
Mal-do-mèr dann sarèt
28 juin, parLo zour la pokor kléré, Zan-Lik, Mariz é sirtou Tikok la fine lévé, mèt azot paré. Madanm Biganbé i tir zot manzé-sofé, i donn azot, zot i manz. (…)
Conte de Noël
28 décembre 2012
« Et si l’on cherchait à Le classer parmi les figures de style, que serait Jéhovah ? Un trope ? Lequel ? ». Mentalement Monsieur Albran dressait, à la manière de Linné, en ramifications, la carte des procédés rhétoriques à travers le Livre sacré. Si l’allégorie, souventes fois employée, a la particularité, comme l’ironie, de pouvoir s’entendre de deux manières, au sens littéral et au sens figuré, contrairement à cette dernière, elle n’écarte aucun de ce double langage.
Quant à la métaphore, on se trouvait devant l’histoire d’une reconquête. Le Concile de Trente qui se réunit de 1545 à 1563 décida d’interdire l’interprétation métaphorique de l’Écriture Sainte, le texte devait se limiter à la lettre. Bossuet, de la même façon, condamnait l’usage de la métaphore qu’il jugeait funeste puisqu’elle contribuait à glisser entre la réalité et le langage le jeu trouble du « comme si », et permettait de ruser avec l’implacable tautologie du vrai.
Les contre exemples abondaient pourtant ; au psaume 139, le lecteur découvre cette image fulgurante :
« Tu m’as tissé
Au cœur de ma mère ». Les psaumes, d’inspiration divine, forgent d’airain des réseaux métaphoriques qui se joignent pour former l’image dans le tapis, vérité entraperçue, parce qu’à travers elles s’établissent des correspondances secrètes entre ce monde et l’autre, inaccessible. À supposer que la métaphore restât l’apanage de Dieu, elle ne cessait en tout cas de remettre en question le réel en ce qu’elle pose les choses différemment de ce qu’elles paraissent, et montre un chemin qui va vers le plus de lumière, parcours qu’il est si tentant d’entretenir. Le Nouveau Testament, et plus particulièrement les discours du Bon Pasteur et celui sur la Vigne sont parsemés de métaphores concises par lesquelles souvent Jésus Christ se définit : « Je suis le chemin », dans l’Évangile selon saint Jean (14-6), ou « Je suis la lumière du monde » (8-12). L’image possède néanmoins ce double pouvoir que Hugo reprochait tant à la rhétorique : d’être ce « faux sage qui a deux faces, tournées l’une vers la clarté, l’autre vers l’ombre », reproche inattendu puisque le poète en est un manieur habile et qu’elle lui a permis de mettre en jeu la dialectique de la lumière.
Raynaut, qui se piquait de bel esprit, s’était exclamé dans la salle d’étude du lycée devant la révision que faisait un élève ayant trait à ce procédé d’écriture : « On dit que Madame Laverdure (l’épouse de M. le Proviseur) est un rossignol… Mais la chanteuse ne ressemble pas du tout à un rossignol… Je dirai même qu’il n’y a aucune ressemblance ! Donc, la métaphore , ajoutait-il en contrecarrant le cours , ne se fonde absolument pas sur une ressemblance. Alors moi, je demande : la métaphore qu’est-ce que c’est ? Personne ne peut le dire. (Et définitivement) La métaphore reste un mystère ». Ayant eu vent de ce mot, Monsieur Albran avait fait venir le maître de lecture, et lui avait tenu ce discours : « Monsieur Raynaut, apprenez qu’avant d’être une métaphore : “Cette chanteuse est un rossignol” est une synecdoque. D’autre part, sachez que la métaphore se fonde sur un rapport de ressemblance et non d’identité, je vous serais reconnaissant… Je vous remercie, Monsieur ». Et le jeune homme était parti sans piper mot.
Quant à la comparaison, il apparaissait à Monsieur Albran que son rôle était celui de fonder une cohérence des textes et d’y veiller : dans l’Épître aux Hébreux, le rôle de Moïse n’était-il pas comparé à celui de Jésus ?
Y fleurissait la périphrase : l’Agneau de Dieu pour dire l’Enfant Jésus, avec cette périphrase maximale sous-tendue qui demeure ce « je-ne-sais-quoi qui n’existe dans aucune langue du monde ».
Les répétitions : elles étaient si évidentes qu’il y avait deux histoires du Déluge, quatre Évangiles qui sont réécritures de la vie du Christ depuis sa naissance, et ces répétitions fondamentales réalisaient une babélisation du sens qui oblige à une relecture perpétuelle du Texte. Restait le paradoxe : c’était celui de la Foi, paradis perdu, mais retrouvé et toujours en perdition.
La rhétorique divine faisait la part belle aux symboles : ceux des Évangélistes, bien sûr, ou, pour évoquer la nuit de la Nativité, ceux des présents offerts à l’Enfant-paille par les trois rois mages venus des horizons pour saluer sa venue ; l’or pour signifier la lumière irradiante du cœur, l’encens pour l’élévation, et la myrrhe pour l’ancrage à ce monde conjoncturel. Monsieur Albran contemplait le front clair que la cathédrale dressait devant la sombre Montagne, c’était comme une victoire du temps.
Il n’y avait qu’un trope que Monsieur Albran n’appréciait pas, parce qu’il lui semblait faux, c’était l’hyperbole, figure d’exagération, symbole de mauvais goût. L’hyperbole ne prétend pas exprimer la réalité, mais au contraire notre impuissance à l’exprimer, elle consiste à faire croire que le réel est au-delà de toute parole : elle incarnait, pour le professeur, l’échec même du verbe. Hyperbole comme cette foule qui était rassemblée sur le parvis de la cathédrale et qui se pressait vers le battant des portes, ou comme ces reproductions d’insectes sur les planches à dessin qui semblent prêts à vous dévorer.
Sans conteste, la Bible était rhétorique pour Monsieur Albran, et l’épisode de Babel avait imposé l’interprétation, qui, avec la grâce pour fil d’Ariane, et par son apesanteur, était la seule issue au labyrinthe du monde, et du langage. Dieu était rhétorique, oui, mais pas tout à fait rire, pour le professeur, en ce que le rire brise le langage.
(Suite au numéro de samedi)
Jean-Charles Angrand
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