Place des jeunes réunionnais dans l’Europe

Jeunesse 2004 font entendre leur voix

5 juin 2004

Le Collectif “Jeunesse 2004” a donné hier une conférence de presse afin de rappeler les enjeux de l’Europe pour La Réunion et sa jeunesse. Conscient des grands défis qui s’offrent à notre pays, il souhaite que chaque citoyen prenne sa place au cœur du débat européen, aux cotés des candidats, et participe activement au vote du 13 juin.

La jeunesse réunionnaise, par la voix du collectif, se dit inquiète et lance le débat sur des sujets qui lui tiennent à cœur. Isabelle Saigainy parle tout d’abord d’une "mobilité nécessaire". Les horizons européens et les pays de la zone océan Indien doivent s’ouvrir à la jeunesse réunionnaise, faisant ainsi de la mobilité un "ferment pour le développement durable de notre île", à condition que soit mis en place "un projet professionnel stable", et non, qu’il s’agisse "d’un exil pour évacuer le problème de l’emploi. Il faut relever le défi".
La Région a, selon elle, déjà largement amorcé l’opportunité "d’échanges transversaux avec le reste du monde", alors que la majorité de nos élus ignorent encore "le concept d’interculturalité pour développer des programmes d’échanges et ainsi favoriser le principe de continuité territoriale". Isabelle voit dans l’Europe l’opportunité pour La Réunion de se développer, à condition qu’elle soit "l’interlocuteur direct auprès des instances européennes", au sein d’un réel partenariat en faveur des intérêts des Réunionnaises et des Réunionnais. Et défendre les intérêts des Réunionnais passe, pour Claire Claude, par la protection d’un marché de l’emploi déjà étroit. Elle affirme que le problème de l’emploi est une préoccupation majeure de la jeunesse et de sa descendance et estime que "plutôt que de se tirer dans les pattes, les candidats aux élections européennes devraient plus prendre en compte les inquiétudes et la souffrance de la jeunesse réunionnaise et s’exprimer dans un débat ouvert".

"L’Europe est un lieu de débat"

C’est parce que "l’agriculture ne peut être dissociée du sujet européen", que Willy Periam Monedy a tenu à soulever le problème crucial de son avenir à La Réunion et plus particulièrement, de celui de la filière canne. Les menaces exercées auprès de l’OMC (Organisation mondiale du commerce), notamment par le Brésil, sont bien réelles selon Willy. Avec 26.000 hectares de terres agricoles pour 5.000 producteurs à La Réunion, il parle d’"un espace agricole faible qui subit également les pressions du foncier". C’est pourquoi, "il faut rechercher d’autres pistes de développement, en tenant compte de la protection de l’environnement (la canne à sucre résiste au climat et protège les sols), des terres agricoles face aux menaces du foncier et de l’emploi dans la filière canne". Pour Willy, "l’Europe est un lieu de débat et nous demandons à nos élus, à l’approche des élections, de se positionner sur le sujet". “Jeunesse 2004” envisage, quant à elle, la pêche comme un pôle à développer davantage.
Fabienne Sinien note que l’artisanat est un secteur d’activité créateur d’emploi et qui participe au développement économique local. Mais elle s’inquiète de "la concurrence extrêmement rude qui risque de la faire disparaître". Avec 62% d’importations, et les Accords de Cotonou qui permettent un écoulement des produits sur le sol réunionnais, alors que l’inverse n’est pas envisagé, Fabienne suggère "la rédaction d’un document pour protéger les produits de l’artisanat local, avec la création d’un label réunionnais".

Estéfany


La jeunesse appelle à voter l’Alliance pour l’Outre-mer

"La politique régionale de l’Union européenne vise à réduire les disparités entre les régions et à renforcer la cohésion sociale", rappelle Guylène Doressamy, membre du collectif “Jeunesse 2004”. Bien que La Réunion, classée en objectif 1, bénéficie de budgets européens plus importants, elle souligne que l’élargissement de l’Europe à 10 nouveaux pays, depuis le 1er mai 2004, représente une menace non négligeable pour notre territoire insulaire. C’est parce que les enjeux et défis de l’Europe doivent faire l’objet d’une prise de conscience collective que “Jeunesse 2004” invite le plus grand nombre à se rendre aux urnes. "C’est l’affaire de tous les citoyens et les élections européennes doivent attirer autant que les élections locales", affirme Isabelle Saigainy qui envisage le vote comme "le premier pas de notre insertion à l’Europe".
Le collectif reconnaît en Paul Vergès un homme d’écoute et de projets qui a su répondre aux attentes de la jeunesse en matière d’accès égal pour tous au savoir. La participation de la collectivité régionale à l’achat des manuels scolaires pour les lycéens représente, pour le collectif, une main tendue vers la jeunesse. “Jeunesse 2004” a tenu à le remercier publiquement pour avoir pris en compte les doléances et les besoins de la jeunesse dans ce domaine..


“Jeunesse 2004” censuré

Afin de lancer un débat public sur la question cruciale de l’Europe, “Jeunesse 2004” s’est adressé aux médias télévisuels afin de réveiller les jeunes consciences. Cependant le collectif estime être censuré. "Certes nous affichons nos positions politiques mais nous voulons surtout créer un débat pour marquer notre participation citoyenne aux grands sujets qui nous concernent", rappelle Isabelle Saigainy. "Que se soit à gauche ou à droite, la jeunesse est endormie, et nous nous voulons la réveiller pour que les problèmes de fond soient traités".
À la conférence donnée hier par le collectif, notre journal était le seul organe de presse quotidienne présent. Alors que la jeunesse est trop souvent accusée à tord de ne pas s’impliquer dans les décisions qui concernent son avenir, la censure dont est victime “Jeunesse 2004” est parfaitement inacceptable et démontre que l’expression n’est pas aussi libre qu’on voudrait nous le laisser entendre.


Conférence débat lundi à l’université

Après avoir abordé les thèmes de la laïcité, de l’emploi et de la langue, “Jeunesse 2004” propose sa quatrième conférence-débat de l’année portant sur “Le rassemblement des forces progressistes : la naissance d’un parti d’une ère nouvelle”.
Julie Pontalba traitera de l’analyse historique de “la naissance des forces de progrès à travers le temps”, Issam’Bae, fera “l’étude du système malgache, de la naissance à l’évolution des forces de progrès”. Et enfin, Isabelle Saigainy fera “l’approche avant-gardiste du rassemblement des forces de progrès ou l’existence d’un parti du nouveau genre”. Cette conférence débutera à 18 heures, à l’amphithéâtre 202 de la Faculté de Lettres de l’Université du Moufia, et le collectif “Jeunesse 2004” espère vous y retrouver nombreux.


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