Une figure de l’Entre-Deux

Joseph-Iréné Beldan fête ses 100 ans

20 mars 2010, par Jean Fabrice Nativel

Joseph–Iréné Beldan a fêté vendredi 19 mars 2010 ses 100 ans à l’endroit même où il est né, le 19 mars 1910, au 14 rue Césaire à l’Entre-Deux. C’est un jour exceptionnel ! Il a eu une vie bien remplie. Et aujourd’hui, on se retrouve à nouveau autour de pépé pour lui dire : « joyeux anniversaire ! » et qu’on l’aime de tout notre cœur.

Clin d’œil tout particulier à sa femme Marie-Noémie — née Brutier. De leur amour sont nés Lucie, Pierrot et Jo.
Pierrot habite le domicile et s’occupe du jardin. Enfants, petits-enfants et arrières petits-enfants viennent régulièrement rendre visite aux grands-parents. En leur compagnie, le temps lontan est évoqué autour d’un bon kari, de longanis, d’un café.

Un père pâtissier et cultivateur

« Mon père était pâtissier et cultivateur »(1) se souvient, comme si c’était hier, le centenaire. À proximité de la case, il avait réalisé un four où, après confections, cuisaient les gâteaux. Une fois prêts, il les disposait dans « une malle » et ensuite allait les vendre à la Mare, et même jusqu’à Grand-Bassin. Pour les baptêmes, communions… on passait commande avec lui. Son père était travailleur. Une conduite transmise à Joseph-Iréné Beldan qui, à son tour, la relayée à ses chérubins.

Un homme complet

Il a été militaire — mobilisé pour la Seconde Guerre mondiale — agriculteur, administrateur à la Chambre d’agriculture, conseiller municipal, président des anciens combattants, a travaillé à la réalisation de la route de Cilaos, et avec la chaise à porteur, sur laquelle il menait les passagers au Cirque pour une cure aux thermes… Au sein et en dehors de sa ville, il est connu, respecté de tous, et vice-versa. N’empêche, pour ses idées politiques, il a dû faire face à certaines difficultés. De même pour son frère Maxime Beldan, lui aussi mobilisé pour la Première et Seconde Guerre mondiale. Il s’est aussi occupé des papiers d’Entre-deusiens afin qu’ils perçoivent leurs salaires.

Mobilisé pour la Seconde Guerre mondiale

“Joseph Beldan” effectue lors de la Guerre de 1939-1945 deux séjours en Indochine Française… Dans ses bagages, il y a en tout et pour tout “Le soldat catholique” que son frère lui avait remis entre temps. Un livre qu’il a perdu. Au second, il a été fait prisonnier de guerre des Japonais. Il a vu la mort de près… puis, il a été libéré. « Le 6 et le 9 août (1945), les Américains ont bombardé Nagasaki et Hiroshima, heureusement, c’est ce qui nous a sauvés… ».

De retour à La Réunion

Le 26 août 1946, il est de retour à La Réunion. À la Pointe des Galets au Port, le lieutenant Mahé les attend pour une discussion. Ensuite, cap Saint-Denis pour percevoir sa solde. Quelques jours après, il se rend à l’Entre-Deux où sont frère l’attend. Pendant son absence, le visage de La Réunion a quelque peu changé. Le sien aussi, car au sein de sa ville natale, on ne le reconnaît… Peu de temps après, si. Une chose attire son attention, dans l’île, ils sont nombreux à porter des chaussures.

Intègre

Ces épisodes de sa vie, racontées ici brièvement, on passerait des heures à les écouter tant c’est passionnant, enrichissant. Joseph-Iréné Beldan est resté un homme intègre, présent quand il faut, dévoué… Il incite les autres à apprendre, à se dépasser et à se réaliser.

Ses passe-temps : le foot, la lecture…

Il aimait le dimanche après-midi assister aux rencontres de l’équipe de football de l’Entre-Deux. Pour lui, la place était gratuite, mais il tenait absolument à la payer. Arrivé le Jour de l’An, doucement, mais sûrement, il confectionnait un pâté créole traditionnel délicieux — pas trop doux. Il coupait son bois destiné à la cuisson des plats, donnait à manger aux poules, canards, coqs, lapins… Et lisait “Témoignages” et les autres quotidiens, et continue à se tenir au courant de l’actualité…

On se souvient de l’époque où dans la cour, on tuait le cochon. Une véritable attraction pour toute la famille, toute la rue… Un vrai moment de solidarité où toutes les personnes étaient à l’œuvre.

Dans le village, ses descendants sont reconnus à travers lui. Joseph-Iréné Beldan est une figure de l’Entre-Deux.

Son souhait : qu’une personne vienne lui faire la lecture des journaux, des magazines, des livres historiques…

Jean-Fabrice Nativel

(1)
Pierre Beldan est marié à Élisa Basson. Le couple a donné naissance à Maxime, Théodore, Nazer, Lisette et lui-même.


Maxime Beldan

Il est le frère de Joseph Beldan et à l’Entre-Deux, on se souvient de lui. Il a aidé de nombreuses personnes à remplir des documents afin qu’elles perçoivent notamment leur salarié…


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