Le dispositif “Alerte enlèvement”

13 janvier 2007

Inspiré des systèmes “Ambert alert” créés aux Etats-Unis en 1996 et au Québec en 2003, le dispositif “Alerte enlèvement” existe en France depuis le début de l’année dernière, à la demande de Nicole Guedi, Secrétaire d’État aux Droits des victimes. Après le succès de ce dispositif avant-hier dans les Yvelines, comment l’interpréter ? Existe-t-il à La Réunion ?

Le 28 février 2006, le Garde des Sceaux, ministre de la Justice, signait une convention visant à mettre en place un système d’alerte de la population en cas d’enlèvement d’un enfant mineur avec des représentants du ministère de l’Intérieur et de l’Aménagement du territoire, du ministère de la Défense, du ministère des Transports, de l’Équipement, du Tourisme et de la mer, du Conseil supérieur de l’audiovisuel, des principaux médias français (presse, radio, télévision), des sociétés de transports (SNCF, RATP, autoroutes) et des associations de victimes.
Ainsi, ce dispositif permettra de diffuser très rapidement auprès de la population, sur l’ensemble du territoire national, des informations précises relatives à l’enlèvement afin de provoquer des témoignages susceptibles de favoriser la prompte libération de la victime. Les premières heures suivant la disparition sont en effet décisives : une étude réalisée aux Etats-Unis en 1993 met en évidence que sur 621 enlèvements d’enfants qui se sont terminés par un homicide, 44% des enfants ont été tués dans la première heure, 74% dans les 3 heures et 91% dans les 24 heures suivant l’enlèvement. La décision de déclencher le plan “Alerte enlèvement” sera prise par le procureur de la République en étroite concertation avec les enquêteurs et après que le ministère de la Justice aura été consulté.

Déroulement du dispositif

L’alerte ne pourra être déclenchée que selon des critères (voir encadré). Chaque fois que cela est possible, les parents de la victime devront donner leur accord au déclenchement du plan “Alerte enlèvement”. Le message d’alerte sera diffusé pendant 3 heures par différents vecteurs : chaînes de télévision, stations de radio, agences de presse, panneaux à messages variables sur les autoroutes, messages sonores dans les gares et les stations de métro, sites Internet d’associations de victimes. Le message d’alerte indiquera un numéro de téléphone permettant aux témoins potentiels d’aviser immédiatement les autorités de toutes informations utiles à la localisation de la victime ou du suspect. Ce dispositif exceptionnel nécessitera une mobilisation considérable des enquêteurs afin de traiter les appels de la population dans les meilleures conditions possibles. Enfin, un comité de suivi évaluera le déroulement et l’efficacité de l’ensemble du dispositif dès les premiers déclenchements du plan “Alerte enlèvement”.

(à retrouver sur le site
[http://www.justice.gouv.fr/alerte-enlevement/)


Conditions de déclenchement de l’Alerte

Les critères de déclenchement :
1- Un enlèvement avéré et non une simple disparition
2- L’intégrité physique ou la vie de la victime est en danger
3- Des éléments d’informations permettent de localiser l’enfant ou le suspect
4- La victime est mineure
5- Les parents de la victime ont donné leur accord au

C’est l’autorité judiciaire qui déclenche l’alerte, à savoir le procureur de la République, cela en concertation avec les enquêteurs, après information du procureur général près la de Cour d’appel et de la Direction des Affaires criminelles et des Grâces du ministère de la Justice. Le message d’alerte doit être simple, précis, solennel, validé par le magistrat ayant ordonné son déclenchement.


Pas de plan “Alerte enlèvement” à La Réunion

Pas de dispositif “Alerte enlèvement” à La Réunion. Pourtant, il conviendrait de coordonner l’exercice entre les forces de l’ordre et l’autorité judiciaire, si une telle actualité se déroulait sur notre bout de terre. Ile française, les lois d’Etat concernant la protection des mineurs devraient toutes être appliquées à La Réunion.

« Le dispositif “Alerte enlèvement” vient d’administrer la preuve de son utilité. Grâce à ce plan, déclenché hier matin, 2 enfants de 8 et 11 ans, disparus la veille à Porcheville (Yvelines), ont été retrouvés sains et saufs en milieu de journée, à Limay, dans le même département. Lucie et Christophe, qui ne semblent pas avoir subi de violences physiques, ont aussitôt été rejoints par leurs parents avant d’être admis dans un service de pédiatrie. Au même moment, l’homme de 27 ans qui se trouvait avec eux depuis leur disparition a été placé en garde-à-vue dans les locaux de la PJ de Versailles », commentait hier notre confrère “le Figaro”. Radios, télévisions, panneaux d’information sur les autoroutes, dans les gares et aéroports sont mobilisés, la totale participation des moyens de communication a été engagée. Les 2 enfants retrouvés, c’est la reconnaissance d’utilité publique de ce plan Alerte.

Pas de cas similaires ici ?

Et alors, à La Réunion ? Ce système existe-t-il ? Non, répond la substitut chargée des mineurs, Hélène Sigala. « Mais rien ne nous empêche de le mettre en place, on ne l’a pas fait pour l’instant. On n’a jamais eu de cas similaire ici », expliquait-elle. Notre société réunionnaise est-elle vraiment sans cas similaires ? La lecture, sur les 10 dernières années, de la presse locale pourrait pourtant nous effrayer. Fillette jetée du haut d’un pont, fille outragée dans le Sud sauvage, et j’en passe. Comment protéger nos enfants des criminels ? Ne pas se faire justice soi-même, nous le savons. Alors, notre société doit nous garantir la plus haute qualité de sécurité et notamment pour nos mineurs. Si les écoles organisent scrupuleusement la sécurité des enfants, comment ne pas s’étonner que la justice locale ne s’inquiète pas de l’éventualité d’un enlèvement ? Ce dispositif devrait au moins être mis en place pour pallier à cette possibilité. Nous ne sommes à l’abri de rien, et encore moins de l’enlèvement. A bon entendeur...

Bbj


Kosa ou di ?

• J.T, 51 ans, maçon

Moin nana 3 zanfan. Tout lé minèr. Si lariv in zafèr komsa, mi devien fou, ma fanm i mèr. Si moin la trouv sat la fé sa, mi riskab pèrd vréman mon moral. Moin mi trouv lé domaz i mèt pa an plas in plan kont lanlèvman. La loi i doi fé son travay, mé si tout radio, tout télé, la DDE i mobiliz, sat i anlèv zanfan i gingn arpa bouzé. Li nora pèr, sirtou dan in ti zil komsa.

• Hélène, 27 ans, étudiante

C’est consternant. Nous sommes aussi en France ici, et nous devrions être tout aussi rassurés. Pour l’instant, je n’ai pas d’enfants. Mais j’ai des neveux et nièces. Si, par malheur, il nous arrivait une telle histoire dans la famille, je serais contente de pouvoir m’appuyer sur un tel dispositif pour retrouver les miens. De toute façon, face à l’efficacité d’un tel dispositif, on ne peut s’arrêter en si bon chemin. Ils seront obligés de le mettre en place à La Réunion. En tout cas, je n’espère pas qu’une telle mésaventure arrive encore à La Réunion, sinon ceux qui n’auront pas créé ce dispositif s’en mordront les doigts. Le mieux, c’est qu’ils n’attendent pas. Au contraire, il faudrait effectuer des simulations, pour que les Réunionnais se familiarisent avec ce procédé de protection des mineurs.

• Malouf, 33 ans, à la recherche d’un emploi dans l’informatique

C’est le moment d’appliquer cette mesure ici, si ce n’est pas fait. Pourquoi attendre ? Je suis père de famille, j’ai en plus 2 filles. Je ne dirais que c’est ce qui m’inquiète le plus en ce moment, mais je sais que je dois veiller sur elles. Il suffit de voir comment évolue notre société, ou lire les faits-divers. Je ne sais pas qui doit se charger de mettre en place ce dispositif, mais qu’il le fasse. Parce que sinon, c’est lui aussi qui devrait être jugé avec le kidnappeur. Alors, que ce soit le préfet, le juge, le chef des gendarmes, peu importe, mais qu’on le fasse.


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