Célébration du 14 Juillet au Port

La liberté est toujours à conquérir

15 juillet 2009

Hier matin, plusieurs dizaines de Portoises et de Portois se sont retrouvés devant le Monument aux Morts à côté de l’église Sainte Jeanne d’Arc pour célébrer l’anniversaire de la Révolution française le 14 juillet 1789. Dans le cadre de cette cérémonie officielle, Ismaël Ibrahim, adjoint au maire du Port, a prononcé une allocution très intéressante sur la signification de cette célébration pour les Réunionnais aujourd’hui. On lira ci-après le texte de ce discours. Les inter-titres sont de ’Témoignages’.

Juillet 1789 : comme un seul homme, le peuple français s’est soulevé, manifestant au grand jour son mécontentement et laissant éclater sa révolte contre tant d’injustices. Pour la première fois, le peuple prenait un ascendant sur le pouvoir.
Une ère nouvelle s’annonçait à travers des idéaux tout à fait novateurs qui inspireront la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen. Ce texte, qui est un véritable monument collectif, allait connaître un retentissement universel. Il donnait naissance à un immense espoir, celui de voir surgir une aube nouvelle, un monde plus juste.

« Le résultat de luttes acharnées »

Un peu plus de deux siècles seulement se sont écoulés depuis que les Français ont fait leurs premiers pas vers la démocratie. C’est peu dans un pays qui écrit son Histoire depuis plus de deux mille ans mais longs et difficiles sont les chemins qui mènent à la liberté.
Et lorsqu’on parle de liberté, nous ne pouvons nous empêcher de penser à l’Histoire de notre île et celle de nos ancêtres qui, pour fuir leur condition d’esclaves, ont choisi la liberté à travers le marronnage. Une liberté qui s’est inscrite bien souvent en lettres de sang. Il aura fallu attendre un plus d’un demi siècle après la Déclaration des droits de l’Homme pour voir enfin proclamée l’abolition de l’esclavage. Comme le disait Frédéric Douglass (États-Unis, 1817-1895), « l’histoire entière du progrès de la liberté humaine montre que toutes les concessions faites à ses augustes principes ont été le résultat de luttes acharnées ».
Cette liberté a été durement conquise par des hommes et des femmes qui ont consenti aux plus grands sacrifices pour lutter contre l’oppression et la tyrannie, pour la reconnaissance des droits les plus élémentaires au peuple et le respect de la dignité humaine.

Quelles valeurs régissent le monde actuel et La Réunion ?

Aujourd’hui, en ce début du 21ème siècle, le monde aspire encore et toujours à ces mêmes idéaux qui ont habité l’Histoire et qui continuent à nous habiter. Ce 14 juillet, que nous célébrons dans la paix, la liberté, et une tolérance jamais définitivement acquises, nous amène à nous interroger sur les valeurs qui régissent le monde actuel. Un monde où le profit prédomine sur l’intérêt humain et qui subit aujourd’hui une crise d’envergure internationale, dont les principales victimes sont les populations les plus démunies.
Aussi, en ce jour de célébration, nous pouvons nous demander si la liberté telle que peuvent la désirer aujourd’hui les 52% de Réunionnais qui vivent en dessous du seuil de la pauvreté, les hommes et les femmes de ce pays et du monde entier qui vivent dans la précarité et la misère, les chômeurs, les travailleurs menacés de licenciement…, oui, nous pouvons nous demander si cette liberté n’est pas encore et toujours à conquérir.

« Ensemble, l’un avec l’autre »

Par notre fidélité à cette traditionnelle cérémonie du 14 juillet, nous voulons exprimer notre attachement à toutes ces valeurs qui ont forgé notre esprit de citoyenneté et qui sont essentielles pour l’équilibre de notre société. Ces valeurs s’appellent : justice, équité, respect, tolérance, solidarité. Elles sont un héritage précieux que nous devons léguer aux jeunes générations pour qu’elles participent à la construction d’un monde meilleur.
Je terminerai mon intervention en citant une phrase d’Aimé Césaire, un illustre personnage : « Toi tu es blanc, moi je suis noir, lui il est jaune, mais nous sommes tous des hommes, embrassons-nous et montrons que, tout en étant différents, nous sommes tous semblables. Liberté, égalité, fraternité. Fraternité, un mot qui fait tant défaut de nos jours, où il y a tant de maux et de souffrance dans le monde. Liberté, égalité, fraternité, ce n’est pas tout à fait suffisant pour l’Europe, mais c’est absolument insuffisant pour le reste du monde. Ensemble, l’un avec l’autre et non l’un contre l’autre, construisons le monde de demain ».


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