Dans l’affichage publicitaire, le mot "visuel" est sans doute le plus utilisé. Quoi de plus normal étant donné que le but recherché est de frapper l’imagination avec l’image.
La publicité était il y a bien longtemps appelée réclame, elle était plutôt du genre informatif et devait nous renseigner sur un produit mais également sur toutes les nouveautés, alors la pub se faisait par l’intermédiaire de l’affichage qui était, il est vrai, l’un des meilleurs moyens d’information avec la presse. Les campagnes d’affichage alors, n’étaient pas répétitives et duraient dans le temps, il n’était pas rare de conserver pendant plus d’un mois le même visuel pour une même série de produits. Quant à l’implantation des affiches, elle était faite de manière aléatoire sans aucune étude d’impact, alors le quidam s’habituait à cette réclame, somme toute, pas si gênante et souvent de bonne qualité.
Avec l’arrivée de la publicité à la télévision et la multiplication des postes, la pertinence du message publicitaire par voie d’affiche fut de moins en moins utile et pourtant les sociétés d’affichage ont augmenté le nombre de supports et les messages sont devenus plus simplistes mais surtout plus agressifs. Le but originel d’informer le consommateur laisse place désormais à des messages répétitifs qui ont pour fonction d’imprimer dans le subconscient du consommateur une envie irrépressible d’acheter le produit affiché en 4X3 sur l’ensemble des trajets qu’il fréquente. Ainsi du stade de consommateur nous passons au stade de consommateur captif.

L’affichage publicitaire : La publicité subie, à la limite du liberticide

Si la publicité est partout présente, que ce soit dans nos boîtes aux lettres, à la télévision, à la radio et même dans la presse, aucune de ces formes de publicité n’est autant imposée que l’affichage publicitaire, car pour toutes les formes citées rien ne nous oblige à les consulter, à moins d’être un publivore inconditionnel.
Tout le monde sait que l’intermède publicitaire à la télévision nous permet de nous détendre, de nous lever pour vaquer à d’autres occupations, il en est de même pour la radio, quant à la presse, personne ne nous oblige à consulter les pubs. Mais pour les affiches qui couvrent nos villes, aucun moyen d’y échapper, tout est fait pour qu’au moins une fois dans la journée nous soyons agressés (Le mot n’est pas si fort que cela) par des slogans pas toujours de haute portée intellectuelle. L’affichage publicitaire est devenu le cancer de notre environnement, c’est une des plus grandes pollutions visuelles et nous sommes les témoins passifs de cette agression. De par leur caractère omniprésent, les panneaux publicitaires sont devenus une gêne et distraient le conducteur en captivant son attention. Le législateur ne s’y est pas trompé en instituant l’interdiction de toute référence aux panneaux routiers sur les affiches publicitaires. Mais si en France, la législation sur la publicité extérieure est une des meilleures au monde, elle n’est malheureusement pas respectée ou si peu. Avec le matraquage par voie d’affiche, des professionnels de la publicité ont senti qu’ils ne servaient plus l’information des consommateurs mais qu’ils les abrutissaient et c’est ainsi que sont nées des associations de casseurs de pub. Ces repentis de la pub ont pris conscience de l’image négative et dégradante que véhicule ce média.

Je vous donnerai ici les coordonnées de deux associations qui luttent pour un meilleur respect de notre environnement visuel : "Les GLA" (Groupes Locaux d’Actions) qui lutte pour que l’affiche revienne à des proportions plus raisonnables voici l’adresse de son site Internet (http://www.antipub.net/gla/) et celle des "Casseurs de pub", il s’agit d’une association bien plus importante et beaucoup mieux structurée, elle édite un journal sur le Web, voici l’adresse de leur site (http://www.casseursdepub.net). "Les casseurs de pub" sont de plus en plus connus dans l’hexagone, ils sont les auteurs de grandes manifestations contre l’affichage publicitaire, ils sont surtout très utiles pour nous défendre contre l’agression de panneaux apposés illégalement.

Il faut savoir par exemple que si la réglementation était appliquée dans notre île, pas moins de 40% des panneaux publicitaires seraient contraints à disparaître. Notre île en matière d’affichage publicitaire est le département de France qui est plus laxiste. C’est de la réglementation publicitaire à La Réunion plus spécifiquement dont je vous parlerai dans le dernier volet concernant l’affiche dans nos villes. Nous verrons qu’avec un minimum de rigueur, le paysage de notre île pourrait être changé. Si nul n’est censé ignorer la loi, encore faudrait-il que les autorités elles-mêmes la fassent respecter. La loi de 1979 existe, elle n’est certes pas parfaite, mais dispose d’un arsenal suffisant de sanctions pour que nos paysages retrouvent l’attrait qu’ils n’auraient jamais dû perdre et tout ceci nous le verrons en détail lors de notre prochaine édition sur l’affichage publicitaire et sur la pollution intellectuelle et visuelle qu’il provoque.

Philippe Tesseron
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