfet de Morlaix : « Surtout rappelez-vous, Messieurs, que vous n’êtes établis que pour tuer la langue bretonne ! » Tuer est bien le mot exact !

    En 1927, le recteur Charlety rejeta tout respect des Droits de l’Homme linguistiques et culturels les plus fondamentaux des Alsaciens en objectant à nos Heimatrechtler : « On n’élève pas un peuple en lui cédant ». Merci Sahib !
    Dans certaines écoles du Sundgau, les élèves surpris en train de parler leur dialecte « boche » entre eux, furent contraints de se laver la langue au savon…

    Sébastien Charléty expliqua d’ailleurs ainsi sa doctrine aux instituteurs : « Il s’agit d’éliminer toute possibilité de penser dans la langue maternelle, en lui substituant la trilogie : savoir le français, parler le français et penser en français ».

    Au moins, les sagouins de jadis avaient-ils l’honnêteté d’afficher clairement leurs obnubilations criminelles, leur volonté d’ethnocide.

    Plus près de nous, le président Pompidou asséna à Sarre-Union : « il n’y a pas de place pour les langues et cultures régionales dans une France qui est destinée à marquer l’Europe de son sceau ». Cocorico ! Mais les prédateurs qui leurs succédèrent eurent plutôt pour devise : y œuvrer toujours, l’avouer jamais !

    Suite au séditieux « Vive le Québec libre ! » du Général De Gaulle, on osa même objecter aux britophones : « Vous invoquez l’exemple québécois. Mais à quel titre ? Est-ce qu’on vous empêche, vous, de parler français ? ». Assimiler des populations entières n’est un crime condamnable que lorsque des minorités régionales francophones à l’étranger en sont prétendument les victimes...

    Dans une proposition de loi déposée entre autre par M. Zeller en 1981, on put lire : « Les mêmes politiciens qui clamaient ailleurs leur indignation de l’inadmissible répression culturelle allemande par exemple en Pologne, approuvaient et encourageaient dans les provinces françaises ces mêmes pratiques »... Une dénonciation très pertinente de l’hypocrisie ambiante, et d’ajouter : « En 1951, sous la pression de l’opinion,… la politique de génocide culturel a reçu un premier coup de frein. La loi du 11.1.51...autorise l’enseignement facultatif des langues et cultures régionales dans le cadre des activités dirigées, qui étaient alors hors programme et qui furent supprimées peu après ». Et basta.

    Interpellé en Alsace sur la non-ratification de la Charte Européenne des Langues Régionales, le ministre de la francophonie Jacques Toubon éructa majestueusement : « Rien ne nous oblige à rien ! ». Quant à l’Académicien Jean Dutourd, il cracha son fiel dans France-Soir Magazine : « Monsieur Lang ayant créé un Capes de patois breton, pourquoi ne pas créer un Capes de mendicité ? Il y a une culture à préserver, comme on dit de nos jours ».

    Et le ministre de l’Education Nationale Claude Allègre : « la France a besoin de fabriquer des informaticiens parlant anglais et on va fabriquer des bergers parlant breton ou occitan » ! Et que dire des ’trappeurs’ Acadiens et des ’chasseurs d’orignaux’ Québécois qui persistent ‘à baragouiner’ leurs ‘patois’ francophones ‘passéistes’, synonymes de ‘repli identitaire ethnique’, plutôt que l’anglais… ?

    D’aucuns pensent que la langue maternelle des enfants est celle qui leur est transmise par les parents. C’est faux, archi-faux, car les parents sont totalement impuissants face au rouleau compresseur de l’école. Combien d’entre eux firent le constat amer : "mon enfant parlait alsacien jusqu’à son admission en maternelle, depuis il me répond systématiquement en français". Quel crime !

    C’est l’école qui tue ou qui propage une langue. C’est l’école qui a importé et imposé la langue française en Alsace, et ce de quelle façon ! L’école peut même ressusciter une langue morte, à l’instar de l’hébreux qui aujourd’hui est redevenu la langue courante de 6 millions d’Israéliens. Hors de l’école, point de salut pour nos langues régionales. L’historien Jullian précisa fort justement : "une langue que l’on n’enseigne pas est une langue que l’on tue, tuer une langue est un crime". La plupart des Alsaciens ont subi une scolarité complète sans jamais y avoir rencontré une seule fois leur propre langue martyrisée…

    Extrait du règlement intérieur d’une école alsacienne en 1973 : « le français sera seul en usage dans l’école. Le patois (sic) sera banni de la cour de récréation et du terrain de sport ». L’école de l’impérialisme et de l’exclusion…

    Un inspecteur de l’Education Nationale : « Il y a des gens qui s’imaginent qu’en Alsace, c’est libérer les enfants que de les laisser parler l’alsacien, ce serait à mon avis un non-sens car ce serait retourner à l’homme des cavernes ». Paroles d’un ‘civilisateur’ éclairé…

    Une inspectrice des Maternelles : « un enseignement de l’allemand ne peut convenir à côté de la frontière ». Tous à vos chassepots !

    Un inspecteur de l’Education Nationale en 1976 : « Il faut (sic !) que le français devienne la langue maternelle de tous les petits…Il n’est pas souhaitable que vous fassiez usage de l’alsacien dans vos dialogues avec eux ». De la maternelle à l’université, de la cour de récréation à la salle de lecture, les jeunes alsaciens doivent baigner dans un univers exclusivement francophone qui doit définitivement les couper de leur propre langue maternelle qui leur deviendra alors totalement étrangère. Une condition sine qua non du meurtre linguistique.

    Et le professeur Pierre Klein de commenter : « l’ère du refoulement de la personnalité alsacienne des enfants commence. Tout ce que cette personnalité compte de valeurs propres sera tabouisé par l’école et seul l’apport français en Alsace sera mis en valeur. Des générations d’Alsaciens seront formées dans l’ignorance totale du riche passé de leur région. Et par la suite, des générations d’aliénés produiront d’autres générations d’ « aliénés ». Une fabrique « d’aliénés » donc…

    • Et si pour moi, nîmois depuis toujours, je revendiquais la langue de mes ancêtres comme étant un dialecte gaulois et non comme étant un dialecte occitan. Pourquoi n’en aurais-je pas le droit ? Nos ancêtres n’étaient-ils pas tous des Gaulois, après tout ?
      Avant les dialectes occitans, il y avait, dans le Sud de ce qui est la France aujourd’hui, d’autres dialectes. Si ces autres dialectes ont disparu au profit de dialectes occitans, c’est qu’il y a eu une colonisation : celle des Romains. Autrement dit les dialectes occitans sont issus d’un fait colonial. Ainsi dit, je ne vois pas pourquoi je me libérerais plus en parlant un dialecte occitan qu’en parlant français.
      Cela pour dire que tout est relatif.
      Par contre, on choisit de parler français pour faire partie d’une grande nation et parler ainsi d’égal à égal avec les Grands de ce monde. Cela permettant, en plus, qu’au niveau international tout ne se fasse pas qu’en anglais.
      Si on choisit tous de se replier derrière une langue régionale, comment fera-t-on alors pour s’exprimer sur le plan international, si ce n’est en anglais ?
      Moralité, je crains que les langues régionales ne fassent le jeu du tout anglais.
      En fait, nous sommes tous manipulés, c’est l’anglicisation qui est au programme, les langues régionales ne sont là que pour diviser les Français et faire diversion tandis que partout, c’est l’anglais qui s’impose.
      Cette année au concours de l’Eurovision, la France a chanté en anglais, c’est peu dire.

  • Le texte de cette contribution des Verts de la Réunion, est identique au texte d’un communiqué diffusé par l’UDB (Union Démocratique Bretonne) en métropole le 19 juin dernier. Amusant !

    Voir en ligne : Lire sur Ouiaubreton

  • Quel problème, quelles solutions, quelle situation cible ? Et quelques autres questions

    Bonjour Steini / Lingelser,

    je vois que vous envoyez le même - trop - long commentaire à tous les sites relatifs à la question !
    Mais au-delà des déclarations, citations, certe édifiantes pour certaines, pourriez-vous répondre à mes interrogations :

    Parlez-vous, vous-même, alsacien ?
    Combien de personnes l’ont comme langue maternelle ? Combien de personnes ont l’alsacien, l’occitan ou une autre langue régionale (LR), comme
    langue *maternelle* ? Et combien parmi elles l’ont comme langue maternelle *exclusive* ?

    Quelle est votre conception personnelle des choses ?
    Souhaitez-vous, comme certains régionalistes, que l’occitan, l’alsacien etc, soient au même
    niveau que le français,
    ou autrement dit, que le français descende au niveau de ces LR ?

