En lisant Paul Vergès...

La Réunion : un véritable exemple pour le monde !

26 juillet 2008

Dans son livre, ’Du rêve à l’action’, Paul Vergès dit : « Notre peuple réunionnais est un des peuples du monde qui sont une création d’un crime contre l’humanité »( p.43 ).

La diversité de nos origines a participé à la constitution d’un peuple et plus particulièrement du peuple réunionnais. Peuple kaléidoscope qui puise ses racines dans la terre de nos ancêtres venus d’Europe, d’Afrique et d’Asie. Cependant, la création de notre peuple a été réalisée dans les souffrances de la traite négrière et dans les douleurs de la violence légalisée par le Code noir établi par la monarchie. Des siècles d’atrocités où l’homme blanc a considéré la femme et l’homme noirs, réduits à l’état d’esclave, comme des "meubles", des objets. La loi permettait alors cet avilissement de l’homme noir par l’homme blanc. Le mot objet était employé dans tous les sens du terme : objet de labeur, objet de douleur mais aussi de désir... Car ces siècles, s’ils ont séparé les femmes et les hommes en catégories sociales bien distinctes, ils n’ont pas érigé de barrières inviolables entre les femmes esclaves de couleur et les hommes esclavagistes. Les sangs se sont mêlés à force de violence. Pendant cette période sombre de l’Histoire de France, il n’y eut guère de dichotomie entre le désir de l’homme esclavagiste et la femme désirée tenue sous le joug du maître. L’esclavagiste avait tous les droits selon la législation royale de l’époque. L’immonde Code noir fut mis en application à l’île Bourbon en 1723.

De ce crime contre l’humanité est donc né un peuple multicolore, un peuple qui est la symbiose du monde qui nous entoure. Le peuple réunionnais se trouve être issu des souffrances d’un acte criminel ! Et ce n’est que récemment que la France, par l’intermédiaire de sa représentation nationale, a reconnu ce crime contre l’humanité. La loi adoptée le 10 mai 2001 reconnaît que l’esclavage, pratiqué par la France durant des siècles, est un crime contre l’humanité. Les professeurs pourront enfin enseigner l’Histoire, toute l’Histoire de France, constituée non seulement d’évènements glorieux comme la Révolution mais également d’actes juridiques odieux tels que la traite négrière et l’esclavage. Il aura donc fallu attendre 153 années après l’abolition (1848) pour une reconnaissance par la France de l’esclavage comme crime contre l’humanité.
Pour autant, le peuple réunionnais vit en harmonie puisque nous n’avons point de haine exacerbée générée par des différences ethniques tel qu’on a pu le constater à travers le monde. Notre coexistence force l’admiration des nations car, nonobstant les douleurs liées à l’esclavage, l’engagisme et à la colonisation, des femmes et des hommes - venus de tous horizons - vivent aujourd’hui dans un climat de paix sociale. Mieux, cette communauté a su, en échangeant ses savoirs, créer une culture métissée qui constitue les fondations plurielles du peuple réunionnais. Ici, des êtres humains ont su dépasser leurs malheurs historiques et transcender leurs différences pour s’élever et devenir le Peuple réunionnais.

Paul Vergès, Président des Réunionnais, affirme lui-même que notre peuple « est un véritable exemple pour le monde » (p.45). Quelle fierté pour nous ! A nous de méditer sur l’exemple que nous représentons pour les hommes en quête de paix.

Rémy Massain


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus