Après les 3èmes Rencontres réunionnaises de la démocratie locale

Lutter contre l’ignorance

15 juin 2004

L’ADELS (Association pour la démocratie et l’éducation locale et sociale) organise chaque année les “Rencontres réunionnaises de la démocratie locale”, lieu de réflexion sur les conditions du renouveau de notre démocratie, où un nouveau rapport au pouvoir et de nouvelles formes de décisions publiques sont inventés. On lira ci-après le compte-rendu des 3èmes rencontres, dont les propositions ont été formalisées le 5 juin dernier.

L’ADELS avait pour objectif en 2004 de tracer les voies "d’une éducation émancipatrice tout au long de la vie, afin que chacun(e) puisse être auteur-acteur de sa propre vie et de la vie publique".
10 groupes de travail avaient préparé, depuis février, une journée de capitalisation et de propositions qui s’est déroulée le 26 mai dernier à Piton Saint-Leu.
On pouvait compter 47 habitants, 46 professionnels, et 7 élus sur les 100 participants, avec des proviseurs de lycée, principaux de collège, enseignants, chefs d’entreprise, représentants des religions, travailleurs sociaux, responsables syndicaux et associatifs, formateurs, acteurs de l’aménagement, parents d’élèves, acteurs de l’éducation populaire, citoyens actifs des “Hauts” et des “Bas”.
Tout un champ de forces sociales a partagé une même volonté de développement des pratiques de démocratie délibérative et du niveau de conscience politique.

Questions

Après la synthèse des groupes et l’éclairage de trois universitaires (Raoul Lucas, Barbara Waldis et Michel Watin), trois ateliers se sont réunis pour formuler des propositions d’actions et de méthodes.
Comment permettre à chaque personne de sortir de sa dépendance, en sachant que si les chaînes de l’esclavage ont été brisées en 1848, elles sont encore présentes dans les mentalités et l’exercice du pouvoir ?
Comment changer d’ère, en passant de l’état de minorité, avec des tuteurs, à l’égalité sur la place publique ; en passant de l’explication de ce que nous faisons (pour eux) à la délibération (avec eux) ?
Comment réhabiliter le politique, mailleur des intérêts contradictoires, sans être noyé dans la sphère “technico-politique” ?
Ces questions ont été introduites par le poète réunionnais Bernard Payet et par les témoignages de Philippe Battist, principal du collège de Saint-Joseph, Dominique Canter, militante associative, et Elysé Assani, élu de La Possession.

Propositions

37 propositions ont été capitalisées en fin de journée.
On retiendra en particulier :

o La poursuite ou l’engagement de grands chantiers :

- l’appui aux pratiques démocratiques dans l’Agenda 21 ;

- la réflexion globale sur la formation avec le Conseil régional ;

- les Comités d’usagers de Services publics (cantines scolaires, télévision) ;

- la coopération avec l’Association des maires (formation des élus, projets éducatifs locaux, Conseils de quartier).

o La coopération avec des acteurs locaux et fédérations associatives dans des quartiers expérimentaux, pour la promotion de débats démocratiques : “détaker la langue” autour d’ateliers d’écriture collective, de théâtre forum, de promotion d’un syndicalisme du cadre de vie, d’espaces pour les parents d’élèves, de formation à l’indépendance associative, de développement d’animateurs de débats, de revalorisation des CASE comme espaces démocratiques ; de méthode d’accouchement de communes à taille humaine.

o La création d’une agence fédérative de détection, de soutien et de diffusion (médias) des initiatives d’habitants en auto-organisation de base.
Cette agence se constituera progressivement, à partir des quartiers expérimentaux, favorisant les échanges internes à l’île et externes (Océan Indien) ;

- développant la méthodologie de diagnostics partagés de territoire ;

- aboutissant à la mise en place d’un observatoire critique des pratiques de démocratie locale ;

- mettant en valeur les bonnes opérations ;

- et démontrant les empêchements de tous ordres.

La conclusion la plus forte de ces 3èmes Rencontres a été de dire que le combat essentiel se situait dans la lutte contre l’ignorance, premiers pas de sortie de l’illettrisme et donc de citoyenneté de plein exercice.


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