“Le vin et ses dangers”

Le droit de réfléchir sur tous les aspects du développement durable

22 juin 2006

Le soutien du Ministre de l’Agriculture à la polémique lancée par le lobby viticole suite à un sujet du Bac invitant les élèves à réfléchir sur les dangers du vin suscite l’indignation du SNETAP-FSU. Le syndicat dénonce les menaces de sanctions.

Dans l’enseignement agricole, les candidats au Bac STPA (Sciences et technologies du produit agroalimentaire) passent une épreuve “Sciences de la matière et du vivant”. Le sujet de cette année parle du vin et de ses dangers. Dans la deuxième partie du sujet, on précise que les activités vinicoles "génèrent des effluents qui, lorsqu’ils sont déversés dans les rivières, peuvent altérer la qualité des cours d’eau". Ceci a fait bondir le lobby des producteurs de vins.
Pour un de ces représentants, Michel Allemand, responsable du Collectif des vignerons gardois, on fait l’amalgame entre l’alcool et le vin, et on présente les agriculteurs comme des dangers. Quant au Président de la Chambre d’agriculture du Gard, Dominique Granier, il s’est dit "convaincu que certaines personnes haut placées à Paris ont décidé de supprimer une partie de la viticulture dans le Sud de la France et cela de n’importe quelle manière".

Le Ministre veut des sanctions

Il est vrai qu’en France, le vin est en perte de vitesse. Cela coïncide d’ailleurs avec une nette diminution des morts sur les routes. Mais ce qui est étonnant dans cette affaire, c’est le soutien total du Ministre de tutelle de l’Enseignement agricole, Dominique Bussereau, au lobby viticole. Serait-ce les vapeurs du Saint-Émilion qui seraient montées à la tête d’un des plus hauts responsables de l’État ? On peut se le demander quand on le voit prendre violemment à partie les enseignants. Le membre du gouvernement demande "que des sanctions soient prises contre ceux qui sont à l’origine de cette erreur parce qu’on ne peut pas dans cette région, avec les problèmes qui s’y posent, présenter ce type de sujet, de surcroît dans un lycée agricole".
Prenant la défense de viticulteurs qui se sentent offensés, Dominique Bussereau n’hésite pas à déclarer que "le vin et ses dangers" est un sujet du même tonneau que "les dangers de l’éducation" "ça ne sert à rien d’apprendre, il vaut mieux se reposer". S’exprimant à Saint-Émilion, fief de la “bonne bouteille”, il a soutenu que demander à des élèves de composer sur “le vin et ses dangers” est une erreur, voire même une provocation qui appelle à des sanctions.

Propos "inacceptables et indignes d’un Ministre"

Principale organisation syndicale de l’enseignement agricole, le SNETAP-FSU n’a pas tardé à répondre au Ministre. Son Bureau national estime que les propos de Dominique Bussereau sont "inacceptables et indignes d’un Ministre en charge d’un secteur d’éducation".
"Rien dans le sujet précité ne justifie que le Ministre puisse relayer avec précipitation et aveuglement la réaction partisane d’un lobby viticole qui trouve dans cette affaire un prétexte pour défendre des intérêts purement corporatistes", estiment les enseignants attaqués. "Les enseignants devront-ils s’interdire de traiter de la question de la pollution des sols et des eaux au prétexte que les revenus des producteurs de porcs bretons baissent", poursuivent-ils, précisant que ceux qui ont la responsabilité de former les agriculteurs de demain ne peuvent "s’affranchir de toute conscience citoyenne" et de leurs "responsabilités face aux questions de santé publique et aux problématiques contemporaines posées à notre société".
Affirmant son soutien aux enseignants menacés de sanction, le SNETAP estime qu’"au lieu d’appeler au “lynchage administratif”, M. Bussereau serait sans doute mieux inspiré de défendre les pratiques pédagogiques de l’Enseignement agricole public, dont le rayonnement n’a cessé de pâlir sous sa mandature, faute d’ambition éducative et de volonté ministérielle".

Manuel Marchal


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus