Richard Daniel Boisson, sous-préfet issu du CIOM

La Réunion : un « magnifique laboratoire en cohésion sociale »

26 mars 2010, par Edith Poulbassia

Le Conseil interministériel de l’Outre-mer l’avait promis, c’est désormais chose faîte. La Réunion a son sous-préfet en charge de la cohésion sociale et de la jeunesse, « première mesure vivante du CIOM », dira Michel Lalande, préfet de la Réunion, en présentant son collègue Richard Daniel Boisson. Un poste qui s’inscrit dans la filiation des sous-préfets à ville en métropole.

Richard Daniel Boisson a pris ses fonctions le 8 mars dernier, mais s’est présenté officiellement à la presse hier, après les élections régionales. Ancien secrétaire général adjoint à la préfecture de Strasbourg, il a commencé sa carrière dans l’Éducation nationale en tant qu’instituteur en maternelle, puis conseiller pédagogique, inspecteur, il a d’ailleurs travaillé à Mayotte pendant une dizaine d’années avant d’intégrer le ministère de l’Intérieur. Il a exercé dans des « régions à forte identité culturelle », en Indre et Loire, à Tours, en Corse... Il veut faire de La Réunion « un magnifique laboratoire en cohésion sociale », en partenariat avec les forces vives de l’île. Et affirme son attachement à cinq principes : le refus du déterminisme social, l’égalité des chances, l’ascenseur social, la différence comme richesse, « l’homme au service de l’homme ».
Le rôle du sous-préfet consiste en « un pilotage attentif » des politiques publiques pour ses missions de lutte contre l’exclusion, de lutte contre l’illettrisme, et en faveur de l’égalité des chances. Aucun moyen financier supplémentaire en vue, donc, pour l’instant. Afin de gagner des marges de manoeuvre, Richard Daniel Boisson prévoit « d’exploiter toutes les politiques publiques » et de mettre fin au manque de coordination des actions. Comment se fait-il interroge, Michel Lalande, que 30 millions d’euros soit attribué à la lutte contre l’illettrisme alors que ce « mal endémique » persiste ?

Trois points tiennent cependant à coeur au sous-préfet. D’abord, l’égalité des chances. « Je considère que chacun peut faire valoir ses talents, ses mérites quelles que soient ses origines », dit-il. La réduction des écarts entre les territoires, entre homme et femme suivent cette logique. Ensuite, la prévention et la lutte contre les discriminations. « Une société qui discrimine est une société qui s’égare », insiste Richard Daniel Boisson. Enfin, la jeunesse. « Les jeunes peinent à s’inscrire dans la société. Ils subissent un monde en crise dont ils ne sont pas responsables. Il faut les aider à être autonome pour prendre en main leur avenir », déclare t-il.
La feuille de route du sous-préfet à la cohésion sociale et à la jeunesse est bien garnie. De la politique de la ville, en passant par l’insertion des jeunes, l’éducation, la formation, la lutte contre l’illettrisme, la prévention de la délinquance, la veille sociale, le logement social, l’hébergement des sans-abri, l’endettement des ménages, les travailleurs pauvres, la mise en place d’une commission pour l’égalité des chances, ou encore l’accueil des étrangers... Richard Daniel Boisson a bien des défis à relever. Mais lui qui se définit comme un « pur produit de l’ascenseur social » veut « redonner à la République ce qu’elle m’a offert ». La feuille de route du sous-préfet à la cohésion sociale et à la jeunesse sera officialisée par la ministre de l’Outre-mer Marie-Luce Penchard, dont on attend la visite le mois prochain.

EP


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