Tentative de suicide

Le drame a été évité

6 février 2009, par Jean Fabrice Nativel

Tous les jours, j’emprunte le pont Vinh San pour me rendre au Port, puis pour retourner à Saint-Denis. Mercredi matin, à mi-parcours de cet axe - attentif à ma conduite -, une jeune fille située sur la voie inverse attire mon regard. Elle longe le pont, seule, un GSM dans la main. Je continue ma route sans me soucier. Quand soudain, je m’inquiète. Je me demande : “Cette fille ne va-t-elle pas sauter du haut de ce pont ?”.
Pris de panique, je décide de faire demi-tour... à la Grande Chaloupe. Je file à toute vitesse tout en restant prudent. J’aperçois sur ce pont deux véhicules, un banalisé et un autre de la police. Je ne peux m’arrêter car c’est dangereux. Je passe devant le second véhicule. J’entrevois cette personne sur le siège arrière. On lui parle. Je peux alors pousser un “ouf” de soulagement. Il me semble qu’elle pleure.
Cependant, je suis déterminé à me renseigner sur son état de santé. Je refais demi-tour. Je parviens à me garer non loin du véhicule de police. Je sors, je salue les personnes. Je leur demande si la jeune fille va bien. Elles me répondent que oui et me remercient. Je reprends ma route aussitôt car je gêne la circulation. Peu après, les pompiers arrivent.
Cette tentative de suicide a échoué.

Jean-Fabrice Nativel


La situation à La Réunion

À La Réunion, le suicide a été à l’origine de 94 décès en moyenne chaque année sur la période 2000-2002, ce qui correspond à un taux de suicide annuel de 12 pour 100.000 habitants sur la période. Le nombre total de décès par suicide n’a cessé de diminuer depuis la période 1992-1994 : -35% en 1998-2000. Mais depuis cette période, la tendance est à la hausse : soit une progression de 18% entre les périodes 1998-2000 et 2000-2002.
Pour la période 2000-2002, la mortalité régionale par suicide est inférieure à la moyenne nationale. Cette sous-mortalité est observée plus particulièrement chez les Réunionnaises : -32% et -3% chez les hommes.

Une surmortalité masculine

À La Réunion comme en métropole, nous observons une surmortalité masculine : 80% des décès par suicide concernent les hommes sur l’île.
Contrairement à la situation métropolitaine, la fréquence des décès par suicide n’augmente pas avec l’âge à La Réunion : les décès sont concentrés dans la tranche d’âge 15-44 ans (60% des cas).
Ainsi, La Réunion se caractérise par des taux de mortalité par suicide plus élevés aux âges jeunes. Chez les hommes, les taux réunionnais sont supérieurs aux taux métropolitains jusqu’à environ 40 ans. Après cet âge, la tendance est totalement inversée. À partir de 50 ans, les taux de suicide des métropolitains croissent constamment pour atteindre 128 suicides pour 100.000 hommes chez les 85 ans et plus, tandis que chez les hommes réunionnais, le taux ne dépasse pas 30 pour 100.000. Le constat est le même chez les femmes : les taux locaux sont supérieurs aux taux nationaux jusqu’à l’âge de 30 ans.

Une des principales causes de décès prématuré...

Le suicide constitue une des principales causes de décès prématuré (avant 65 ans). Il représente la 4ème cause de décès chez les hommes après les accidents de circulations, les cardiopathies ischémiques et les psychoses alcooliques et alcoolisme. Chez les femmes, la part des décès attribuable au suicide est moins importante (6ème cause de décès).
À structure par âge comparable, la mortalité par suicide a diminué à La Réunion plus qu’en métropole : respectivement -36% chez les hommes et -38% chez les femmes depuis la période 1993-1995.
La prévention du suicide est actuellement l’un des objectifs régionaux inscrits dans le Plan Régional de Santé Publique de La Réunion pour la période triennale 2006-2008.

(Source : Observatoire Régional de La Santé de La Réunion 2006 - www.orsrun.net)

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