Sécurité routière

Les motards sont en colère

2 août 2007

Les motards réunionnais ne sont pas contents de l’image qu’on leur donne. Ils sont loin d’être des délinquants de la route, et appellent les autorités à mieux interpréter les chiffres, de surcroît calculés d’une mauvaise addition.

L’opération Routes Bleues aura fait des mécontents. Non pas les usagers contrôlés, ni ceux sévèrement réprimandés, mais les motards. Derrière les voix de Jean Durand et Gilles Ecormier, respectivement Président et Secrétaire adjoint de l’antenne départementale de la Fédération française des motards en colère (FFMC), les motards sont outrés par les chiffres annoncés, abondés par « l’amalgame pratiqué par les pouvoirs publics, qui additionnent les cyclistes, les cyclomotoristes et les motards pour arriver au chiffre impressionnant de 55%, servant à légitimer la répression envers les deux-roues motorisés ». La FFMC réclame « une présentation objective des chiffres ». Et d’argumenter : « Les vélos sont une catégorie bien à part (il ne nous semble d’ailleurs pas qu’ils aient été beaucoup contrôlés pendant ce week-end bleu). Concernant les deux-roues motorisés, il serait également plus honnête de faire le distinguo entre cyclomotoristes et motards, puisque les premiers sont lâchés sur les routes sans réelle formation à la sécurité routière, alors que les motards, eux, sont titulaires d’un permis nécessitant la réussite à des épreuves spécifiques (hormis le cas particulier des 125 centimètres cubes, accessibles avec le permis auto). Les motards représentent en réalité 20% des tués, bien loin des pourcentages matraqués dans la presse ».

Question formation !

Les motards ne sont pas forcément ses “pouakés” de vitesse qui dévalent le macadam à fond, esquivant les automobilistes, et ces temps-ci, les “kashalo”. Encore doivent-ils éviter les cannes laissées sur la route et surveiller le moindre nid de poule ! Et la FFMC de rappeler les cas du motard de Salazie et du Boulevard Lancastel. Quand d’autres meurent à cause de la prise de risque, certains voient leur vie fauchée à cause du mauvais entretien de la chaussée.
Bref, pourquoi s’attaquer principalement aux deux-roues, alors qu’en matière de sécurité routière, tous les usagers sont concernés ? Encore faudrait-il que l’on réserve, dans l’apprentissage du code routier, une part bien indiquée pour appréhender la place des deux-roues sur les routes, et comment l’automobiliste doit se comporter envers eux. Si les motards sont formés pour adapter leur conduite, est-ce que les amateurs du volant sont, eux, formés pour s’adapter aux deux-roues ? Le Sous-préfet de Saint-Benoît, en charge de la sécurité routière, déclare vouloir étendre le programme de sécurité routière depuis les plus petites classes jusqu’au Secondaire, et même auprès du jeune public sorti du cursus scolaire. Espérons que nous soyons tous formés pour un meilleur partage de la route. Peut-être que ce pas vers les motards servira à faire baisser le nombre de tués depuis le début de l’année. 35 vies manquent à l’appel : 8 piétons, 4 cyclistes, 8 cyclomotoristes, 8 automobilistes... et 7 motards.

Willy Técher


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