La SIDR est une filiale de CDC-Habitat, elle-même filiale de la Caisse des dépôts et consignation, véritable propriétaire de l’immeuble ravagé par un incendie

Incendie d’un immeuble SIDR à Saint-Denis : la Caisse des dépôts et consignations doit aider massivement les victimes

14 décembre 2021, par Manuel Marchal

L’État a restructuré le logement social outre-mer autour de deux acteurs basés à Paris : le groupe Action Logement et CDC-Habitat, filiale d’une banque publique, la Caisse des dépôts et consignations. La SIDR, la SEMADER et la SODIAC sont des filiales de CDC-Habitat. La maison-mère de ces trois bailleurs sociaux est une filiale de la Caisse des dépôts et consignations qui est donc la véritable propriétaire de l’immeuble ravagé par un incendie à Saint-Denis. L’État a voulu faire d’une filiale de la CDC l’acteur et décideur principal du logement social à La Réunion, la Caisse des dépôts et consignations doit donc être l’acteur principal de la solidarité envers les victimes de l’incendie de l’immeuble SIDR de Montgaillard à Saint-Denis.

La SIDR est une des 8 filiales du Groupe CDC-Habitat, lui même filiale de la Caisse des dépôts et consignation. CDC-Habitat est le premier bailleur social en France, il gère environ 525.000 logements. CDC-Habitat est également le plus important bailleur social dans les anciennes colonies devenues département. C’est ce qui permet à la filiale de la Caisse des dépôts et consignations d’affirmer ceci :

« Nous intervenons en Guadeloupe, en Martinique, à Mayotte, à la Réunion et en Guyane via nos huit filiales implantées en outre-mer, toutes des acteurs majeurs de ces territoires où la demande de logements locatifs, en particulier sociaux, reste très forte ».

En Guadeloupe, sa filiale Société Immobilière de Guadeloupe (SIG) gère 19.000 logements. A la Martinique, 12.000 logements sont gérés par la Société Immobilière de Martinique (SIMAR). En Guyane, ses filiales SIG et SIMKO sont l’interlocutrice de plus de 16.000 locataires. A Mayotte, plus de 2.700 logements dépendent de Société Immobilière de Mayotte (SIM), unique bailleur social de l’île.
A La Réunion, l’implantation de la filiale de la Caisse des dépôts et consignations est la plus importante. 26 434 logements gérés par la SIDR, 8 170 logements par la SEMADER et 4 141 par la SODIAC en 2020.

Prise en main du logement social outre-mer par Paris

Cette expansion de la filiale habitat de la Caisse des dépôts et consignations résulte d’une volonté de l’État. En mai 2016, Paul Vergès avait adressé une question écrite à la ministre des Outre-mer, au sujet de la vente prévue des Sociétés immobilières des DOM (SIDOM), dont la SIDR, à la Société nationale immobilière. Il précisait notamment ceci :

« En octobre 2015, la ministre des outre-mer a annoncé que le Gouvernement voulait s’adosser à la caisse des dépôts et consignations (CDC), acteur public important, comme actionnaire majoritaire ; elle précisait que les décisions pourraient s’ajuster suivant les territoires pour permettre à quelques collectivités locales de monter en puissance, sans pour autant atteindre 50,1 % du capital. Le nom d’un opérateur était avancé : la société nationale immobilière (SNI), filiale de la CDC. »

La SNI est devenue depuis CDC-Habitat.
En effet, auparavant les bailleurs sociaux tels que la SIDR étaient sous la responsabilité d’acteurs réunionnais. Paris a voulu restructurer toute la filière HLM des DOM, en l’organisant autour de la filiale de la Caisse des dépôts et consignations qui détient à La Réunion la SIDR, la SEMADER et la SODIAC, et du groupe Action Logement, propriétaire de la SHLMR.
Ainsi, l’argent débloqué par le gouvernement pour construire des logements sociaux, les rénover ou les entretenir est géré par des groupes immobiliers basés en France, alors qu’auparavant il était affecté à des sociétés immobilières autochtones. Cette centralisation de la politique du logement social s’est effectuée alors que le gouvernement prenait d’importants engagements pour augmenter sa contribution à la construction de logements sociaux, via notamment le Plan logement outre-mer.

Plus de 700 millions d’euros de résultat net l’an dernier

Dès lors, il apparaît clairement que le véritable propriétaire de l’immeuble ravagé par un incendie est la Caisse des dépôts et consignations. La CDC centralise l’ensemble de l’épargne collectée sur les Livrets A. C’est une structure dépendant de l’État, comme le rappelle la composition de son Conseil de surveillance, essentiellement des parlementaires, des hauts fonctionnaires ou des « personnes qualifiées » désignées par l’État et le président du Sénat.
La Caisse des dépôts a réalisé plus de 700 millions d’euros de résultat net l’an dernier. Elle est la propriétaire du plus important bailleur social de la République, qui est aussi le plus important à La Réunion via trois filiales de Caisse des dépôts et consignations-Habitat.
Force est de constater que plus de 24 heures après la catastrophe, la Caisse des dépôts et consignations et sa filiale CDC-Habitat ne se sont pas exprimées en tant que telles. Eric Lombard, directeur de la Caisse des dépôts ou Anne-Sophie Grave, présidente du Directoire de CDC-Habitat ne sont pas encore intervenus officiellement, et aucun communiqué officiel de CDC-Habitat en lien avec l’incendie meurtrier n’est à mettre à l’actif du propriétaire de l’immeuble sinistré.
Il n’empêche qu’en tant que propriétaire et banque publique, la Caisse des dépôts et consignations se doit de réagir. L’État a voulu faire d’une filiale de la CDC l’acteur principal du logement social à La Réunion, la Caisse des dépôts et consignations doit donc être l’acteur principal de la solidarité envers les victimes.

M.M.

A la Une de l’actu

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus