
Mal-do-mèr dann sarèt
28 juin, parLo zour la pokor kléré, Zan-Lik, Mariz é sirtou Tikok la fine lévé, mèt azot paré. Madanm Biganbé i tir zot manzé-sofé, i donn azot, zot i manz. (…)
Conte de Noël
29 décembre 2012
Les deux hommes silencieux étaient descendus sur le parvis de la cathédrale en pleine effervescence, le jeune homme était tout yeux, avides, qu’il jetait autour de lui ; l’ancien professeur, lui, était tourné en dedans. Les calèches circulaient autour de la fontaine, et patientaient, comme au théâtre de la Comédie française, pour déposer leur lot de passagers. On se saluait, les nouveaux parfums de la capitale s’exhalaient, on rivalisait de bonne éducation ; les jeunes filles faisaient mine d’ajuster une mèche ou leur coiffe, faisaient virer les volants de leur robe, on était brillant de bijoux, on se reconnaissait, s’abordait, s’interpellait, on se regardait. Le surveillant fixait d’un œil un peu trop insistant une jeune quarteronne habillée de taffetas rouge, si bouffant qu’on eût dit qu’elle s’était vêtue de son parfum. Cette contemplation valut au jeune homme un coup de coude péremptoire de la part du professeur. « C’est Notre Seigneur qu’il faut regarder ce soir, non autre chose… ». Toute la colonie se retrouvait autour d’une Naissance qui avait eu lieu dix-neuf siècles plus tôt, abolissant dans une parenthèse de temps la moindre querelle. Même Monsieur Raynaut, là-bas, qui avait sans doute décidé d’abandonner provisoirement ses réflexions nihilistes, se faisait remarquer dans le froufrou des robes qui s’agitaient et le froissement des costumes — il riait.
La fanfare jouait un oratorio de Noël de Haendel qu’un enfant sans manière salissait de son « Il est né le divin enfant ».
Albran, comme chaque année, avait fait une halte pour se munir en bonbons la poussière, il les fit distribuer aux enfants par le surveillant qui s’en chargea avec un plaisir évident, débarrassé de la présence austère de l’enseignant, avant de pouvoir entrer dans l’enceinte de la cathédrale qui se révéla bondée et bruissante.
La grande porte aux lourds battants ouverts avalait la foule chamarrée des grands jours qui se déversait par flots sous la nef pour se répandre et s’immobiliser entre les rangées de bancs. Le curé officiant accueillait deux pas devant un bénitier à la blancheur immaculée les fidèles d’un geste, d’un mot aimable et circonstancié. À l’attention du professeur, il lança deux mots en latin auxquels le vieux professeur répondit civilement ; à proximité, deux jeunes femmes en furent intimidées et ponctuèrent cet échange d’un « amen » murmuré. Le porche austère contrastait avec la joie des lumignons, des flambeaux, les fanaux à réflecteurs argentés du parvis, et le son des cloches virevoltantes. Monsieur Albran trouva une place non loin de la travée centrale. On se pressait dans une bonne humeur affichée. Les vitraux qui à cette époque représentait des personnages de l’Ancien Testament luisaient de l’intérieur : non loin de l’honorable professeur, les reflets animaient un Noé pensif. Le spectacle des bas-reliefs installés de chaque côté du déambulatoire qui ponctuaient la passion du Christ faisait penser à la remarque de ce vieux Chinois érudit qui tenait boutique, dans la ville haute, et qui s’adonnait à la calligraphie, le soir, quand il recevait un bon peu de clients : « Votre religion est triste, disait-il. Votre Dieu est souffrance et il est efflanqué, il est en train de mourir sur la croix, alors que notre Bouddha se porte bien, il est gras à souhait et il est en train de rire »… Pourtant, aucune souffrance ne se manifestait dans l’assemblée à cette célébration de Noël ; au contraire : aux lumières de l’église, aux flambeaux fumants, on se tenait serrés, on parlait à voix basse : c’était bien une communauté enfin réunie dans le sein de Marie, reconstituée. Tout faisait de cette célébration une fête à mi-voix, et comme le dit le prophète Isaïe : ce soir-là , « les tuniques roulées dans le sang, elles sont allées au feu, elles ont nourri la flamme ». Sitôt la foule apaisée et le silence rétabli, le prêtre commença son oraison consacrée à la venue du Messie, il entremêla son propos de citations des livres de Matthieu, de Luc et des Colossiens. Chacun écoutait avec la plus profonde attention ; l’assemblée semblant respirer chaque mot de l’officiant.
Les lectures faites des passages de l’Évangile lui parurent nostalgiques. Dans son cœur, Monsieur Albran se dit : « La Bible est parfois plus persuasive que le réel, hélas ! ».
Après l’oraison, le silence retomba, ce silence dura deux minutes, il devint épais, aussi majestueux qu’une symphonie de Beethoven : presque palpable. Les gens ne formaient qu’un seul corps. Puis, éclatèrent de derrière, au-dessus des têtes, des accords pleins du grand orgue, prenant à revers poitrines et piliers, l’espace d’un moment que M. Albran n’aurait pu mesurer. Et quand les cloches reprirent leur tour pour commémorer cette naissance, à toute volée, à pleine puissance, il sentit, oui, il aurait pu le dire, il sentit, comme par dessus ou plutôt en dedans, l’écho d’un Rire à la fois masqué et présent, énorme, joyeux, gai, libéré, franc, sans retenue ni pensée, le Rire d’un père dont l’enfant vient de naître. Le Rire de la joie pure. Cela en devenait une révélation, la naissance de Jésus était là, à travers le son du carillon, la résolution de la querelle des Franciscains et des Dominicains. Le Rire fraternel.
( Suite au numéro de lundi)
Jean-Charles Angrand
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