Conséquence des suppressions de postes

La dégradation du service public payée par les plus pauvres

6 mai 2011, par Céline Tabou

La fusillade du Tampon a mis en lumière le manque de moyen des administrations, mais également les conséquences de la suppression des postes dans la Fonction publique. En effet, le gouvernement a décidé de supprimer près de 100.000 postes d’ici 2013, et cette année, 31.638 fonctionnaires sont concernés.

49% des Réunionnais vivent en dessous du seuil de la pauvreté et ont chaque jour affaire aux services administratifs tels que la Caisse d’allocations familiales, le Pôle Emploi ou la Caisse générale de Sécurité sociale. Ceux-ci sont généralement débordés par les demandes et le traitement des dossiers. L’exaspération des usagers et l’absence de moyens humain et financier ont été rapportées par le médiateur de la République, Jean-Paul Delevoye, qui a d’ailleurs rendu un rapport sur le fossé entre les administrations et les usagers le 21 mars 2011.
Ce sont les Réunionnais les plus démunis qui sont les premiers touchés par les suppressions de postes. En effet, la dégradation des relations entre les administrations et les usagers a conduit des personnes comme Fred Lorion à commettre l’irréparable. « Certaines situations mettent en évidence la difficulté pour un organisme de service public à faire face à ses responsabilités et soulignent symétriquement les obstacles rencontrés par les citoyens, parfois les plus nécessiteux, pour obtenir la reconnaissance de leurs droits les plus élémentaires », indique le rapport.

L’administration pénalise les plus pauvres

Ce rapport décrit clairement la situation qu’à pu vivre Fred Lorion face à une administration fermée, ne prenant pas en compte sa situation économique et sociale, la « prudence excessive des agents », les lourdeurs et « entêtements administratifs conduisent à des situations d’injustice et de déshumanisation ». Les agents privilégient plus « le traitement de masse par rapport aux situations individuelles ». La suppression des postes actée dans le projet de loi de Finances et la réforme de la Fonction publique vont accentuer le mécontentement et la détresse de la population.
Au-delà de la qualité du service, le transfert des services sur internet pénalise les 120.000 illettrés et les personnes n’ayant pas l’équipement nécessaire pour pouvoir se rendre sur internet. Pour expliquer les suppressions de postes et la réduction des coûts, l’État a décidé de numériser ses services, sans prendre en compte le cas réunionnais où plus de cent mille personnes ne savent ni lire, ni écrire.
Voulant à tout prix faire des économies, le gouvernement n’a pas pris en compte les spécificités réunionnaises : près de 30% de la population au chômage, 55% des jeunes sans emploi, 49% de la population sous le seuil de pauvreté… Des actes comme celui de Fred Lorion pourraient se reproduire si le gouvernement ne revient pas sur ses décisions de supprimer des postes dans la Fonction publique.

Céline Tabou

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