La Maison des Civilisations à La Rivière des Galets

“Mamzèl Célia” honorée du titre “Zarboutan Nout Kiltir”

5 décembre 2006

Cela s’est passé la semaine dernière dans une petite case en bois sous tôles de La Rivière des Galets, nichée juste derrière la citerne “historique”, à la croisée des chemins qui a vu tant et tant de meetings syndicaux et rassemblements de travailleurs en lutte. Nous étions chez Mme Célia Jéhu, qui recevait ce matin-là le titre honorifique de “Zarboutan Nout Kiltir 2006”, un titre décerné chaque année par la Maison des Civilisations et de l’Unité Réunionnaise (MCUR) à des personnes ayant œuvré tout au long de leur vie pour la préservation, la transmission et l’enrichissement du patrimoine culturel vivant de La Réunion.

Après les grandes figures du maloya distinguées les 2 années précédentes, ce sont les “tisaneuses” qui ont été honorées cette année. Elles étaient au nombre de 7, mises à l’honneur à l’Hôtel de Région le samedi 4 novembre dernier, en présence du Président de Région Paul Vergès. Empêchée par un problème de santé, celle que tout le monde dans son village appelle avec respect “Mamzèl Célia” n’avait pu recevoir son titre. C’est donc chez elle que la cérémonie a eu lieu.

La MCUR était représentée par Carpanin Marimoutou et Eric Alendroit, la Région par Raymond Lauret, et le Maire du Port par Michel Séraphine. Un Michel Séraphine qui ne s’attendait pas à l’émotion qui allait l’étreindre quand soudain, Mamzèl Célia, en le reconnaissant, a fait revivre, d’une façon incroyablement nette, le souvenir de sa maman disparue, il y a un demi-siècle.

Entourée de sa petite-fille Brigitte, de quelques amies et d’habitants du Collectif de La Rivière des Galets, Mamzèl Célia a écouté avec grande attention les différentes interventions, dont celle de Carpanin Marimoutou, qui ne cachait pas son bonheur, dans ce cadre adapté, de vivre cet échange. Car échange il y a eu ! S’il a pu en effet mettre en valeur le savoir et les pratiques des “tisaneuses” réunionnaises, qui « plongent dans la longue histoire de l’île et la relient aux sociétés d’où nous sommes venus : Afrique, Asie, Europe, îles de l’océan Indien... », s’il a pu saluer le rôle social joué par les tisaneuses, soucieuses de soulager les maux de leurs semblables, « dans une relation de confiance et de solidarité », il a bien vite été “relayé” par une Mamzèl Célia en super forme, au regard pétillant et à la vivacité d’esprit étonnante, qui a illustré le propos du “professeur” par des exemples de sa propre vie, des recettes, des anecdotes, le tout ponctué de gestes expressifs et pleins d’humour.

Cela s’est donc passé la semaine dernière à La Rivière des Galets. Une cérémonie toute simple dans la petite case d’une vieille dame de 87 ans, dont l’étonnante jeunesse semble puiser sa source dans sa fidélité à la longue histoire de son village - Mamzèl Célia connaît tout le monde, elle est une archive vivante pour les férus de généalogie ! Tant il est vrai que la connaissance des plantes de notre île ne peut qu’aller de pair avec la connaissance, attentive et bienveillante, des hommes et des femmes qui y vivent.

Alain Dreneau


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