Réflexions de Marie-Pierre Hoarau

Le bambou assainissement

5 décembre 2006

Une récente enquête de l’Observatoire du Développement de la Réunion (ODR) a révélé que les Réunionnais étaient soucieux de leur environnement et cette prise de conscience est plutôt une bonne nouvelle alors que se déroulent les 13èmes Journées Réunionnaises de l’Environnement. Je souhaite que cette saine inquiétude des uns et des autres (plutôt des femmes d’ailleurs !) se traduise dans nos gestes quotidiens par un meilleur respect de notre île.
Concernant la problématique de l’assainissement, la période qui s’annonce est cruciale tant la bataille dans ce domaine sera rude. L’Europe nous y oblige : plus d’équipements sans assainissement. L’enjeu est de taille, chacun en est conscient. Mais tout cela a un coût ! L’État vient d’annoncer le montant de la facture : 665 millions d’euros pour la période 2007/2013 ! Et déclare dans le même temps que sa participation sera de... 155 millions d’euros. Il faut donc que les communes, c’est à dire chacun d’entre nous, mettent la main à la poche pour payer les 510 millions restants. Comment faire quand on sait tous les défis qui nous attendent : accueillir 1 million d’habitants en 2025, construire 170.000 à 200.000 logements neufs et équipements, développer les transports en commun... Pour autant, nous sommes conscients de la nécessité de construire ou de mettre aux normes ces stations d’épuration si nous voulons stopper net la pollution récurrente des milieux naturels. Sinon comment faire la promotion du Parc National et de la Réserve Marine ?
Et si ces stations d’épuration étaient aussi bien des équipements d’assainissement et en même temps des grands espaces arborés ? Ces équipements existent et assurent ces fonctions tout en coûtant 40 à 50 % moins cher qu’une station d’épuration classique. Ce sont certaines espèces de plantes qui traitent les eaux usées avant de les rejeter dans le milieu naturel. On appelle ce procédé, la phytoremédiation. La présentation de ce dispositif de traitement, à laquelle j’ai assistée, concernait le Bambou, plante connue des Réunionnais et est particulièrement adaptée à la dépollution et à l’épuration des eaux souillées. Ces stations d’épuration verdoyantes sont déjà installées en Métropole et fonctionnent et ce procédé est connu dans le monde. Le bambou assainissement consiste en la mise en place d’une plantation de bambous avec une barrière à rhizome afin d’éviter leur propagation. Son dimensionnement est donc modulable en fonction de l’évolution de l’urbanisation. Le bambou par ses prélèvements dans le sol, stocke une partie des polluants, la dépollution effective intervient à la coupe des bambous (4 années suffisent). Voilà bien sûr rapidement le principe de cet assainissement rustique et qui semble efficace, d’autant que le bambou, une fois coupé peut-être employé à d’autres usages : ébénisterie, décoration, bois- énergie... Je crois savoir que la commune de St-Leu souhaite s’équiper de cette station d’un nouveau genre, j’espère que d’autres communes suivront. Dans tous les cas, cela mérite que nous y accordions un certain intérêt et assurions un suivi de ces projets, le développement durable de notre île en dépend.


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