Trois points suspension d’Emmanuel Lemagnen

Lettre ouverte au maire de Sainte-Marie

11 octobre 2007

J’attire votre attention sur un aspect des travaux entrepris au “chemin Delagrange” à la Ressource.
Dans le premier virage du petit radier, s’épanouit un séculaire camphrier aux dimensions imposantes. Cet arbre avait été planté à l’époque par Monsieur Gaudin Delagrange à l’entrée de sa plantation. Sa fille Anne-Marie, dont vous rénovez l’école du même nom, en parle dans ces petites poésies champêtres.
Jusqu’en 1990, d’autres essences témoignaient de l’histoire de cette propriété sucrière et du grand centre culturel que fût la Ressource à l’époque des Frères des Ecoles Chrétiennes. Ces gros letchis, énormes zévis et autres rares “coco seychelles” ont été rasés pour faire place à un lotissement. En 2007, ce majestueux camphrier reste l’ultime témoin de cette famille et des heures glorieuses de ce village. Il est là, encore debout, planté comme une bougie pour éclairer la mémoire de ces Réunionnais qui passaient sous son ombrage en se rendant au petit séminaire où a l’école professionnelle.
Aujourd’hui, votre mairie (avec l’aide financière d’autres collectivités...) entreprend l’élargissement et la réfection du chemin. Le tronc de cet arbre se trouve frappé d’alignement, sa prestance empiétant légèrement sur le futur trottoir.
J’ai alerté votre secrétaire général afin que les travaux de modernisation protègent ce vénérable de toute intervention.
La faible fréquentation du chemin et l’excellente visibilité offerte par ce virage ne seraient pénaliser la circulation, les conducteurs, pour les rares fois où ils s’y croisent, ayant déjà l’habitude de la courtoisie à cet endroit.

À l’heure où notre île doit arbitrer des choix décisifs pour son avenir, ce magnifique camphrier devient le symbole de deux alternatives possibles :
- Le tout automobile, en sacrifiant nos panoramas, notre culture et notre patrimoine à l’amélioration des conditions de circulation.
- Le tourisme durable, en conservant notre histoire et nos paysages qui restent nos principales capacités attractives.
Il ne s’agit pas d’une route nationale, ni d’une route départementale, encore moins d’une rue dangereuse à recalibrer. Il s’agit d’un “chemin” qui doit conserver sa vocation villageoise et quelques traces de son passé.
Connaissant tout l’intérêt que vous portez à la qualité de vie de vos administrés et à l’image de votre commune, je sais pouvoir compter sur votre compréhension.
D’avance, soyez en remercié.

Emmanuel Lemagnen


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