    L’occitan et les autres LR peuvent être appris à l’école, au collège, au lycée. Que faut-il de plus ?
    Descendons de nos nuages, arrêtons les grands discours, mettons fin aux insultes qui volent de part et d’autre,
    et parlons concrètement.

    Y a-t-il un pays que vous considérez comme un modèle ? L’Espagne semble vouloir revenir de la place trop grande laissée aux LR, qui tendent à supplanter l’espagnol, à discriminer ses locuteurs, à obliger les étrangers à parler le catalan plutôt que le castillan. En Suisse, de plus en plus, l’anglais est utilisé comme langue commune entre locuteurs des différentes langues nationales. La Belgique, n’en parlons même pas, la solution est exhaustive.

    La situation est-elle meilleure dans un autre pays ? En Italie ? En Allemagne ?

    Mais, somme toute, sommes-nous vraiment comparables en l’affaire ?
    Je ne suis pas sûr.

    Quel est le problème avec la situation actuelle ?
    Quelle est votre situation cible ?
    Quels moyens devraient être mis en oeuvre pour l’atteindre ?

    Merci d’avance pour toutes vos explications !

  • Bonjour Aleks
    Quel flot de questions, on dirait presque un interrogatoire des Renseignements Généraux ? 8-)

    Mais elles sont pertinentes et elles méritent des réponses. Débordé de travail, je crains cependant qu’il vous faille attendre au moins ce week-end...
    Mon long commentaire avait pour but de clouer le bec des hordes de négationnistes, du style : "la République n’a jamais fait la guerre aux langues régionales", leurs locuteurs "se victimisent", ils ont des "hallucinations collectives" etc.
    Il est certes long, et encore j’aurais de multiples faits historiques complémentaires à citer, c’est pourquoi je l’ai scindé en trois. La deuxième partie (ci-dessous) décrit la politique actuelle de la France à ce sujet. La Troisième (et dernière) partie traitera des solutions, des modèles à suivre (ou non) et de ma vision d’avenir, elle répondra donc à vos questions. Mais je ne l’ai pas encore rédigée, vous m’avez pris de vitesse...

    La politique linguistique actuelle de la France :

    Certes, aujourd’hui, l’Éducation Nationale ne persécute plus directement les allophones, car cela n’est plus du tout nécessaire et ce serait même contre-productif. Au contraire, il s’agit désormais d’affecter de se préoccuper du « déclin » (sic !) des langues régionales, de feindre l’empathie avec ses victimes, tout en veillant à ce que leur garrot d’étranglement ne soit pas trop desserré. On se résout désormais à contrecœur sur le fait que les Bretons, les Basques, les Corses, les Catalans, les créoles ou les Alsaciens les plus pugnaces puissent eux aussi apprendre un petit peu leurs propres langues à l’école (attention : en-dessous et derrière le français !), mais alors uniquement comme on apprend le latin ou le grec ancien, c’est à dire comme une langue morte, inutile, facultative et redondante, n’ayant plus aucune assise dans la vie courante. Et en attendant, on joue la montre. On a déjà réussi à inhiber la transmission des langues régionales et à les pousser toutes vers l’éradication à moyen terme.

    Elles se portent très bien au Canada, en Suisse et en Belgique, merci.

    Les mesurettes en faveur des langues régionales (7% de classes bilingues arrachées aux forceps par-ci, une option folklorique par-là), ne sont aucunement conçues pour sauver les langues régionales, surtout pas !, mais uniquement pour servir d’alibi de déculpabilisation lorsqu’elles auront enfin crevées, et pour duper les élus locaux assez benêts pour y croire. On veillera à ce que ces mesurettes ne dépassent jamais le cadre du « trop peu, trop tard ». Lorsque la victime a besoin d’une perfusion, on lui prescrit une saignée, et lorsqu’elle nécessite une réanimation cardiaque, on lui administre un suppositoire.
    Bien sûr, le "Pays des Droits de l’Homme" finira lui-aussi par se conformer aux normes internationales des droits fondamentaux des minorités linguistiques (Nations Unies, Unesco, Institutions Européennes etc). Il ratifiera en tout dernier lieu la Charte Européenne des Langues Régionales,….dès que celle-ci sera devenue caduque en France, faute de locuteurs allophones survivants !

    C’est pourquoi, la France signa cette Charte Européenne pour se donner internationalement des airs d’innocence et de bonne volonté, tout en repoussant à perpète sa ratification pour ne pas avoir à se l’appliquer ! Quelle Kolossale ruse...

