New Horizons et La Réunion

Les tribulations de New Horizons vers Pluton

31 mars 2015

Après le ’Grand Tour’ du système solaire par les sondes Voyager, jusqu’à Neptune, la NASA ni aucune autre organisation n’envisageait d’aller explorer Pluton, jugée trop lointaine et trop chère d’accès. Quand les Postes américaines ont sorti en 1992 une série de timbres sur l’exploration des planètes du Système Solaire, pour Pluton, ils ont simplement mentionné “not yet explored”. C’est en regardant ce timbre que Robert Staehle, un jeune et brillant ingénieur du JPL, a senti monter en lui un cri du cœur, et li s’est exclamé : “Pluton, c’est pour moi ! “.

15 janvier 2006 : décollage de New Horizons.

En quelques mois, Rob Staehle a révolutionné les méthodes de travail du JPL et de la NASA pour mettre en place une ambitieuse mission “Pluto Express”, en s’appuyant sur les dernières avancées en matière d’électronique, d’instruments, d’informatique et d’organisation. Hélas, malgré sa grande originalité et son faible coût, la mission Pluto Express a été bousculée par les tiraillements entre des politiciens qui chacun voulaient qu’elle soit confiée aux industriels de leur Etat à eux, avant de finalement succomber sous les coupes budgétaires de la fin des années 90.

C’est la découverte des 1 500 nouvelles petites planètes qui a permis de ressusciter et de sauver la mission sous le nouveau nom de “New Horizons”, en lui rajoutant, après le survol de Pluton et de son satellite Charon, la visite de deux ou trois des objets “transneptuniens” de la Ceinture de Kuiper formée par les planètes naines.

D’autres soucis, administratifs et sécuritaires (la sonde est alimentée par un système nucléaire fonctionnant avec du plutonium, et le Département d’Etat américain a demandé à la NASA que l’essentiel des opérations restent secrètes) se sont ajoutés aux défis techniques, mais finalement la sonde a été lancée le 19 janvier 2006 par une fusée à quatre étages, et l’injection à une vitesse de 16 km/s sur la trajectoire en direction de Pluton s’est effectuée au-dessus de La Réunion, où la NASA avait installé “secrètement” sa dernière station de poursuite pour le contrôle du bon déroulement des opérations.

Depuis l’antiquité et les débuts d’une “science des astres”, le nombre de planètes, les astres baladeurs, n’a cessé d’évoluer. On connaissait Vénus, Jupiter, Mars, Saturne et Mercure, la plus proche du Soleil, difficilement observable. L’invention des télescopes a permis de voir les satellites galiléens de Jupiter, les anneaux de Saturne, et la planète Uranus, avant que l’astronome Le Verrier ne découvre Neptune par des savants calculs des perturbations de l’orbite d’Uranus.

Il restait un soupçon de l’existence d’une petite planète encore plus lointaine, et pour la découvrir, l’astronome américain Percival Lowell fit construire dans le désert de l’Arizona un observatoire spécialement dédié. Pendant plusieurs années les recherches furent infructueuses, jusqu’à ce qu’un jeune fermier du Kansas, passionné par l’observation du ciel, ne soit engagé en tant que “technicien de surface” comme on dirait aujourd’hui. Très vite, il déclara aux astronomes professionnels qu’avec leurs manières de faire ils ne trouveraient jamais rien, et il leur proposa une nouvelle méthode. Trois mois plus tard, en 1930, Clyde Tombaugh, c’était son nom, découvrit la planète cherchée. Suite à un appel au public, c’est une jeune Anglaise de 11 ans, qui donna le nom de Pluto(n) en référence au dieu froid et lointain qui régnait sur les enfers. C’était la première fois dans l’histoire qu’un Américain faisait une découverte astronomique importante, l’affaire fit grand bruit, et Walt Disney, l’inventeur des petits Mickeys, lui-même impressionné, donna le nom de “Pluto” au chien qui accompagnait sa petite souris.

Récemment, il y a une quinzaine d’années, avec l’avènement du Télescope Spatial, nous avons découvert que des planètes comme Pluton, il y en avait encore d’autres, pas une, pas deux, pas dix, pas cent, mais environ mille cinq cents autour du Soleil ! Alors, au-delà des quatre planètes rocheuses, Mercure, Vénus, la Terre et Mars, et des quatre grandes planètes gazeuses, Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune, on a créé la nouvelle catégorie des “planètes naines” dont Pluton est devenue la première représentante….

Guy Pignolet


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