À propos de la quinzaine du commerce équitable

Les Réunionnais sont concernés

3 mai 2007

Les ténors du commerce mondial font presque la pluie et le beau temps. Tandis que des petits producteurs se voient aliénés par des lois contraignantes pour leur bonne vie, d’autres humains sont livrés à l’inactivité. Et si ça changeait équitablement... avec nous, Réunionnais.

Achetons au prix juste, qu’un achat soit un acte revendicatif en somme, pour que l’on s’intéresse enfin aux petits producteurs. Bref ! Le choix de produit peut faire vivre à l’autre bout du monde un village entier, leur assurant des conditions de vie acceptables. La démarche séduit. Le commerce équitable est une formidable aubaine pour développer les actes de partenariat dans la zone Océan Indien.
La Région Réunion ouvre le pas. Les exemples sont nombreux, notamment avec les Comores. Pour la petite histoire : sous l’impulsion du Syndicat national des agriculteurs comoriens, sur les trois îles, la vanille des Comores a été labellisée par l’association Max Havelaar. Des volontaires du progrès, Réunionnais, ont participé à ce projet. Depuis 2004, la vanille équitable des Comores, sous l’aile du logo Max Havelaar, est vendue en France. Pour l’instant, il ne s’agit que d’une petite quantité. Les agriculteurs comoriens travaillent à la labellisation d’autres produits.
À Madagascar, la coopérative de producteurs de coton s’est engagée avec Max Havelaar pour répondre au cahier des charges du commerce équitable. D’autres produits sont également en cours de labellisation, sur le long terme, comme la vanille, le café et les épices.
A Maurice, l’association Craft Aid (aider l’artisanat) fait la publicité aux petits artisans, proposant de la broderie, des tee-shirts en coton équitable, de l’art déco, etc. à de grands réseaux internationaux de distribution de produits équitables, dont OXFAM ou les boutiques des Artisans du Monde. Le commerce équitable trouve aussi place en Inde, en Afrique du Sud et à travers l’Afrique. Notre coopération régionale, c’est acheter les produits de la zone ?

De la solidarité, de l’équité

Si les Réunionnais peuvent acheter équitable, ils peuvent surtout profiter de l’essor de ce commerce atypique pour faire valoir leurs produits. Si une coopérative Bio existe dans le bassin Sud, on peut tout aussi dénombrer des petits producteurs qui proposent des produits de la bouche, leurs artisanats. Achards, confitures, piments, ou encore produits lontan disparus de l’assiette des Réunionnais, la liste est longue.
Il pourrait même être possible d’inclure les artistes. Encore faut-il s’entendre sur la terminologie, et poser la bonne question ? Le commerce équitable avec les produits réunionnais, peut-être est-ce possible ! Certains envisagent surtout d’entreprendre la voie du commerce solidaire. D’autres tiennent au terme “commerce équitable”.
En tout cas, par médiation, peut-on dire que la démarche solidaire pourrait s’inspirer du commerce équitable ? Oui, disent certains spécialistes et défenseurs du commerce équitable, soutenus d’ailleurs par les acteurs du commerce solidaire.
Les Réunionnais ont aussi leur place sur ce marché nouveau, neuf. Peut-être aussi que le tourisme solidaire fera venir une clientèle fidèle à des idées du commerce. Et si ce tourisme de la solidarité s’alliait aux opportunités culturelles de notre île, saura-t-on conquérir un public assoiffé de découverte ? Alors que notre pays souffre d’un chômage chronique, la piste du commerce équitable pourrait être une piste propice à la création d’emploi. Si ça marche là-bas, pourquoi cela ne marcherait-il pas sur nos propres terres ?

La Région Réunion s’implique

L’Agenda 21, auquel participe La Région Réunion, vise à s’orienter vers un développement durable de la planète. Le commerce équitable trouve une place dans les orientations de l’Agenda 21 de La Réunion. En effet, cet agenda envisage le développement durable à l’échelle régionale. « Toute démarche de développement suppose de jeter un regard nouveau sur le monde. Comment espérer améliorer le sort de notre planète sans déjà commencer par mieux se concerter et échanger avec nos voisins, les îles et pays de l’Océan Indien ? Dans cette optique, l’Agenda 21 de La Réunion préconise des moyens tels que, favoriser les échanges d’informations entre pays de l’Océan Indien, favoriser l’insertion des populations étrangères à La Réunion, promouvoir la mise en place de formations au développement durable dans l’Océan Indien », lit-on sur le site du Conseil Régional.
Pour le commerce équitable, l’Agenda 21 prône une consommation citoyenne et responsable par le biais du commerce équitable. D’ailleurs, des propositions émergent : créer une commission de contrôle de commerce équitable dans l’Océan Indien, ainsi qu’un organisme de labellisation du commerce équitable.

Willy Técher


Et les artistes alors !

André Béton, peintre-poète, fondateur de la Boutik Etik à la Plaine des Cafres, confiait ses volontés d’inclure les artistes à la démarche solidaire. S’il faut remonter le défi, sauvons les artistes impayés. Arrêtons la culture du maudissement de l’artiste, pourvu majoritairement d’un maigre revenu et le plus souvent obligé à s’aliéner d’une allocation. Il travaille et pour survivre doit se contenter de l’assistanat.
L’artiste est là impliqué, dans la recherche de son propre devenir. Comment aider les artistes enclavés dans les cirques, dans les hauts ? Comment aider les artistes contraints par l’insularité ? Et s’ils se regroupent, s’il y a une sorte de coopérative d’artistes, qui par entraide, pourrait faire travailler, et vendre les productions des artistes réunionnais ?


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