Grand Angle de Yvon Virapin

La chaleur étouffe dans les classes

14 février 2007

Depuis la rentrée de janvier, les températures dans les classes des écoles du littoral n’ont pas baissé en dessous de 30°C. Dans certaines communes, les températures ont même dépassé la barre de 35°C. Et, selon les prévisions de Météo-France, il va faire encore plus chaud dans les jours qui viennent. Cette chaleur persistante qui déferle sur notre île n’est pas sans conséquence sur le comportement des élèves et les résultats scolaires. Les élèves se fatiguent vite et éprouvent de gros problèmes de concentration. Aussi, la baisse de rendement scolaire est facilement perceptible. La chaleur devient tellement suffocante à certains moments de la journée que les élèves ne suivent plus. Certains n’arrivent plus à tenir et demandent l’autorisation de sortir à chaque instant, d’autres somnolent et les coups de barre sont fréquents. Les enseignants qui subissent les mêmes conditions sont souvent obligés de surseoir à la poursuite des cours et d’adapter leur emploi du temps en fonction de la température ambiante.

Pensons un instant à 30 élèves de niveau CM, dans une salle de classe en dur (dalle de béton) ou recouverte de tôles, avec un faux plafond en bois et des lames de nacos de chaque côté, à une température de 34°C, à 11h du matin, un jour où pas une feuille ne bouge à l’extérieur. Les enfants transpirent. Ils boivent de l’eau fraîche, cela leur fait du bien, mais un instant après, ils dégoulinent... L’emploi du temps prévoit à cette heure une leçon de mathématique avec, pour débuter, des exercices de calcul mental. Aux questions posées par l’enseignant, les élèves essaient d’être attentifs pour donner les bonnes réponses. Mais après avoir fait des efforts le matin pour étudier la leçon de grammaire ou de conjugaison, ils ne trouvent plus le courage nécessaire pour résister à la chaleur bouillonnante ; les corps ne tiennent plus, les esprits s’échauffent, ils sont ailleurs. L’enseignant ne peut que constater le manque de concentration des élèves, il est obligé de passer à une matière faisant moins appel à leur capacité de réflexion. Ce genre de situation se reproduit, hélas, à tous les niveaux du système éducatif en cette période de canicule. Il est facile de comprendre que les petits enfants, qui sont accueillis dans de telles structures en maternelle, souffrent encore plus que les grands. Plus fragiles, ils sont nombreux à être malades à cause des températures trop élevées.

Certaines collectivités ont fait des efforts pour équiper les salles de classe de brasseurs d’air ou de climatiseurs. Ce qui donne un peu de fraîcheur dont les enfants ont bien besoin pour retrouver de meilleures conditions de travail. Dans certaines écoles, même si cela est anormal, des enseignants ont été obligés de faire appel aux parents pour disposer des ventilateurs, d’autres ont été amenés à les acheter sur leurs propres deniers. Cependant, il y a malheureusement encore trop d’établissements qui sont dépourvus de tels équipements. C’est le cas par exemple des écoles de Saint-André, où le maire, après 35 ans à la tête de la commune, vient d’admettre, sous la pression des parents, la nécessité d’installer des ventilateurs muraux dans les classes. En attendant la réalisation des travaux, les enfants des écoles de cette commune devront supporter la chaleur. Espérons pour eux que cette période soit la plus courte possible.

Installer des brasseurs d’air, des ventilateurs ou des climatiseurs ne constitue pas la meilleure solution, car leur fonctionnement entraîne des grosses dépenses d’énergie. Par ailleurs, il faut reconnaître que beaucoup enfants, faisant de l’allergie, supportent mal ces dispositifs. Aussi, pour pallier ces difficultés, le Conseil régional a décidé, depuis 1998, de ne construire que des lycées à Haute Qualité Environnementale, avec des architectures orientées de façon à permettre une bonne ventilation des salles, et dans le cadre de la réhabilitation des anciens bâtiments, de les mettre aux normes HQE. Dans ces nouveaux lycées, il fait meilleur pour travailler, mais en cette période de canicule, la fraîcheur idéale n’est pas atteinte.

En conséquence, il devient urgent que l’on aménage le calendrier scolaire de l’Académie de La Réunion pour tenir compte des aléas climatiques de l’île.


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