Bulletin de l’Observatoire de la délinquance

L’entrée dans la délinquance est plus précoce

15 décembre 2004

Même si la délinquance des mineurs a toujours existé, police et gendarmerie témoignent d’un rajeunissement des auteurs d’infractions. Celles-ci ont considérablement progressé chez les jeunes. Le rapport fait le lien avec une “délinquance territorialisée”, due à la précarité et à la culture de la survie dans les familles.

(Page 7)

Voilà un constat qui interpelle sur l’éducation que notre société veut donner à ses enfants. "La délinquance des mineurs a toujours existé, mais la situation actuelle est cependant préoccupante par le caractère massif qu’elle revêt aujourd’hui", souligne l’Observatoire de la délinquance de La Réunion dans son bulletin trimestriel consacré à la délinquance des mineurs. Dans l’Hexagone, comme à La Réunion, la délinquance des mineurs progresse, et ce malgré une légère inflexion constatée localement au premier trimestre 2004.
Police nationale et gendarmerie témoignent d’un rajeunissement des auteurs d’infractions (+ 2 points chez les 10/12 ans et + 4 points chez les 13/15 ans), avec cependant un léger recul chez les adolescents de 16-17 ans.
Une entrée dans la délinquance plus précoce, mais aussi une aggravation des délits : vols avec violence, viols, coups et blessures volontaires, mais aussi destructions de biens publics ou privés ont considérablement progressé chez les mineurs.
Les incivilités, assimilées à de la petite délinquance, bien que plus récentes à La Réunion, sont en constante augmentation. Injures, abris de bus et cabines téléphoniques détériorés : ces délits, souvent impunis (incitant ainsi à la récidive, voir notre encadré) révèlent un non-respect des règles de vie en société et sont mal vécus au quotidien par les citoyens.

Un rapport de la Commission d’enquête sur la délinquance des mineurs (créée par résolution du Sénat, le 12 février 2002) fait état du développement d’une délinquance d’exclusion, "une délinquance de masse, territorialisée, essentiellement liée à des parcours de désinsertion durable dans lesquels des groupes familiaux tout entiers vivent dans l’illégalité, dans des cultures de survie, dans des modalités de précarité extrêmement importantes les conduisant insensiblement vers la déviance ou la délinquance".

Violences entre mineurs : 80%

Ce constat ne doit cependant pas nourrir le processus de stigmatisation de la population qui vit dans les habitats sociaux, et qui est l’un des premiers facteur de nuisance de la cohésion sociale.
Des habitats et des résidents souvent mal perçus, et qui en plus de conditions de vie précaires, souffrent d’un regard extérieur faussé, imaginant les pires scénarios de vie. Bien que les recherches récentes tendent à minimiser l’influence des facteurs socio-économiques dans la délinquance, l’accumulation de facteurs d’exclusion conduit à vérifier ce lien.
Jean-Marie Petitclerc, éducateur spécialisé entendu par la Commission d’enquête sur la délinquance des mineurs, rappelle qu’"on présente souvent les jeunes comme étant les acteurs, les facteurs, les auteurs de cette violence. N’oublions pas qu’ils sont les premières victimes et que 80% des actes de violence commis par les mineurs le sont à l’encontre d’autres mineurs !"
Il faut également noter qu’un jeune, lui-même victime de violences, se montrera plus violent qu’un jeune n’ayant pas subi ces atteintes. Ce rapport “violences subies-violences agies” est d’autant plus fort que les sujets sont jeunes.

S. L.


Le sentiment d’impunité, facteur de récidive

Impossible de traiter de la question de la délinquance des mineurs sans prendre en compte celle de la récidive. Les connaissances sur la récidive en matière de délinquance juvénile sont fragiles.
Les chiffres varient d’une étude à l’autre, ne permettant pas un éclairage précis. Cependant, "il est important de mettre en avant le sentiment d’impunité comme première raison de la récidive", souligne le bulletin de l’Observatoire de la délinquance.
"Les mineurs récidivistes ont en commun le fait qu’ils commencent à commettre des actes sans que personne ne soit alerté et qu’ils restent impunis. Le premier acte délinquant constituerait donc un moment décisif où un mineur va, soit retrouver le chemin de la légalité, soit prendre celui de la récidive".


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus