Concours de la publicité sexiste/antisexiste de l’année 2007

Le syndrome de la femme-objet montré du doigt

10 avril 2008

Pour sa troisième édition, le concours sexiste/antisexiste mis en place par l’association Chancegal, qui lutte pour l’égalité des chances entre hommes et femmes, a révélé une fois de plus combien la femme, souvent mise en scène tel un objet sexuel dans la publicité, nourrit encore un grand nombre de stéréotypes commerciaux. Le jury strictement paritaire composé d’universitaires, de partenaires associatifs et de professionnels de la communication a dévoilé hier après-midi son palmarès en décernant les meilleurs prix FAHAM et les prix INFÂMES.

Créée en 2001, l’Agence pour l’égalité des chances entre les femmes et les hommes Chancegal a pour vocation de sensibiliser la population sur l’existence des inégalités entre les deux sexes dans notre société et oeuvre à travers l’éducation, la formation, la sensibilisation et l’accompagnement afin de faire changer les mentalités. « L’effet recherché n’étant pas d’incriminer les hommes mais de favoriser autant les femmes que les hommes » en faisant de La Réunion « une société équitable et respectueuse de l’égalité ». Parmi les actions phares de l’association, s’inscrit depuis 2005 le concours de la publicité sexiste/antisexiste qui permet d’une part de récompenser les annonceurs locaux respectueux de la mixité et de l’équité sociale et d’autre part de dénoncer ceux qui n’hésitent pas à utiliser l’anatomie de la femme pour faire du "racolage commercial". Surtout que dans la majorité des cas où elles sont représentées, elles n’ont rien à voir avec les objets promotionnés.

Prix FAHAM vs prix INFÂME

Le prix FAHAM récompense donc la publicité réunionnaise la moins sexiste de l’année 2007, à l’inverse du prix INFÂME qui dénonce la publicité la plus sexiste.
Tout le monde peut participer à la sélection des publicités durant toute l’année en envoyant les publicités qui les ont marquées à Chancegal et en y indiquant leur classement en tant que FAHAM ou INFÂME.
Ainsi, cette année, plus d’une trentaine de supports publicitaires ont été sélectionnés dans les deux catégories. Parmi les nominés au prix INFÂME, on relève une certaine hétérogénéité des annonceurs, allant des sous-vêtements de Sildy aux offres promotionnelles de SFR, avec tout de même une récurrence notable des professionnels de l’automobile. Le premier prix INFÂME a donc été attribué à FOYAM, qui pour la troisième année, s’est tristement illustré en affichant des femmes quasi-nues pour la promotion de son matériel hi-fi.
La même hétérogénéité est remarquable concernant les nominés au prix FAHAM, avec une préférence pour le bricolage. Le premier prix FAHAM a donc été décerné à Hyundai, qui met en compétition un homme et une femme pour l’achat d’un véhicule.

Sensibilisation des plus jeunes

Revenant sur la démarche innovante de Chancegal, Sophie Elizéon, déléguée régionale aux droits des femmes et à l’égalité, rappelle la nécessité de travailler sur l’éducation à l’image auprès des plus jeunes et ce sur l’ensemble des supports de communication, qu’ils soient visuels ou audiovisuels. Elle fait ensuite une comparaison avec la sensibilisation des enfants au développement durable : « De nos jours, ce sont les enfants qui disent à leurs parents de fermer le robinet d’eau lorsqu’ils se brossent les dents par exemple. Ça pourra être le cas dans le futur concernant la pub ! »

À l’issue des résultats, l’association envoie un courrier à chaque annonceur primé et contacte chaque lauréat afin que lui soit remis son prix en mains propres. City Sport qui avait reçu le prix INFÂME l’année dernière avait bien voulu les recevoir et Casino, qui était lauréat en 2006, n’avait pas souhaité les rencontrer, mais avait changé par la suite ses supports publicitaires. Après 3 années d’existence, Fabienne Rubira, directrice de Chancegal, constate un changement des pratiques de certains annonceurs, où la femme-objet apparaît de moins en moins sur les 4x3 par exemple.

Rebecca Pleignet


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