Le Port

Manifestation à Rico Carpaye

23 juillet 2004

Les habitants de la cité Rico Carpaye au Port ont manifesté hier leur ras-le-bol légitime devant la multiplication des actes de délinquance dont ils sont quotidiennement victimes. Ils ont demandé à la société d’aménagement propriétaire de leurs logements d’améliorer la sécurité des lieux.
La cité maritime n’a pas l’exclusivité de cette violence aveugle qui gangrène la société entière. En effet, comme le prouvent les récents chiffres sur la délinquance, au-delà des grandes concentrations urbaines, ce fléau gagne aujourd’hui même les coins les plus reculés de l’île. Le sentiment d’insécurité est partout.
On sait que cette violence antisociale - dont les couches populaires sont d’ailleurs les premières victimes - trouve notamment sa source dans le chômage massif des Réunionnais et dans son cortège d’exclusions (la plus forte violence qu’on peut imposer à une société). Mais cela ne change évidemment en rien la réalité du moment. Le sentiment d’insécurité est grandissant. Alors que faire ?
Se réfugier dans une politique du tout sécuritaire à la manière de Nicolas Sarkozy ? En dehors des effets médiatiques, celle-ci n’a eu pour résultat que d’aggraver une surpopulation carcérale qui fait des prisons françaises la honte de la République. S’il n’est pas non plus question de recourir à l’auto-défense qui serait la négation même de la société, alors cette manifestation des Portois de la cité Rico Carpaye peut exprimer - à mille lieux de toute résignation fataliste ou honteuse - cette volonté de se réapproprier son environnement immédiat, personnel et collectif.
Il s’agit de jouer tout simplement notre rôle de citoyens en étant vigilants sur ce que nous construisons ensemble. Et de lutter pour que l’État accomplisse le sien : mettre un frein à cette plaie du chômage et de la fracture sociale qui ronge dangereusement notre “vivre ensemble”.

J.-M. C.


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