    Le pompon de cette tartufferie appartient incontestablement au Président Jacques Chirac. Quelques semaines à peine après avoir saisi le Conseil Constitutionnel pour torpiller la ratification de cette Charte, M. Chirac s’en alla à Moncton pour le Sommet de la Francophonie, afin de soutenir au Nouveau Brunswick (oups, en ’Acadie’ !) les 35% d’habitants de souche française de cette province et leur droit inaliénable à l’officialité de leur langue particulière et au bilinguisme public et scolaire. En France, ce comportement est systématiquement vilipendé en "communautarisme ethnique", en "repli identitaire totémique" derrière une langue etc. Il est très curieux que ce vocabulaire méprisant ne soit jamais utilisé à l’encontre des minorités régionales francophones à l’étranger. Le Nouveau Brunswick est de fait une province canadienne bilingue, contrairement au Québec strictement francophone en dépit de la présence de 20% de Québécois anglophones. On aura bien noté que les francophones sont pour le bilinguisme public là où ils sont minoritaires, et hostiles au bilinguisme public là où ils sont majoritaires (Québec et France)...

    Puis, M. Chirac alla inaugurer la toute nouvelle province canadienne du Nunavut qui a eu la riche idée non seulement d’officialiser la langue Inuit, mais également l’anglais et..le français ! Nulle doute que M. Chirac a prodigué moult recommandations non sollicitées aux autorités canadiennes sur la meilleure manière dont ce pays doit respecter ses langues régionales, les officialiser et les promouvoir, notamment et surtout la langue française...

    C’est ainsi que la France prône le pluralisme linguistique dans le monde, peste contre l’hégémonie du tout anglais, et donne des leçons au Canada sur la manière dont l’identité linguistique spécifique du Québec (et même de ‘l’Acadie’ !) doit impérativement être respectée et officialisée, contrairement aux langues régionales de France placées sous le joug de l’impérialisme pan-francophone. Lorsque la France ne promeut pas carrément à l’étranger la sédition du séparatisme ("vive le Québec libre" ; "la Wallonie manque à la France") qu’elle condamne par ailleurs chez elle…

    On fait difficilement plus retors, mais les hypocrites ne le sont jamais à moitié. A défaut de bilinguisme, on cultive avec brio le double-linguisme...

    Prochain commentaire : les solutions

    • M. Lingelser dans votre plaidoyer pour les langues régionales vous ne faites pas de différences de niveau entre les langues. Pourtant, c’est un fait, à moins que vous vouliez réécrire l’histoire, il y a des langues ethniques, des langues nationales et des langues internationales.
      Chirac en défendant le français en Acadie et au Canada, ne défendait pas une langue ethnique, mais une langue internationale.
      Voulez-vous, en fait, comme rêve de le faire les euro-mondialistes, que tout le monde parle sa langue ethnique et l’anglais en commun ?
      Moi, je pense, au lieu de cracher sur la langue française comme beaucoup le font actuellement, qu’il vaudrait mieux être tous derrière le français, langue internationale, pour ne pas être tous clonés demain à l’anglais de l’Oncle Sam.

      Voir en ligne : http://www.francophonie-avenir.com

  • M. Pasagenoux a écrit :
    "M. Lingelser dans votre plaidoyer pour les langues régionales vous ne faites pas de différences de niveau entre les langues."

    En effet, n’étant pas raciste, j’estime que toutes les langues ont la même dignité, qu’elles soient parlées par 100 personnes ou par plus d’un milliard (chinois). Leurs locuteurs ont tous exactement les mêmes droits fondamentaux. Il n’y a ni langues supérieures, ni races supérieures. Établir des hiérarchies entre les cultures, c’est établir des hiérarchies entre les hommes.

