Les vieux, ces grands enfants

28 mai 2008

Le cinquième risque, c’est la dépendance des personnes âgées, qui devrait bientôt s’ajouter aux quatre risques de base pris en charge par la Sécu : la maladie, l’accident du travail, la retraite et la famille. Petit détour par Simone de Beauvoir.
Simone de Beauvoir avait publié un très beau livre intitulé “La Vieillesse”. Elle étudiait notamment la façon dont les adultes considèrent les personnes âgées. Et elle démontrait de façon assez convaincante que les sociétés traitaient les personnes âgées comme elles traitaient les enfants. Certaines sociétés brutalisaient les enfants, et dès lors, ceux-ci, devenus adultes, brutalisaient leurs parents. Dans les autres, en grande majorité, les adultes faisaient attention à leurs enfants, qui le leur rendaient.

On traite ses vieux comme on traite ses enfants

En France, il n’en a pas toujours été ainsi. Longtemps, on a ignoré les enfants, que l’on laissait mourir. L’infanticide a perduré jusqu’au milieu du 18ème. On ne se préoccupait guère des personnes âgées, il y en avait peu, et, à la campagne, elles tombaient souvent dans la cheminée. On était un “barbon” à 40 ans, et on commandait des armées (Bonaparte, Hoche, Marceau) à 20. Depuis, l’attention extraordinaire portée aux enfants s’est doublée d’une attention plus grande portée aux personnes âgées.
Mais ces personnes âgées ne sont plus à la maison. Et leur entretien coûte cher... Qui paye ? Il semble que la tendance soit à faire payer les personnes dépendantes elles-mêmes. Le patrimoine des personnes âgées devrait financer en partie leur dépendance, telle est la volonté du gouvernement et du ministre Xavier Bertrand. L’idée serait de réduire l’Allocation personnes âgées de moitié lorsque le patrimoine dépasse 150.000 ou 200.000 euros. Est-ce à dire que les vieux devraient manger leur patrimoine s’ils veulent survivre ? Cela voudrait dire que les transmissions de patrimoine seraient plus faibles, mais que les jeunes payeraient moins... Ce qui serait une manière de rééquilibrer la richesse entre les jeunes et les vieux.


Bernard Maris, France Inter et Marianne2


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