Mariage annulé faute de virginité

2 juin 2008

Stupeur. On a appris ce jeudi que le tribunal de grande instance de Lille avait annulé un mariage début avril pour « erreur sur les qualités essentielles du conjoint » car l’épouse avait menti sur sa virginité. Alors que sa fiancée lui avait affirmé qu’elle était chaste, l’homme, musulman comme elle, avait découvert le soir de leurs noces, en 2006, qu’elle ne l’était pas.

La ministre de la Justice, Rachida Dati, approuve

Une condamnation unanime. Ou presque. Alors qu’au nom du droit des femmes, les féministes, associations antiracistes ou laïques et deux ministres ont dénoncé vendredi l’annulation par la justice d’un mariage motivée par le mensonge de l’épouse sur sa virginité, seule la ministre de la Justice, Rachida Dati, semblait vendredi admettre cette décision.

« La justice est là pour protéger. Le fait d’annuler un mariage est aussi un moyen de protéger la personne qui souhaite peut-être se défaire du mariage, parce que je pense que cette jeune fille (...) a souhaité également, sans doute, se séparer assez rapidement », a déclaré la garde des Sceaux.

« Fatwa contre l’émancipation des femmes »

Un point de vue que ne partage pas Fadéla Amara, secrétaire d’Etat à la politique de la ville. L’ancienne présidente de Ni putes ni soumises a évoqué une « fatwa contre l’émancipation des femmes ». « J’ai cru que l’on parlait d’un verdict rendu à Kandahar. »

Samedi, Nadine Morano a également contredit Rachida Dati. Pour la secrétaire d’Etat à la Famille, puisque la jeune fille n’avait pas osé dire qu’elle n’était plus vierge, elle a plutôt été « contrainte » de voir son mariage annulé. Plus largement, Nadine Morano estime que cette décision du tribunal de Lille pousse à réfléchir à la notion de « qualité essentielle de la personne ». « Est-ce qu’il faut légiférer en disant : sur les qualités essentielles de la personne, on ne peut pas inclure la virginité tout simplement parce qu’on voit bien que ça crée une inégalité hommes-femmes ? », s’est-elle interrogée sur RTL.

De gauche à droite, les partis se sont émus d’une décision rendue par un juge de Lille, jugée « scandaleuse » pour le PCF, « atterrante » pour le PS, et « remettant en cause l’égalité hommes-femmes »(UMP).

« Contraire à l’esprit de laïcité »

« Il existe en France, au XXIe siècle, des juges pour considérer que la virginité (des femmes évidemment !) est une “qualité essentielle”, on a vraiment peine à le croire », a réagi le Collectif national pour le droit des femmes (CNDF) en fustigeant « les intégristes de tous poils ».
La Ligue des droits de l’Homme juge la décision « discriminatoire » à l’égard des femmes, tandis que le médiateur de la République Jean-Paul Delevoye la voit « contraire à l’esprit de la laïcité ».


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Messages

  • "Que dit l’époux, lorsqu’il met en oeuvre une action en justice par volonté de faire constater que la jeune épousée n’est pas vierge, et en obtenir l’annulation du mariage ? Il dit : "Je ne suis pas prêt à respecter cette femme dans son intégrité, puisque je la réclame pour moi seul, c’est que je conçois qu’elle m’appartient, que je me refuse à être uni à une personne dans le respect de ce qu’elle soit Autre, avec sa part de vie et de mystère, que rien ne doit m’échapper de cet être qui ainsi est vouée à se soumettre au dictat de ma prédominance... et dont j’exige qu’elle me soit transparente, et à moi seul. Je suis son juge... "
    et il en réfère au Juge pour valider qu’il est bien dominant. Parce qu’on est en République démocratique. Il n’a pas le pouvoir ni de la répudier ni de la lapider de son propre chef... déjà donc, le destin de cette femme lui échappe en propre...
    Que répond le Juge ? une paradoxe apparent : "Effectivement, ça a mal démarré, et par un mensonge d’une jeune femme face à une exigence de soumission à la domination d’autrui, mari, familles, et bien, cette citoyenne de la République Française, la République a devoir de la protéger..." et donc rétablir cette femme dans ses droits de personne à être responsable de son corps, de sa parole : le mensonge pour soumission à un dictat doit être reconnu afin d’affirmer le menteur dans ses droits de personne, face à un accusateur qui voulait jouir de se l’approprier."
    Et rétablir le menteur dans ses droits et ses devoir de personne, par la loi, énoncés par les juges, c’est sonner le tocsin du dictat de ces hommes et de ces familles qui exigent leur soumission : Non ! jeune femme, tu n’as pas le droit de te mépriser et de te ravaler à moins que rien, en te soumettant toi et ton corps, ton corps et toi, à la toute puissance d’autrui, en t’exposant par un mensonge de toi-même à n’être rien, rien pour l’avenir, rien que la chose de ton mari. La loi ne le permet pas ; que toute jeune femme se le tienne pour dit." et même par amour...surtout par amour...
    Par ailleurs, il n’est pas exclu qu’il faille continuer d’aider certaines de ces jeunes femmes, après le jugement... comme on le fait après que d’autres aient vécu des abus, au sein de la famille notamment... et n’est-ce pas là où Mesdames Badinter, Bouzar et autre lamentateur devrait se lever, et soutenir la voix de la loi ? C’est là où ces jeunes femmes les attendent, sur l’abus, le mensonge à soi-même, la tromperie de soi-même, la soumission à autrui...
    pas sur la "soumission" à la loi réaffirmée par les juges. Ni sur le thème de l’humiliation de la jeune femme... de voir son mariage annulé... car les faits sont ceux-ci : pour cause de violence sur soi à avoir à mentir ainsi pour engager sa vie... sa vie entière, Mme Badinter, vous n’y êtes pas...
    Que ce soit le mari qui soit en situation de porter plainte, ne change rien au fait que ce soit les femmes qui aient besoin que la loi leur rappelle qu’elles ne peuvent disposer de leur vérité pour en faire un semblant exposé au coup de pieds du mari, leur rappelle qu’elles ne sont pas l’honneur ou le déshonneur de la famille de l’époux. Que le drame n’est pas plus dans l’annulation de leur mariage, qu’il tienne dans la valeur de l’honneur de la famille et de son représentant viril en la personne du fils-époux. Quel destin voudra-t-elle pour ses filles ET ses fils, cette jeune femme là, à les engendrer dans cette famille-là ?

  • Cette histoire de virginité empoisonne tout le monde et aussi les intéressés eux-mêmes.Que faut-il faire dans ce cas précis ? Logiquement, chacun est responsable de ses actes et les assument entièrement en toutes circonstances oui mais pour quel résultat. Dans certaines épreuves comme dans toutes autres choses, il faut parfois faire preuve de sagesse ( mais est-ce raisonnable ) et gagner la philosophie.
    Messieurs les Censeurs, souvenez-vous que : Juger, c’est comprendre et Comprendre, c’est renoncer à juger


Témoignages - 80e année


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