    "il y a des langues ethniques, des langues nationales et des langues internationales", avez-vous écrit.
    Mais toutes les langues de la terre sont ethniques, y compris l’anglais et le français qui ne sont pas des langues artificielles surgies de nulle part.
    Une "langue nationale" ou "internationale", ce n’est historiquement rien d’autre qu’une langue ethnique avec une armée, une marine, des hussards noirs et un gros gourdin !
    Certes, les Bretons n’ont jamais imposé par la force l’usage de leur langue à leurs voisins Normands ou ’Ligériens’, tout comme les Alsaciens n’ont jamais imposé par la force l’usage de leur langue à leurs voisins Francs-comtois ou Lorrains.
    Nos pacifiques langues sont donc restées attachées à leurs territoires d’origines, à leurs créateurs "ethniques", comme vous dites avec dédain.
    Faut-il pour autant en punir les locuteurs en leur refusant le droit fondamental à l’usage et à la reconnaissance de leurs langues chez eux, dans la sphère publique comme dans la sphère privée, ainsi que leur enseignement, et ce pour avoir manifesté une absence de pulsions impérialistes à l’encontre de leurs voisins immédiats ?
    D’autres ethnies, comme les francophones Français ou les anglais par exemple, ont par la guerre, l’invasion, le colonialisme et l’esclavage, imposés l’usage de leurs propres langues aux autres ethnies qu’ils ont ainsi massacrées, déportées, soumises et annexées.
    Faut-il pour autant concéder à leurs langues le titre gratifiant de "langues supérieures qui transcendent (sic !)les clivages ethniques " afin d’honorer leur impérialisme et leur méchanceté ?

    "Chirac en défendant le français en Acadie et au Canada, ne défendait pas une langue ethnique, mais une langue internationale" affirmez-vous.
    Tiens donc ! Mais qui parle français au Canada ?
    Les 6 millions de Canadiens d’origine ethnique française ! Tous les autres apprennent l’anglais.
    Les Québécois obligent certes les immigrants allophones qui s’installent dans la Belle Province à apprendre la langue régionale française, car on ne leur demande pas leur avis (tiens là-bas, ce n’est pas condamnable...), mais s’ils avaient le choix, ils choisiraient presque tous d’apprendre d’abord l’anglais, même au Québec...
    Au Canada, la langue de "l’enfermement ethnique", c’est le français.
    Il est curieux que vous condamniez l’impérialisme anglophone, alors que l’impérialisme francophone ne vous gène pas le moins du monde. La langue anglaise s’est pourtant imposée dans le monde exactement de la même manière que la langue française....
    Pourquoi voudriez-vous que les Bretons, les Basques, les Corses, les Créoles ou les Alsaciens soutiennent les prétentions de la francophonie dans le monde, après ce que celle-ci leur a fait subir ?
    Ne sont-ils pas tentés de penser : si demain la langue anglaise faisait subir à la langue française exactement le même impérialisme que le français a fait subir à nos langues, ce ne serait que justice ?
    Si vous condamnez l’impérialisme du "tout-anglais" à l’étranger, vous devez aussi condamner l’impérialisme du "tout-français" en France !
    Moi, je récuse toute suprématie linguistique, je suis pour l’union dans la diversité et non dans l’uniformité.
    Il faut être cohérent, vous ne pouvez pas reprocher aux Grands-bretons anglophones d’imiter la loi du plus fort des Grands-gaulois francophones !
    J’ajouterai enfin que si "l’ethnie" Gauloise a complètement perdu l’usage de sa propre langue sous cinq siècles d’occupation romaine, cela ne les autorise aucunement à se comporter de la même manière avec nous.

  • A M.Lingelser,

    Ainsi vous écrivez ce qui suit : En effet, n’étant pas raciste (Oh ! le grand mot), j’estime que toutes les langues ont la même dignité, et plus loin, il n’y a pas de races supérieures !!! Qui veut trop prouver ne prouve rien et par là-même vous vous dénonciez.
    Que vient faire ce mot de "Raciste " dans ce dialogue ? Y a-t-il des complexés ??
    Pourquoi tant de haines, pourquoi tant d’animosités, d’incompréhensions à l’encontre de la langue Française. Doit-on l’ignorer au profit d’autres langues ??.
    Il est tout à fait normal que l’on parle le Chinois en Chine, tout comme il est aussi normal que l’on parle le français en France.
    Chaque pays doit enseigner sa langue nationale sur tout son territoire pour la bonne compréhension entre ses différentes régions. Où est le problème ??
    Doit-on voir dans toute cette prose, le travail de la 5ème Colonne ???

  • @ M. le Pacifique,

    Je ne vois vraiment pas pourquoi le fait d’avoir affirmé que je ne suis pas raciste vous irrite à ce point !
    "Doit-on voir dans toute cette prose, le travail de la 5ème Colonne ? ? ?" écrivez-vous.
    Je ne suis pas paranoïaque non plus. Il ne faut pas voir de complots de l’étranger partout.

