Éboulement sur la route du littoral

Les Réunionnais n’ont pas fini de payer la démolition des grands chantiers

5 février 2011, par Manuel Marchal

L’éboulement qui a touché la route du littoral rappelle que la réalité est incontournable. La sécurisation totale de la liaison entre Saint-Denis et La Possession doit être une priorité à La Réunion. Mais elle ne l’est plus depuis le changement de direction à la Région Réunion. Les deux projets qui devaient régler cette question ont été annulés avec la complicité du gouvernement. Le choix fait par Didier Robert et Nicolas Sarkozy expose donc tous les jours des dizaines de milliers de personnes à la plus grande injustice : être englouti par l’effondrement de la falaise qui surplombe la route du littoral.

Plus de peur que de mal hier sur la route du littoral. L’impressionnant éboulis n’a pas fait de victime. Il a occasionné des projections de roche sur la chaussée. Cela a entraîné la coupure totale de la circulation sur cet axe stratégique durant plusieurs heures.
Les Réunionnais n’en finissent pas de payer le prix de cette monumentale erreur d’aménagement : le remplacement du chemin de fer par une route au pied d’une falaise surplombant l’océan. 50 ans après cette décision, la Région Réunion alors dirigée par Paul Vergès avait réussi à obtenir de l’État en 2007 son partenariat pour financer deux grands chantiers destinés à réparer cette erreur : le tram-train et la route du littoral.
Pour le premier chantier, la Région compétente dans ce domaine avait lancé sans tarder la procédure. Le projet suivait son cours, avec le début du chantier prévu en 2010. Quant à celui de la route du littoral, relevant de l’État au début de sa mise en œuvre, il ne suivait pas le même rythme. Des retards ont été pris avant que ce projet soit sous la responsabilité de la Région. Malgré tout, l’ancienne direction de la collectivité avait mis les bouchées doubles pour raccourcir les délais, ce qui laissait entrevoir une livraison de la nouvelle route en 2017, comme prévu. Autrement dit à cette date, les Réunionnais auraient pu bénéficier de deux itinéraires totalement sécurisés pour aller de l’Ouest vers le Nord.

Quels matériaux pour construire la route à 6 voies ?

L’arrivée de Didier Robert à la direction de la Région a tout fait capoter. Avec la complicité du gouvernement UMP, il décide tout d’abord d’arrêter le chantier du tram-train, puis d’annuler le projet de nouvelle route du littoral pour le remplacer par un viaduc à six voies lancé au-dessus des flots, soit un projet irréaliste, au coût pharaonique volontairement sous-estimé à 1,6 milliard d’euros pour 12 kilomètres, et dont tout dépassement sera financé par le Conseil régional.
Hier, Didier Robert a tenté de fuir ses responsabilités en rejetant la faute sur l’équipe précédente. Mais comme l’a souligné Pierre Vergès le soir sur le plateau du journal de Réunion Première, si le projet de nouvelle route du littoral inscrit dans le Protocole de Matignon signé en 2007 n’avait pas été stoppé, l’enquête publique aurait démarré en décembre dernier. Tous les Réunionnais peuvent constater que cette enquête publique n’a pas encore eu lieu. De plus, la faisabilité technique d’une route à 6 voies privée des remblais apportés par le chantier du tram-train n’est pas avérée, a précisé l’ancien vice-président de la Région. Car d’où viendront les matériaux nécessaires à la construction de cette route sur l’océan ?
La sécurisation de l’itinéraire Saint-Denis/La Possession a donc pris un retard important, et il est loin d’être sûr que le projet soutenu par la nouvelle direction de la Région puisse démarrer un jour.
Les Réunionnais n’ont donc pas fini de payer le prix de la démolition des projets.

Manuel Marchal


7 heures de coupure totale de la route du littoral

Après une interruption totale due à un éboulis, la route du littoral a rouvert à la circulation hier matin à 10 heures 25. Entre la Grande Chaloupe et La Possession, la circulation se fait sur les voies du côté mer.

À la suite d’un éboulis qui s’est produit vers 3 heures 15, la route du littoral avait été totalement fermée par mesure de sécurité. 1.500 mètres cubes de roches sont tombés le long d’une petite ravine. Presque tous les blocs rocheux, le plus gros d’une taille d’un 20 tonnes, sont tombés dans le fossé. Mais des galets et de la boue ont atteint les 4 voies de circulation sans faire de victimes. L’éboulement a eu lieu au PR 9+600 peu avant la Grande Chaloupe (dans le sens La Possession/Saint-Denis)
« L’éboulis s’est produit en pleine nuit. Il était difficile d’évaluer son ampleur. Selon le principe de précaution, nous avons pris la décision de totalement fermer la route », explique Jean-Louis Cariou, directeur d’Exploitation et d’Entretien des routes au Conseil régional. « L’éboulement est parti du haut de la paroi. Les blocs ont glissé le long de la paroi et ont fini leur course au pied de la falaise. Quelques-uns d’entre eux sont quand même arrivés sur les quatre voies de circulation », commente Bernard Moulard, chef d’Exploitation de la subdivision Nord des routes.
Le gros du nettoyage s’est terminé vers 6 heures 30 et des convois de poids lourds ont été organisés. Le reste de la circulation a été dévié par la route de la Montagne.
Très tôt dans la matinée de gros embouteillages se sont formés aux entrées Nord et Ouest du Littoral. Le littoral a finalement été rouvert à la circulation à 10 heures 25. Le trafic se fait désormais sur trois voies entre La Possession et La Grande Chaloupe.

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