    Si j’ai bien compris votre raisonnement, le simple fait de défendre les droits linguistiques fondamentaux des non-francophones, y compris contre l’impérialisme panfrancophone bien réel lui et non seulement contre l’impérialisme anglophone, fait de moi ipso facto un ennemi de la francophonie.
    Je suis l’ennemi de la panfrancophonie et non de la francophonie. D’ailleurs, je peux m’exprimer aussi bien en alsacien, en allemand, en français et en anglais. Je ne suis donc l’ennemi d’aucune langue. Peut-on en dire de même de ceux qui réfutent les droits linguistiques des minorités régionales allophones de France ?

    Je n’ai pour ma part rien contre les droits linguistiques spécifiques des minorités régionales francophones à l’étranger, bien au contraire. Simplement, je demande exactement la même chose pour nous et je dénonce l’incroyable tartufferie qui consiste à défendre leurs droits spécifiques à l’étranger, y compris leur droit de vivre dans une "société distincte" (sic !) du reste de leurs communautés nationales respectives (Canada, Belgique, Italie, Suisse) basée sur "l’exception culturelle francophone", tout en s’asseyant avec arrogance sur ces mêmes droits lorsqu’il s’agit des minorités régionales allophones de France. Ce double-langage, ce double-standard est indigne d’un pays qui prétend être celui des droits de l’Homme.

    Vous avez écrit : "Il est tout à fait normal que l’on parle le Chinois en Chine, tout comme il est aussi normal que l’on parle le français en France. Chaque pays doit enseigner sa (sic) langue nationale sur tout son territoire pour la bonne
    compréhension entre ses différentes régions. Où est le problème ? ?"

    Donc il est "tout à fait normal" que l’on parle "la" langue nationale anglaise sur tout le territoire du Canada (et tant pis pour les Acadiens, les Québécois et les Inuits), que l’on parle "la" langue nationale allemande sur tout le territoire de la Suisse (et tant pis pour les Romands, les Romanches et les italophones), que l’on parle "la" langue nationale flamande sur tout le territoire de la Belgique (et tant pis pour les Wallons et les germanophones) et que l’on parle "la" langue nationale italienne sur tout le territoire de l’Italie (et tant pis pour les valdotains et les sud-tyroliens). Où est le problème ?

    Pour ma part, j’estime que s’il est bon que les Québécois maîtrisent également la langue anglaise comme seconde langue, il est par contre primordial qu’ils puissent s’exprimer chez eux dans leur propre langue régionale, et ce dans la sphère publique comme dans la sphère privée !

    Je suis donc obligé de défendre les droits linguistiques spécifiques des minorités régionales francophones contre...vous !!!

    Et qu’en est-il ailleurs dans le monde ?
    Le monolinguisme est l’exception, le plurilinguisme est la règle.

    La Russie est une fédération décentralisée qui compte 89 unités territoriales, dont 21 Républiques autonomes.
    La Tchétchénie est une république autonome ; le tchétchène y est langue officielle. Eh oui, même les Russes reconnaissent celà en dépit des ’événements’ là-bas !

    La Chine reconnaît officiellement 55 minorités. « Le tibétain est langue officielle au Tibet. Les documents administratifs chinois sont traduits en tibétain ». Le tibétain est langue obligatoire dans les écoles. Et qu’en est-il du breton, du basque ou du Corse en France ?

    Le Canada reconnaît à égalité le français et l’anglais comme langues officielles, alors que le français est largement minoritaire.

    Et je ne parle pas de l’Inde, des Seychelles, des Comores, de Madagascar ou de l’île Maurice qui intéressent les Réunionnais.

    Aux États-Unis, il existe depuis 1990 le Native American Languages Act, la loi sur les langues indiennes.
    - Cette loi permet à des personnes sans diplôme universitaire suffisant, à savoir les vieux locuteurs, d’enseigner les langues menacées dans le cadre de l’enseignement public.
    - Elle reconnaît le droit d’utiliser la langue menacée comme langue véhiculaire dans l’enseignement public et recommande l’enseignement par immersion !
    - Elle reconnaît le droit à toutes les instances locales, régionales ou étatiques de prendre des initiatives dans le domaine de la défense des langues menacées.
    - Elle reconnaît les cursus, les diplômes et les examens passés en utilisant les langues menacées.

    Eh oui, il vaut mieux être Québécois, Créole ou Indien en pays anglophone, que Créole, Alsacien ou Breton dans une France qui se replie sur l’impérialisme de son monolinguisme panfrancophone.


Témoignages - 80e année


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